Une vie traversée comme un film d’action

mar, 20. mar. 2018
En 1963, Hugo Corpataux tourne Une fleur dans l’élevage alpin. Le Singinois a réalisé plusieurs films, centrés sur l’histoire de la région. Plus tard, il a été très actif en tant que distributeur et producteur. RENÉ BERSIER

PAR DOMINIQUE MEYLAN

Quand Hugo Corpataux parle, l’auditeur se trouve plongé en des temps où le cinéma faisait tout juste son apparition dans les campagnes fribourgeoises. En plein Festival international de films de Fribourg (FIFF), la Bibliothèque cantonale et universitaire consacre une exposition à ce Fribourgeois, touche-à-tout du septième art.

Agé de 93 ans, Hugo Corpataux est toujours aussi prolixe sur sa passion, même si parfois ses souvenirs se mélangent. D’abord projectionniste ambulant, puis distributeur, vendeur de matériel de cinéma, réalisateur, producteur ou encore exploitant de la salle Studio sur Pérolles, il a traversé sa «vie comme un film d’action», souligne Silvia Zehnder-Jörg, responsable des activités culturelles à la BCU.

«C’est une mémoire vivante du cinéma fribourgeois, le témoin d’une époque et d’une société qui a changé», poursuitelle. L’exposition commence par une partie biographique avec des photos personnelles. Deux rideaux rouges rappellent l’atmosphère des anciennes salles de cinéma. «J’aurais dû être postier comme mon père. J’étais l’aîné de neuf enfants. Mais je n’aimais pas coller les timbres», raconte Hugo Corpataux.

Des chaises et un drap

Il commence par projeter des films dans des restaurants en Haute-Singine. «Ma mère m’avait prêté un drap», se souvient-il. Ces projections rencontrent beaucoup de succès et attirent des curieux loin à la ronde. L’exposition reconstitue l’installation, avec un vieux projecteur, des chaises de bistrot et un drap tendu sur un mur.

Hugo Corpataux a également tourné quelques films, notamment une production présentée à la journée fribourgeoise de l’Exposition nationale de 1964 à Lausanne. Ses réalisations se concentrent sur de grandes fêtes populaires, des cortèges et des processions. Elles témoignent de l’histoire de la région.

L’activité d’Hugo Corpataux ne s’est pas arrêtée là. Il a également travaillé comme programmateur, après avoir ouvert le cinéma Studio à Fribourg dans les années 1960. A cette époque, les films étaient envoyés sans matériel promotionnel. Le Singinois avait donc mandaté un artiste fribourgeois pour peindre des affiches, dont certaines sont exposées à la BCU.

Un peu plus loin, une table de montage, encore en état de fonctionner, rappelle qu’Hugo Corpataux a vendu du matériel de cinéma. En tant que producteur, il a collaboré avec plusieurs réalisateurs fribourgeois et pas des moindres. Des extraits de film sont visibles à la BCU. Une discussion réunira le 11 avril René Bersier, Mario Cortesi, Dominique de Rivaz et Jacqueline Surchat. Hugo Corpataux se réjouit de revoir ces réalisateurs, «venus spécialement de Paris et de Berlin». Il était également professionnellement proche de la cinéaste Jacqueline Veuve, décédée en 2013.

Nombreuses personnalités

En tant que distributeur avec la création des sociétés Cortux-Film SA puis Selecta-Film, Hugo Corpataux a côtoyé des personnalités, à l’instar du réalisateur et acteur Roger Vadim ou du pape Jean Paul II. Il parle encore de Brigitte Bardot, comme s’il l’avait vue la veille. Il a reçu un oscar fran- çais pour son travail de promotion des films de l’Hexagone en Suisse.

Hugo Corpataux a également participé aux débuts du FIFF, puisqu’il a hébergé dans les années 1990 l’équipe du festival dans ses locaux. Il a fait partie du comité exécutif et a intégré le jury international à deux reprises. Il reste toujours passionné de cinéma et continue à voir régulièrement des films. ■

Bibliothèque cantonale et universitaire, Fribourg, du 16 mars au 25 mai. Table ronde le 11 avril à 18 h 30

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