A Gruyères, Diderot Education nourrit de grandes ambitions

mar, 01. mai. 2018
Le nouveau directeur Mark Silverstein et Anne Butty Revaz, directrice sur le départ, entourent Aldrick Allal, nouveau propriétaire de l’Institut La Gruyère. JESSICA GENOUD

PAR JEAN GODEL

C’est confirmé: comme l’annonçait La Gruyère de jeudi, c’est le groupe français Diderot Education, basé à Montpellier, qui va acquérir l’Institut La Gruyère (ILG), fondé par la famille Butty en 1949 et en grande difficulté depuis deux ans (nos éditions des 22 et 31 mars). Le président fondateur de Diderot Education, Aldrick Allal, 43 ans, l’a confirmé hier en conférence de presse à Gruyères, au côté d’Anne Butty Revaz, directrice de l’ILG sur le départ.

Concrètement, un protocole réglant les détails de la transaction a été signé hier. Le montant du rachat reste confidentiel. La conclusion de la vente interviendra, elle, dans les prochaines semaines, après le feu vert des banques – qui l’auraient déjà donné par oral à Aldrick Allal – et l’aval des autorités suisses sur la question de l’acquisition d’immeubles par des étrangers.

La société familiale des fondateurs cessera d’exister au 30 juin et, le 1er juillet, une nouvelle société – suisse – sera créée par Diderot Education. C’est elle qui reprendra l’institut dont elle gardera le nom. «Et surtout l’identité», promet son nouveau propriétaire.

L’entrepreneur de l’éducation – son groupe est dans le top ten des écoles privées en France – l’assure: l’Institut La Gruyère poursuivra ses activités sans interruption et le cours d’été est maintenu. C’est un binôme qui en reprendra les rênes. La direction générale sera confiée au Suisse Mark Silverstein, passé par l’Aiglon College de Villars et actuellement à l’Institut Florimont, à Genève. Tanguy d’Orléans reprendra, lui, la direction opérationnelle. Il a déjà animé plusieurs camps d’été à l’ILG et a, entre autres, œuvré au sein de la Seiji Ozawa International Academy Switzerland, à Rolle. Anne Butty Revaz accompagnera la transition avant de s’éclipser.

Aldrick Allal doit maintenant recruter une quarantaine de personnes pour 30 EPT. Il rencontrait hier soir les professeurs restants qu’il pourrait éventuellement réengager. «Mais il faut aussi se renouveler. Une page est tournée, il y a une défaite à acter.» Il lance donc un appel tout en annon- çant la couleur: «Je suis extrêmement exigeant sur la pédagogie, et donc très dur avec les professeurs.»

La pédagogie de ses établissements, Aldrick Allal la voit à l’anglo-saxonne: active – les élèves reçoivent les enseignements à l’avance pour s’en nourrir– et différenciée, pour tenir compte de leurs différents rythmes de développement: «Notre programme est pensé pour faire d’eux des femmes et des hommes libres.»

Essor international

Après avoir récemment acquis l’école Tersac, un internat prestigieux fondé en 1964 en Aquitaine qu’il entend développer en France, Diderot Education se développe à l’international en commençant par Gruyères, attiré par la réputation des internats et des écoles privées suisses. A l’ILG, la pédagogie sera celle de Diderot Education, mais le cursus sera suisse: école secondaire I et II, maturité fédérale et baccalauréat français. Ses responsables visent aussi le baccalauréat international, très prisé par la clientèle étrangère. Aldrick Allal prévoit d’y accueillir 70 étudiants internes et 50 externes
– une vingtaine d’élèves actuels prévoient de rester l’an prochain. Il investira aussi environ un million de francs pour rafraîchir les bâtiments.

Comment fera-t-il pour attirer autant d’élèves? «Nous devons analyser les raisons de l’échec de l’Institut La Gruyère et y remédier. Mais Anne Butty Revaz était toute seule et a fait tant bien que mal, sans exploiter toutes les possibilités des réseaux sociaux et de l’internet», lâche le quadragénaire au franc-parler décomplexé. Lui se prévaut de 15 000 visiteurs quotidiens sur ses sites, lesquels mettront l’ILG en avant.

A Roissy et Paris-Orly

Un important effort de communication sera aussi fait, avec des grandes affiches au nom de l’Institut La Gruyère tout bientôt dans les aéroports parisiens de Roissy et Orly. Quant à Mark Silverstein, il ira à la rencontre des agents internationaux auxquels il fera l’article sur la marque ILG. Une visibilité maximale qui devrait aussi séduire la clientèle suisse et locale, parie Aldrick Allal.

Car le créneau qu’il vise à Gruyères est double. International et élitiste, d’abord. «Pas pour faire de l’élitisme, mais pour transformer les jeunes, les pousser au maximum de leurs capacités, ce que j’appelle l’excellence.» Local ensuite, «pour les gens d’ici qui veulent quelque chose d’autre».

Une solution idéale

Cette assurance et cette fougue, deux marques de fabrique d’Aldrick Allal, ont d’abord déconcerté Anne Butty Revaz à qui le jeune patron a envoyé un simple mail le 1er avril, à la lecture des articles de LaGruyère. Elle a mis huit jours pour lui répondre. Le 11, il débarquait à Gruyères pour se décider le lendemain. «Sur un coup de foudre…» «C’est une histoire incroyable», lâche Anne Butty Revaz, visiblement marquée par les épreuves, mais aussi soulagée de ce dénouement inespéré. «Sans Diderot Education, l’école fermait le 30 juin. Je rêvais que l’institut demeure une école. Cette solution est idéale.»

Venu hier en voisin, le syndic Jean-Pierre Doutaz, qui faisait connaissance avec la nouvelle équipe en même temps que la presse, s’est dit très heureux. «J’espère que votre projet est crédible… Mais quand je vois votre enthousiasme, je ne peux que vous souhaiter la bienvenue.» L’édile n’a pas manqué de remercier la directrice sortante pour son dévouement durant ces épreuves.

Conscients des liens étroits qui lient la cité à la famille Butty, Aldrick Allal et Mark Silverstein ont promis de célébrer les 70 ans de l’Institut La Gruyère, en juin 2019. ■

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