«Le Ranz des vaches tournait en boucle dans ma tête»

mar, 10. jui. 2018

PAR MARTINE LEISER

TÉNORS 6/11. Il est touchant, Sylvain Egger. Un gaillard de trente ans spontané et souriant, qui n’aime pas se mettre en avant. «C’est une grande année», confie-t-il. Sa femme, Marie-Anne, attend leur premier enfant pour le mois de décembre. Et, pour pimenter le tout, il a été sélectionné comme l’un des onze solistes de la Fête des vignerons. Ce vendeur livreur de Vuadens, qui travaille chez un grossiste en fromages, raconte cette aventure musicale, en disant combien il s’est senti soutenu par son entourage: «Il y a même des gens du village qui m’arrêtent dans la rue pour me féliciter et m’encourager. C’est incroyable!»

Sabrer le Rimuss

Il revient sur cette soirée où il a reçu le courrier officiel, lui ouvrant grand les portes de la Fête: «La lettre n’était pas encore ouverte, j’avais plein de doutes, mais ma femme était persuadée que c’était bon. Comme elle est enceinte, elle m’a accueilli à la maison avec une bouteille de Rimuss. Un sacré moment!»

Le Ranz des vaches, il se souvient l’avoir entendu pour la première fois chez sa grand-mère, dans la ferme familiale de Vuadens. Il avait douze ans. «Elle écoutait une cassette de Bernard Romanens et j’ai trouvé ça très beau. Mais quand même, jamais je n’aurais imaginé l’interpréter un jour devant 20 000 spectateurs! Mon grand-père, qui était paysan, serait fier.»

Il ne s’arrête jamais

Sylvain Egger aime chanter. Dans son appartement, sous la douche, dans sa voiture et en hiver, sur les pistes de ski, jamais il ne loupe une occasion. Finalement, on devrait plutôt lui demander quand il ne chante pas! «Avant les auditions, le Ranzdes vaches tournait en boucle dans ma tête, jour et nuit. Je l’ai chanté au moins trois cents fois pour être au point! Et ma femme, qui aurait dû en avoir marre, m’a encouragé…»

Il parle également de son copain Kevin Uldry, autre soliste de la Fête des vignerons, qui l’a motivé à s’inscrire aux auditions, en lui disant qu’il avait ses chances. «Après le premier tour, je ne me faisais pas trop d’illusions, car j’étais un peu stressé. Au deuxième rendez-vous, c’était encore pire. Je suis une personne qui a le trac, un gros trac, mais une fois lancé, tout va bien. C’est comme si j’étais seul.»

La petite tape

Le jeune homme se livre avec franchise et humour, tout en énumérant les morceaux qu’il a coutume d’interpréter: «Ils vont en avoir marre, les lecteurs, en découvrant que je chante toujours le même répertoire!» Celui de l’abbé Bovet lui tient à cœur, et particulièrement le Lyoba, entonné le jour de son mariage. Il reconnaît aussi qu’il fredonne plus de mélodies traditionnelles «que du Francis Cabrel».

Il parle également du Chœur des armaillis de la Gruyère, qu’il a rejoint en 2009 et qu’il considère comme une grande famille. «On peut compter les uns sur les autres, on s’encourage et avant d’entamer un solo, on se donne une petite tape qui dit: Vas-y, tout va bien se passer! Ces liens d’amitié, c’est vraiment ce qui me touche le plus.» Sylvain Egger y a trouvé sa place et une raison de chanter, même la nuit, dans la salle de bain.

L’aventure a pourtant débuté un peu par hasard. «C’était en 2009, lors d’un banquet pour une fête de tir. Je me suis retrouvé sur scène, poussé par mes copains. Et j’ai interprété une chanson a capella, que m’avait apprise ma maman pour le 1er Mai, Mille Colombes. Dans la salle, il y avait Jacqui Tercier, membre du Chœur des armaillis de la Gruyère. Et lorsque j’ai terminé mon solo, il est venu vers moi et m’a dit: “Il faut que tu viennes jeudi prochain à notre répétition!”» C’est ainsi que tout a commencé.

Le billet doux

Parmi ses autres expériences musicales, il mentionne le chœur mixte de Vuadens, où il a fait un passage de six mois, en 2007. Avant de rejoindre, de 2012 à 2016, la Chanson du pays de Gruyère. Puis c’est avec un enthousiasme évident qu’il revient sur le Chœur des armaillis de la Gruyère. «Il faudrait vraiment que j’aie la tête à l’envers pour manquer une seule répétition.»

Dans la poche de son bredzon, taillé pour la scène, il avoue avoir conservé un message de sa femme. «C’était pour mon premier solo. Un billet doux qu’elle m’avait glissé dans la poche. Il est toujours à sa place et, tel un porte-bonheur, il m’accompagnera à la Fête des vignerons.» C’est aussi un premier rendez-vous pour Sylvain Egger, qui n’a jamais assisté à ces festivités. «Je m’attends à quelque chose de magique. Et plus tard, je pourrai dire à mes enfants tout ce que j’y ai vécu. Ce sera une super histoire à raconter.» ■


Du tac au tac

Quel air fredonnez-vous sous la douche?
Rêver, de l’abbé Bovet. Je m’entraîne depuis quelques mois et comme je ne suis toujours pas satisfait, je répète le couplet que je dois interpréter en solo, aux Armaillis de la Gruyère.

Y a-t-il une chanson un peu honteuse que vous chantez parfois?
Oh oui! C’est une chanson paillarde, Les petits pois. On me demande souvent de la chanter, surtout en fin de soirée!

Votre plus beau souvenir d’alpage?
J’ai passé plusieurs saisons au chalet des Morteys, comme garçon de chalet, avec Bruno Gachet. C’est un monde assez dur, mais j’ai adoré!

La montagne que vous aimez gravir?
Le Moléson. Si je dois grimper à quelque part, c’est là plutôt qu’ailleurs.

Qui aimeriez-vous enchanter?

Le plus de monde possible! Mais là, je pense à la Fête des vignerons.

Avant d’entrer dans l’arène, bière ou thé au miel?
Thé au miel. D’ailleurs, j’en bois tout le temps, c’est mon remède lorsque je n’ai pas trop de voix. Après le concert, c’est la bière.

La dernière fois que vous êtes allé à Vevey?
J’y vais chaque jeudi pour livrer des fromages. La fromagerie se trouve juste à côté de la place du Marché, où se déroulera la Fête. C’est incroyable, non ? ML

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