Barrer les pages de l’agenda

| mar, 10. jui. 2018

Cet été, des personnalités de la région parlent de leurs vacances, de leurs habitudes, de leurs souvenirs… Début de la série avec Isabelle Raboud-Schüle, directrice du Musée gruérien.

 

Par Eric Bulliard

 

Que vous inspire le mot vacances?
Les pages barrées dans l’agenda. Ce qui change le plus par rapport au quotidien, c’est que l’on n’est plus disponible pour rien ni pour personne. L’idée du voyage, c’est une deuxième chose. Souvent, mon mari prend les devants, parce qu’il dit: «Si on ne décide pas, on ne partira jamais…»
Le choix se fait assez facilement. Il y a par exemple des choses que nous avons envie de faire depuis longtemps: c’était le cas, il y a quelques années, pour un séjour au Japon. Cette année, nous allons au Canada, pour une réunion de famille. Et l’année prochaine, nous ne partirons pas: ce sera Vevey et la Fête des vignerons.

Avez-vous des lieux de vacances de prédilection?
En famille, ça nous a toujours valu beaucoup de discussions, parce que les enfants disaient: «Vous voulez toujours aller dans le Nord!» Notre fille aurait aimé aller au Sud, mais mon mari et moi aimons peu la chaleur. Le Nord, c’est aussi parce que j’aime les lumières des longues soirées d’été.

Enfant, aviez-vous des vacances types?
Mes parents ne prenaient quasiment jamais de vacances. Comme nous étions quatre enfants, deux allaient chez la tante à Zurich, deux chez des amis de mes parents à Bienne et, l’année suivante, on alternait. Ce qui m’a permis d’apprendre un peu le suisse allemand.
Notre tante à Zurich était très urbaine: pour elle, ses neveux valaisans étaient des Feldshühner, des  poules rupestres! On allait en ville faire du Stägelifahrer, c’est-à-dire de l’escalier roulant dans les grands magasins. Pour nous, à 7 ou 8 ans, c’était un parc d’attractions incroyable! Et on allait nager dans le lac.
A Bienne, c’était plutôt manger des cerises et planter des fleurs, dans un milieu assez différent du nôtre en Va-
lais. Dans mes souvenirs d’enfant, il y a aussi les camps scouts. Mes parents n’étaient pas sportifs du tout et c’est par ces camps que nous avons appris à faire de la randonnée, des grillades…

Et ensuite, à l’âge adulte?
En tant que mère de famille, nous avons fait des échanges de maisons, qui nous ont permis de vivre des choses extraordinaires. La première fois que nous sommes allés au Canada, c’était par ce biais. En Islande, aussi. Comme vous échangez maison et voiture, se retrouver à rouler avec des plaques islandaises, alors que vous ne comprenez pas un mot, c’est des souvenirs incroyables…

Y a-t-il d’autres vacances qui vont ont marquée?
Mon mari a de la famille au Brésil et nous y avons aussi passé du temps deux fois. Ce qui me marque, peut-être par déformation d’ethnologue, ce sont les choses banales de la vie, comment on fait à manger, comment on fait ses courses… Nous avons effectué assez peu de voyages typiquement touristiques. Je n’ai par exemple jamais mis les pieds dans un parc d’attractions.
Dans des temps plus courts, nous sommes aussi beaucoup allés dans des villes, Rome, Paris, Londres, Madrid, Munich, Prague, Copenhague… Quand on vit dans un petit pays comme la Suisse, elles sont des parcs d’attractions à ciel ouvert.

Ces voyages sont-ils aussi l’occasion d’approfondir vos connaissances professionnelles?
Forcément, on va toujours dans les musées, voir comment c’est fait. J’aime l’approche qu’ont les Canadiens: leurs musées ne se contentent pas de montrer des objets dans une approche folklorisante, ils rendent perceptibles les questions de civilisation. Il y a vingt ans, cette façon de voir était pionnière. Maintenant que, en Europe, nous avons tous suivi, je me réjouis de voir ce qu’ils font.
J’ai aussi toujours aimé regarder les paysages d’en haut, peut-être parce que je suis née en Valais à 1500 mètres d’altitude. Ma famille en rit, mais je peux passer pas mal de temps à essayer de comprendre ce qu’on y voit, les traces agricoles, du transport, de la vie des gens.
J’essaie aussi de prendre un dictionnaire ou un petit livre pour apprendre quelques mots de la langue du pays. Au Japon, c’était peine perdue! C’est une expérience d’aller dans un pays où on ne peut rien compren-dre… et se rendre compte que ça peut très bien marcher.
En Islande, j’ai trouvé la culture autour des bains fabuleuse. Vous allez dans un bain public perdu, un trou avec une source d’eau chaude et vous êtes les bienvenus, c’est un peu l’ambiance des bistrots chez nous, où les gens causent.
Mais en réalité, je ne suis pas plus ethnologue que d’autres: même quand on croit qu’on voyage plus intelligemment, on est des touristes de masse comme tout le monde! Ce n’est pas parce qu’on ne passe pas huit heures par jour sous un parasol à lire des romans de gare qu’on est plus malins.

Passez-vous aussi des vacances en Suisse?
Oui, souvent. Nous avons suivi plusieurs itinéraires de marche, comme la descente du Gothard jusqu’à la frontière italienne. Ou Berne - Lucerne en une semaine. En train, ça prend une heure et demie, là, vous mettez une semaine, vous regardez différemment, j’aime beaucoup ça. Marcher sur un chemin que l’on ne connaît pas, qui est toujours nouveau, vous ouvre le regard.

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Du tac au tac

Y a-t-il une couleur qui vous rappelle les vacances?
Les ciels clairs des très longues soirées d’été.

Une odeur?
Il y en a une que j’aurais toujours aimé retrouver: je garde un souvenir extrêmement fort du maquis corse.

Un son?
J’ai mis beaucoup de temps à me défaire du bruit de Londres, j’avais l’impression que
des bus me traversaient la tête. Et le Brésil, où il y a du bruit partout, tout le temps: de la musique, des gens qui parlent, des coups de feu parfois… Ce bruit de la vie est extraordinaire. Quand on rentre après un mois, on se dit: «Qu’est-ce qui se passe ici, ils sont tous morts?»

Complétez la phrase: les vacances, c’est le moment idéal pour…
… être soi.

Y a-t-il une destination que vous éviteriez à tout prix?
Disneyland.

Qu’est-ce que vous vous autorisez en vacances que vous ne faites pas le reste de l’année?
M’habiller encore plus mal que d’habitude! Mettre des fringues que j’aime bien, mais qui ne sont plus mettables dans la vie professionnelle. Je m’offre ce plaisir en vacances!

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