«Une lutte à couteaux tirés désormais!»

| mar, 09. oct. 2018

 

Par Yann Guerchanik

Nouveau rebondissement dans l’affaire Clos Fleuri. La FOPIS se dit exclue des négociations par la Fondation qui vient de saisir le médiateur cantonal.

CLOS FLEURI. La tension vient de monter d’un cran dans l’affaire Clos Fleuri. Lundi matin, la Fédération des organisations du personnel des institutions sociales fribourgeoises (FOPIS) a tapé une nouvelle fois du poing sur la table. Devant la presse, son secrétaire général suppléant Bernard Fragnière a révélé les derniers agissements de la Fondation Clos Fleuri. «Des manœuvres pour tenter d’exclure non seulement les représentants du personnel, mais également la Direction de la santé et des affaires sociales (DSAS) du processus de régularisation des problèmes.»

La Fondation Clos Fleuri vient en effet de saisir le médiateur cantonal. «Alors que nous voulions nous entretenir prochainement avec la DSAS, cette dernière nous dit qu’elle ne pouvait plus répondre à nos sollicitations.» Pour Bernard Fragnière, c’est simple: «La Fondation a neutralisé la DSAS pour lui interdire de mettre son nez dans ses affaires. Ça dénote le culot démesuré de l’institution.»

Dans le même temps, la direction de Clos Fleuri «a invité le personnel à une séance d’information sur la constitution d’une commission du personnel», dénonce sèchement la FOPIS. «Vous êtes en conflit ouvert avec votre chef et c’est lui qui vient vous dire comment vous organiser pour négocier une solution! C’est digne d’une scène kafkaïenne.»

En résumé, «la Fondation a décidé d’une stratégie d’obstruction à la résolution des problèmes qui gangrènent une institution devenue aujourd’hui un bateau ivre.» Et Bernard Fragnière de relever que Clos Fleuri «est soutenu à hauteur de 90% par l’Etat». «Or, la Fondation continue à agir comme si elle était PDG de Clos Fleuri.»

Nouvelles actions envisagées

La FOPIS évalue de nouvelles actions. «Nous allons nous lancer dans une lutte à couteaux tirés», gronde Bernard Fragnière. Plus question de collaborer avec l’institution dans de telles conditions. Des démarches d’un autre type sont envisagées. Notamment la saisie de l’Autorité de surveillance des fondations, une dénonciation à l’Inspectorat du travail ou encore la saisie de l’Office cantonal de conciliation pour les conflits de travail. La FOPIS compte encore réunir le personnel et le soutenir dans les démarches qu’il souhaite mener. Lundi matin, le mot «grève» était énoncé comme une possibilité.

Pour rappel, la FOPIS dénonçait en décembre dernier des dysfonctionnements et des pressions sur les employés de Clos Fleuri et les personnes en situation de handicap dont elle a la charge. Des griefs repris par des membres du personnel ainsi que des parents de résidents (LaGruyère du 21 décembre). Il était question d’un environnement de travail délétère, «une véritable dictature», se désolait un collaborateur en larmes. D’autres dénonçaient encore des cas de «mobbing», de «burnout», d’«angoisse».

La DSAS avait alors pris la mesure de la gravité de l’affaire et mandaté une enquête. En juin dernier, cette dernière concluait que la prise en charge des personnes en situation de handicap était «très bonne», mais qu’il existait «un malaise au sein du personnel, essentiellement dans les ateliers et les résidences». Le management était remis en cause, plus spécifiquement «le manque de concertation, la rigidité des règles et procédures ou encore la façon de traiter les erreurs et manquements mineurs».

Dès lors, la DSAS a entrepris de piloter la restauration de la confiance, en supervisant, entre autres, la création d’une commission du personnel et la mise en place d’un coaching de la direction. Ces démarches avaient été acceptées par la FOPIS, qui se montrait néanmoins sceptique quant aux chances de succès. Depuis, Bernard Fragnière reconnaît un «adoucissement» en ce qui concerne la pression subie par le personnel. «La situation reste néanmoins inquiétante et elle pourrait le devenir plus encore.» Lundi à la conférence de presse, un proche de résident témoignait une nouvelle fois des pratiques endurées par le personnel. Et celui-ci de se demander «combien de temps vont-ils encore pouvoir tenir?»

YANN GUERCHANIK


Deux offres refusées par la DSAS

Claudia Lauper, la secrétaire générale adjointe de la DSAS, réagit: «A la suite des conclusions de l’audit, nous avons accepté de financer un mandat externe visant à améliorer le management de Clos Fleuri. Dans ce mandat, un processus participatif impliquant le personnel doit être garanti. Or, la Fondation Clos Fleuri a retenu deux offres qui ne remplissaient pas cette exigence. La DSAS les a donc refusées. La Fondation a saisi le médiateur cantonal à ce sujet. Quoi qu’il en soit, cela a pour conséquence de retarder l’avancement du dossier.» Claudia Lauper ajoute par ailleurs que, «en ce qui concerne les autres recommandations de l’audit, la DSAS réunira prochainement des représentants du conseil de fondation et de la FOPIS pour essayer de renouer le dialogue».

Quant à la présidente du conseil de fondation de Clos Fleuri Elisabeth Dunand, elle ignorait la tenue d’une conférence de presse par la FOPIS ce lundi: «Nous allons répondre de manière claire et circonstanciée aux questions ces prochains jours.» A propos du directeur Charles Butty, elle affirme qu’il «a toujours la pleine et entière confiance du conseil de fondation». YG

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