Avec Banksy, au moins on sait

Commentaire

Art contemporain. L’histoire dira si cette farce retentissante restera aussi fameuse que le canular de l’âne Lolo ou que la Merde d’artiste de Piero Manzoni. Ou que les machines autodestructrices de Tinguely, puisque, samedi chez Sotheby’s, c’est plutôt dans cette lignée que s’est placé Banksy: à peine adjugée pour plus d’un million de livres, une de ses œuvres s’est détruite, en passant à travers une broyeuse à papier dissimulée dans le cadre. Le graffeur anglais réussissait là un nouveau coup qu’il faut bien qualifier de génie: d’un côté, il renouvelle ses criti-ques envers le marché de l’art, de l’autre, il transforme en happening une version de son dessin le plus célèbre, cette Petite fille au ballon qu’un sondage de 2017 a consacrée comme l’œuvre d’art britannique la plus appréciée des Anglais. Devant Constable et Turner. Banksy était-il conscient que l’œuvre, sous cette nouvelle forme partiellement détruite, prendrait encore plus de valeur, comme témoin d’une performance artistique qui pourrait devenir légendaire? Si oui, il ajoute à son talent le cynisme. Si non, de la naïveté, notion fort éloignée de ce maître du street art, qui a fait de son anonymat une marque de fabrique et un atout marketing.
L’artiste de Bristol (on ne sait pas grand-chose d’autre de lui) ne fascine pas seulement par son œuvre ironique, engagée et drôlement intelligente, mais aussi par le mystère qui l’entoure comme une aura. Anonyme et roi de la com: aucune contradiction dans ces deux termes, juste l’assurance de pouvoir transporter à son époque la vieille tradition de l’irrévérence envers les soi-disant spécialis-tes. Pour nombre d’artistes contemporains, la question reste posée, alors que pour Banksy, au moins, on le sait: il se moque du monde et ça fait un bien fou. Eric Bulliard

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