Le bâtisseur Roger Pasquier s’est éteint

sam, 20. oct. 2018

Roger Pasquier est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi. Toujours à la recherche de nouveaux défis, il avait dirigé durant près de quarante ans l’entreprise Jean Pasquier & Fils.

Par VALENTIN CASTELLA

HOMMAGE. Un bâtisseur, un visionnaire et quelqu’un de très humble. C’est en ces termes que beaucoup se souviendront de Roger Pasquier. Agé de 92 ans, le citoyen du Pâquier s’est éteint dans la nuit de mercredi à jeudi.

Né en 1926, Roger Pasquier a dirigé durant presque quatre décennies l’entreprise Jean Pasquier & Fils (JPF) qu’avait créée son père, Jean. A son arrivée à la tête de JPF, la société comptait 120 employés. Aujourd’hui, la holding est formée de près de 800 personnes. Avec ses deux frères et sa sœur, il a développé l’héritage familial. Aîné, il a pris les rênes pour ne plus jamais les lâcher. A 90 ans, le Gruérien se rendait encore dans les murs de son entreprise. «Il était présent pour donner des conseils, sans jamais les imposer», se souvient son fils Laurent Pasquier, à la tête aujourd’hui de JPF Gravières SA. De son premier chantier en tant que responsable en 1948 à ces jours, il ne s’est jamais défait de son costume d’entrepreneur. «Il lui fallait toujours un petit coin pour dessiner des croquis», décrit son fils Jacques Pasquier, directeur général du groupe JPF.

Lors de son accession au poste de directeur, la société était active dans le bois. Dans les années soixante, le patron s’est également orienté vers le génie civil. «Il avait compris que la matière première était indispensable, explique Jacques Pasquier. Il a dépensé beaucoup d’énergie pour parvenir à exploiter les gravières de manière moins artisanale.»

Autre événement important: la confection de deux tronçons de l’autoroute Vevey-Fribourg-Berne, en 1967 et 1968. «Il a eu l’audace de se positionner en tant qu’entrepreneur et de se mettre sur les rangs pour la construction de grands travaux, reprend Jacques Pasquier. C’est grâce à cette vision que l’entreprise a pris de l’envergure.»

Une grande influence

Le connaissant bien pour avoir coécrit un livre sur sa vie, le préfet Patrice Borcard abonde: «Roger Pasquier a eu une grande influence dans la région et le monde de la construction en Suisse romande. Il avait toujours une longueur d’avance.» «Il aimait les nouveaux challenges et se rendait souvent à l’étranger pour voir ce qui se faisait ailleurs, se souvient Jacques Pasquier. Son envie de créer était irrésistible.»

Patron exigeant, le Gruérien bénéficiait d’une aura particulière selon Patrice Borcard. «Il imposait le respect. Il ne parlait pas beaucoup, mais utilisait la parole de manière réfléchie. Les discussions étaient toujours d’une certaine hauteur. La dernière fois que je l’ai rencontré, il me parlait encore de l’avenir de la Gruyère, d’aménagement du territoire et de la nécessité pour la jeunesse d’avoir des projets.»

Député durant vingt ans, Roger Pasquier a toujours aimé la politique. «Lorsqu’il était jeune, il avait embarqué la Société de jeunesse dans cet univers pour faire changer les choses dans le village du Pâquier», raconte Laurent Pasquier.

Humble et pudique

Son village du Pâquier qu’il aimait tant. Syndic durant vingt-deux ans, «il dirigeait la commune avec autorité, tout en ayant une approche humaine des choses et la conscience de sa responsabilité sociale», relate Patrice Borcard. «Roger était un leader, sans être un bulldozer», décrit l’ancien député Jean-Jacques Glasson, qui l’a côtoyé ces dernières années. «Humble, il aimait le contact avec ses employés.» Généreux envers les sociétés et les associations, Roger Pasquier était animé d’une profonde foi. Ce qui l’a beaucoup aidé durant les années nonante, lorsque l’entreprise a connu des moments compliqués. «Ce qui a été le plus difficile durant cette période avait été de licencier des gens, se remémore Laurent Pasquier. Il a beaucoup lutté pour qu’ils retrouvent du travail.» «Il appliquait la doctrine sociale de l’Eglise», complète Jean-Jacques Glasson, qui se souvient de discussions aux alentours du Carmel. «Il lisait beaucoup de textes sur la religion. Il en parlait souvent, toujours avec la pudeur qui le caractérisait.»

A sa famille et à tous ceux que le départ de Roger Pasquier laisse dans la peine, La Gruyère exprime sa sympathie. ■

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