Ruben Carpentier, l’énergie positive et le moteur de Laniac

jeu, 20. déc. 2018
Belge d’origine, Ruben Carpentier se plaît en Gruyère: «Avec les Gastlosen, on dispose d’un paradis dans le jardin.» PHOTOS ANTOINE VULLIOUD

PAR QUENTIN DOUSSE

ESCALADE. Comment un universitaire flamand, féru de grimpe mais qui parlait alors «très mal» le français, s’est-il retrouvé en Gruyère pour «refaire sa vie»? «Bonne question! répond l’intéressé. Je n’avais rien à perdre, mais une folle envie de partager ma passion. Et disons qu’avec ma copine, nous voyagions énormément en Espagne, en France et en Valais pour grimper. Les déplacements coûtaient trop cher, alors nous avons décidé de nous installer en Suisse. Le pays était idéal aussi pour ma copine, qui suivait des études en ostéopathie.»

On est en 2012. Ruben Carpentier découvre les voies de Laniac, à Bulle, en tant que moniteur. Il prend la succession de Sébastien Fragnière en 2013. En l’espace de cinq ans, le Belge a vu la salle changer de dimension, au sens figuré s’entend. «On compte 600 abonnés, entre 70 et 90 personnes chaque jour. Le succès est tel aujourd’hui qu’on doit refuser des groupes», glisse Ruben Carpentier. A la tête de la salle avec ses trois associés – Yves Meuwly, Sébastien Taracido et Eloïse Vallat
– cet habitant de Crésuz fourmille d’idées. «Parfois, il en a même trop et il peut s’éparpiller», sourit David Tinguely, pratiquant et organisateur de l’événement solidarité organisé samedi dernier à Bulle (lire ci-dessous).

Une évolution rapide

Avenant, facétieux et virevoltant, Ruben Carpentier (30 ans) est un homme de contact. Qui a autant de savoir que d’énergie à revendre. «Avec sa motivation, il agit comme un moteur pour Laniac», souligne son associé Sébastien Taracido. C’est donc en toute logique que le Gruérien d’adoption a fait évoluer son «affaire». Ne se contentant pas des 740 m2 de parois et de la centaine de voies à disposition. «J’ai voulu créer une atmosphère jeune et dynamique. On a installé un bar offrant une petite restauration. On a aussi investi dans l’équipement et les infrastructures de sécurité. Dès lors, la salle a connu un boom comparable à celui de la discipline. On a par exemple environ 200 jeunes qui s’entraînent au club une fois par semaine au moins.»

Bien que l’accès à Laniac soit payant – comptez 760 francs à l’année pour un adulte – Ruben Carpentier ne se voit pas comme un simple prestataire de services. Pratiquant depuis l’âge de 12 ans, titulaire d’un master en sciences du sport, ce Flamand originaire de Gand possède aussi plusieurs formations d’instructeur: en grimpe bien sûr, mais aussi en escalade sportive, en montagne, ou encore en canyoning et en alpinisme. De ses expériences sont nées des valeurs, qu’il souhaite transmettre aujourd’hui, à la relève notamment. «Une salle de grimpe est un lieu qui permet de créer des liens profonds entre les gens. Il comporte aussi des valeurs éducatives. Un jeune apprend à gérer le stress et, petit à petit, à devenir responsable d’une vie par l’assurage. La confiance est donc essentielle.» David Tinguely n’est pas insensible à cette approche humaine. «Avec son équipe, Ruben ne s’intéresse pas seulement au sport. Il veut que les gens se développent en tant qu’individu.»

Succès qui s’explique

En grimpeur convaincu, Ruben Carpentier n’hésite pas une seule seconde lorsqu’on lui demande l’explication du succès actuel et fulgurant de la grimpe. «C’est un sport très complet, amorce-t-il. Je le vois comme une forme de méditation, qui permet de se retrouver, mais aussi de se rééquilibrer physiquement et émotionnellement.»

S’il se plaît dans sa salle Laniac, qu’il espère voir s’agrandir à l’avenir (lire ci-contre), le Belge ne peut cacher son attirance originelle pour l’escalade en extérieur. «Je ne peux pas mentir, sourit l’intéressé. C’est en falaise que j’ai tout appris, je voyage pour ça et je pars d’ailleurs très prochainement en Inde.» Pour connaître son meilleur spot, il faut traverser l’Atlantique. «C’était à Squamish, au Canada, sur une falaise en granit de 500 mètres. C’était superbe! Mais franchement, les Gastlosen font partie de ma “top list”. Avec la qualité du rocher, on dispose d’un paradis dans le jardin.» L’hommage n’est pas feint: en cinq ans seulement, le Flamand est devenu un «vrai» Gruérien. ■


«Bulle mériterait un tel projet»

Laniac touchant actuellement à ses limites de capacité, Ruben Carpentier se dit «prêt à s’engager» pour agrandir sa salle et son exploitation. «Les infrastructures deviennent anciennes et la demande trop importante. Une nouvelle salle permettrait d’y remédier, d’accueillir des entraînements du Centre régional (n.d.l.r.: dont fait partie un seul jeune Gruérien, Nolan Brülhart) et des formations Jeunesse+Sport également» relève le cogérant. Un projet d’extension, couplé à un centre de bien-être, avait été présenté en 2015. Celui-ci a été abandonné «pour une question de terrain». Pas résigné, Ruben Carpentier a revu ses plans et présenté un nouveau projet à la ville de Bulle au début de ce mois. «Je ne souhaite pas en parler avant d’obtenir des garanties. Ce que je peux dire, c’est que l’agrandissement (en direction du minigolf et de la forêt de Bouleyres) serait considérable, notamment de la partie réservée aux “blocs”. Le nombre de voies augmenterait aussi, de 50% environ. La ville de Bulle, qui nous a assez fait attendre, mériterait un tel projet. La balle est désormais dans leur camp.» Contactée, les autorités bulloises espèrent fournir une réponse dans le courant du mois de janvier. «Les questions sont d’ordre juridiques, concernant les garanties et la viabilité du projet notamment, indique Johanna Gapany, conseillère communale en charge des sports. En tous les cas, la ville reconnaît le dynamisme et l’importance de Laniac par ses activités diverses. Le dialogue est bon et la volonté est donc d’avancer vite sur ce dossier.» QD


Quand les abonnés font rimer grimpe et solidarité

Pour Laniac, il s’agissait d’une première du genre, samedi dernier avec Omoana, association créée à Bulle en 2003 et active en Ouganda auprès des familles vulnérables. Le concept était simple: chaque grimpeur s’engageait à verser deux francs par voie effectuée en guise de solidarité. L’objectif initial de 600 francs – permettant de financer une année de scolarité à deux jeunes Ougandais – a été largement atteint. «Il y a eu du monde, en particulier l’après-midi, note Ruben Carpentier. On a comptabilisé 210 voies sur la journée. A cela se sont ajoutés plusieurs dons pour atteindre la somme de 957 francs. On est satisfaits, cela montre aussi que nos abonnés sont engagés pour la bonne cause.» Organisateur de l’événement, David Tinguely a apprécié l’accueil qui lui a été réservé dans la salle bulloise. «Ruben est très créatif et amène toute son énergie positive. Avec son équipe, il tient à faire de Laniac un lieu de rencontre. C’était donc intéressant de s’associer avec eux pour faire parler de l’association.» La journée de samedi s’est inscrite dans une série de six événements organisés chaque mois à Laniac. Le succès ayant été au rendezvous, une pareille initiative pourrait être reconduite l’an prochain. «Les gens sont motivés. Donc l’idée serait même d’organiser un week-end entier de solidarité en conviant plusieurs associations», conclut Ruben Carpentier. QD

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