«A l’ami qui dominait La Tour-de-Trême»

Cette lectrice déplore la coupe d’un arbre, au centre de La Tour-de-Trême.

Premières semaines de janvier: la prise de bonnes résolutions pour l’année à venir, la marche des Rois vers La Valsainte, quelques gueules de bois résiduelles de la vieille année écoulée, des soldes parfois et voici que je suis témoin, presque en direct, de la mort d’un ami. Certes, tu avais de la hauteur, puisque de ta superbe, tu dominais le centre de La Tour-de-Trême. Etais-tu le seul ou avais-tu des compagnons de ton âge dans la commune? Seuls les initiés pourront répondre. Alors voilà, le cœur lourd, je viens te dire adieu, toi qui m’as vue me rendre à l’école, aller chez Repond ou d’autres aux Ormeaux ou d’autres encore au cimetière. Tu en as vu défiler des Fêtes-Dieu, des rogations, des cortèges ou encore des corbillards. Mais tu restais là, stoïque, en hébergeant les oiseaux. Jusqu’à l’autre jour, lorsque j’ai vu que l’on t’avait entouré de cordes et que ton tronc était déjà tout dénudé, j’ai pensé que tu passerais un mauvais moment. Du travail de pro, quoi! Et puis, lors de mon deuxième passage, tu n’étais plus que ce moignon de tronc splendide. Je suppose que la sécheresse de l’an dernier t’a mis à mal, mais à voir tes restes tu semblais encore si vigoureux. Au fait quel âge avais-tu? J’ai bien l’impression que tu as vu défiler Pierre-Nicolas Chenaux. Merci d’avoir été là, ô sapin, et qui sait que le dieu des oiseaux et des écureuils t’en a déjà fait germer une graine pas si loin. Eliane Buchillier, La Tour-de-Trême

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