Le Noël en mode été profite aux autres acteurs

mar, 08. Jan. 2019
Même pour les stations disposant de canons à neige, comme ici Bellegarde, le bilan des vacances de Noël est maigre. ANTOINE VULLIOUD

PAR SOPHIE ROULIN, CHRISTOPHE DUTOIT, XAVIER SCHALLER

MOLÉSON

Depuis le 22 décembre et jusqu’à dimanche, la station de Moléson a ouvert en version piétonne. «On n’est plus skidépendants au niveau de notre fonctionnement, donc on n’est pas catastrophés, relève Antoine Micheloud, directeur. Le chiffre d’affaires se situe à un tiers de ce qu’on réalise avec de la neige et du beau temps. Mais les charges d’exploitation sont quasiment cinq fois inférieures. L’affluence, elle, a été cinq fois moins élevée.» Entre 500 et 600 passagers, 800 le jour de plus grosse fréquentation.

Pour rationaliser encore son exploitation, Moléson n’a ouvert que son restaurant sommital, «qui a marché fort. Plutôt que d’avoir deux restaurants qui vivotent, on en a un qui tourne bien.» Et de souligner que sans le soleil, le bilan aurait été nettement plus maussade. «C’est maintenant que ça va commencer à être compliqué s’il ne neige pas.» Le directeur de Moléson redit l’intérêt qu’il aurait à disposer d’un enneigement artificiel. «Avec 30% de ses pistes enneigées, le Lac-Noir assure 70 à 80% de son passage habituel. Les canons font clairement la différence!»

LA BERRA

La Berra a fonctionné à la fois pour les piétons, en ouvrant son télémixte dès le 26 décembre, et pour les débutants. La piste du bas et le jardin des neiges, enneigés artificiellement, ont pu accueillir les cours de l’Ecole suisse de ski (ESS) et les amateurs de glisse en devenir. «Cette ouverture, même très partielle, était importante en termes d’image», note Didier Kilchoer, directeur des remontées mécaniques.

Durant la semaine de Noël, 138 enfants ont pu suivre les cours du premier niveau. Ils étaient 100 durant la deuxième semaine des vacances. Les cours privés ont aussi bien fonctionné avec 79 cours la première semaine et 219 la seconde. «On était très contents de la solution proposée, relève Célestin Rumo, directeur de l’ESS. C’est très compliqué pour nous quand on doit tout annuler.» Difficile en revanche de chiffrer le manque à gagner pour les élèves de niveau avancé, qui ne s’annoncent généralement que lorsque la station tourne à plein régime.

L’ouverture de la piste du bas a aussi permis un peu d’animation pour le restaurant du Brand, alors que les restaurants d’altitude ont bénéficié des visites des promeneurs transportés par le télémixte; quelque 2200 durant cette période.

LES PACCOTS

Les téléskis n’ont pas tourné dans la station veveysanne ces deux dernières semaines. Les Paccots ont néanmoins attiré les randonneurs qui ont profité du soleil. «Nos animations ont très bien fonctionné, note Stéphanie Rouiller, responsable du secteur pour l’Office du tourisme. Notre traditionnelle disco sur glace a battu son record d’entrées avec 390 participants.»

Les visites organisées de la fromagerie et de la chèvrerie ont aussi été très fréquentées. Tout comme la patinoire qui a été «pleine du matin au soir tous les jours depuis Noël, indique son responsable Bertrand Meyer. On a fait beaucoup mieux qu’un hiver avec neige et mieux aussi que les autres hivers sans neige d’il y a deux ou trois ans.» Un succès lié au soleil. «J’ai reçu de nombreux coups de fil pour savoir si on était au-dessus du brouillard.»

BELLEGARDE

Durant les vacances, le Gastlosen-Express est resté désespérément fermé, tout comme la piste de luge. En revanche, les petites pistes du bas étaient praticables, notamment grâce à la neige artificielle. «Il y avait beaucoup de familles et les enfants ont pu profiter», explique Jean-Marie Buchs, le directeur de l’Office du tourisme. L’école de ski a bien fonctionné.

Depuis ce week-end, le téléski de Schattenhalb est également ouvert. «Grâce au soleil en haut et au brouillard en plaine, beaucoup de randonneurs sont venus au chalet du Soldat ou aux Euschels.» Une piste de ski de fond de 1,5 kilomètre est damée à La Villette. Autre source de satisfaction: «Les chalets de vacances sont presque tous occupés, les colonies sont pleines et il y avait du monde à Bellegarde.»

CHARMEY

Les remontées mécaniques de Charmey ont ouvert dix-neuf jours, principalement en mode été: 3739 personnes ont été transportées, dont 1811 avec le Magic Pass (contre 17 828/7389 l’an dernier à la même période). «L’affluence et le chiffre d’affaires (90 000 francs) sont comparables à un mois de juin, note le directeur Sébastien Jacquat. Les charges sont aussi en mode été. Mais on a rapidement besoin de neige pour augmenter nos revenus.» A propos de liquidités, Sébastien Jacquat avoue disposer de suffisamment d’argent «pour payer les salaires de janvier et les factures. Nous n’avons pas de menaces de mise en poursuites.»

La bonne nouvelle provient du restaurant de Vounetz, dont le chiffre d’affaires est en augmentation depuis l’arrivée du couple Poidevin. «Nous n’avons que des échos positifs. Les gens reviennent, c’est bon signe.»

Au niveau des Bains de la Gruyère, «l’affluence était encore plus grande que l’année dernière à la même époque, se félicite sa directrice Béatrice Ambühl. Je ne m’attendais pas à voir autant de monde à Charmey.» Une situation corroborée par Christophe Valley, directeur de l’Office du tourisme (La Gruyère de samedi). Les taux de fréquentation hôtelière et parahôtelière avoisinent les 100%.

MUSÉES ET AUTRES

Si les stations n’ont pas attiré autant de skieurs que d’habitude, les visiteurs n’ont pas pour autant boudé la région. Ainsi la cité de Gruyères a connu une belle affluence pour la saison. «Il y a eu vraiment beaucoup de monde, commente Pascal Charlet, directeur de La Gruyère Tourisme. C’est un phénomène qu’on avait déjà observé il y a deux ou trois ans, en l’absence de neige. Ça montre la complémentarité de notre région: l’offre est suffisamment large pour occuper les gens même sans ski.» Selon lui, ce ne sont d’ailleurs pas tellement les skieurs des stations fribourgeoises – essentiellement indigènes – qu’on retrouve à Gruyères ou à la Maison Cailler, à Broc, mais des visiteurs venus de plus loin.

Aucune statistique n’est encore disponible pour la Maison Cailler, mais la directrice Fleur Helmig estime avoir accueilli quelques milliers de visiteurs de plus que l’an passé. «Un très beau mois de décembre pour nous, un peu comme il y a deux ans.» Même constat à la Maison du Gruyère, où l’administration a noté une augmentation notable de la fréquentation durant les deux semaines de relâches.

Quant au château de Gruyères, il a vécu un mois de décembre avec beaucoup de visiteurs. «Quelque chose comme 20% de plus qu’en 2017», au dire de Marie Rochel, collaboratrice scientifique. Elle attribue ce résultat à l’exposition sur l’histoire du Père Noël – un thème qui plaît aux enfants ou pour lequel de nombreuses familles ont fait le déplacement – autant qu’au manque de neige et au beau temps. «S’il fait trop mauvais, les gens n’ont pas le courage de monter jusqu’au château. Même quand les stations de ski sont fermées.»

A Bulle, le Musée gruérien a également accueilli beaucoup de monde, selon sa directrice Isabelle Raboud. «Il y en a aussi eu énormément à la bibliothèque. Mais je ne peux pas dire si c’étaient des skieurs frustrés.» Pour le Musée gruérien aussi, le beau temps a joué: «La Gruyère est une région où l’on vient pour le paysage. La visite du Musée est souvent associée à une balade.» ■

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