A Expo Bulle, «le confort des vaches devenu prioritaire»

mar, 05. mar. 2019

PAR VALENTIN CASTELLA

«Il y avait eu des dérapages. Cela ne s’était pas bien passé.» L’année dernière, la visite de membres de la Protection suisse des animaux (PSA) dans les murs d’Espace Gruyère à l’occasion d’Expo Bulle n’avait pas été appréciée de certains éleveurs. L’objectif de l’organisation était de faire le point sur le bien-être des vaches en lice lors de cette exposition d’envergure nationale. Une année plus tard, l’ambiance s’est quelque peu apaisée. Samedi matin, le Gruérien Michel Geinoz, membre du comité de la manifestation et directeur de Holstein Switzerland, a accueilli les représentants de la PSA pour s’assurer que «tout se déroule correctement et pour les sensibiliser au fait que les choses évoluent dans le bon sens».

Prévenants, les organisateurs avaient insisté en amont auprès des éleveurs sur le comportement irréprochable à adopter à leur égard. Un participant de la région, qui souhaite conserver l’anonymat, s’est montré satisfait de leur visite. «Le contact est bien passé, il y a eu des discussions, contrairement à l’année dernière, lorsqu’ils sont juste venus faire la police.»

Une priorité

Le bien-être des animaux durant les concours est un sujet sensible, que les organisateurs ont décidé de mettre en avant cette année. Preuve qu’ils ont l’intention de percer l’abcès d’une image peut-être écornée. Et donc de démontrer que les mentalités ont évolué par rapport au début des années 2010, lorsque les abus étaient fréquents. «Le confort est devenu une priorité», poursuit Michel Geinoz.

Aujourd’hui, les organisateurs d’événements se décrivent comme beaucoup plus sévères. Expo Bulle a par exemple été la première manifestation de ce genre à mettre en place une commission de contrôle indépendante qui se repose sur un règlement prenant en compte le bien-être des futures championnes. Une nouvelle version, plus restrictive, est d’ailleurs entrée en vigueur en début d’année.

Celle-ci interdit notamment le remplissage des pis. Une mode venue d’outre-Atlantique qui consiste à allonger l’intervalle de la traite afin d’augmenter le volume des pis. Ce qui peut provoquer des œdèmes. «Ce n’est aujourd’hui plus possible, explique Olivier Ruprecht, ingénieur agronome et gérant d’Expo Bulle. Désormais, chaque vache est contrôlée par des spécialistes avant d’entrer sur le ring. Si les pis sont trop remplis, l’éleveur est exclu du concours. Et, lorsqu’il y a des doutes, un contrôle ultrason est effectué par un vétérinaire.» Un test qui était effectué samedi derrière la scène d’Espace Gruyère.

D’autres solutions

Cesare Sciarra, responsable du Centre de compétences animaux de rente auprès de la PSA, se montre moins enthousiaste: «Le problème est que la vache souffre déjà lorsque l’excès est visible. Ce qu’il faudrait entreprendre, c’est que tous les animaux de la même catégorie soient traits en même temps, douze heures avant le concours. Les vaches ne subiraient ainsi pas de douleurs. Et les éleveurs ne boucheraient dès lors plus les trayons pour éviter la sortie du lait.» L’organisation a-t-elle observé des fautes samedi? «Les contrôles à l’ultrason sont davantage utilisés, décrit Cesare Sciarra. Mais nous avons encore constaté trop de pis remplis.»

Autres interdits: diriger les trayons avec de la colle ou l’utilisation de certains médicaments. A ce propos, Olivier Ruprecht affirme que la commission se rend dans chaque écurie pour observer si des produits illicites sont utilisés. Ces «policiers d’exposition» ont pour mission d’appliquer le nouveau règlement. Au total, neuf vétérinaires sont présents sur les lieux. Le nouveau règlement demande-t-il davantage de travail aux éleveurs? «Non, au contraire, répond l’un d’eux, réputé pour ses vaches dans le Sud. Nous ne devons plus gérer les pis surchargés et les vaches sont plus calmes. C’était le moment de changer ces habitudes, car ça allait trop loin. Désormais, le sujet n’est plus tabou.»

Pour garantir un certain confort, les organisateurs prévoient également davantage de place pour chaque vache et une ventilation adéquate. Les litières sont aussi plus épaisses qu’à la ferme. «Les soins sont constants, afin que les vaches se retrouvent au top de leur forme», ajoute Michel Geinoz, qui a également insisté à plusieurs reprises pour que la musique soit moins forte sur le ring, afin de ne pas stresser les animaux.

Prise de conscience, priorité: les termes sont forts de la part des éleveurs. Le son de cloche est-il identique du côté de la protection des animaux? «Il y a encore beaucoup de progrès à faire, reprend Cesare Sciarra. Même si les éleveurs ont pris conscience du problème, certaines pratiques ne changent pas, ou très lentement.»

Un camp dit avancer dans le bon sens, l’autre n’est pas encore satisfait. Le sujet prête à discussion. Une chose les réunit toutefois: le pouvoir de l’image. La PSA, photos et rapports à l’appui, prend parfois des éleveurs en flagrant délit de fraude au règlement. «Ils ont tout intérêt à changer, pour le bien de l’agriculture. La population n’accepte plus ce genre de pratiques», assure Cesare Sciarra.

«Montrer la réalité»

Les éleveurs veulent également changer leur image. «Nous souhaitons que le public prenne conscience que les choses bougent, assure Michel Geinoz. Il faut que les gens se rendent compte que l’agriculture, ce n’est plus le cliché de Heidi et de ses vaches au milieu des fleurs. La réalité holstein est différente. Les animaux sont plus productifs et vivent plus longtemps dans des fermes modernes.» ■


«Brook» et Christian Menoud champions

«Un bilan très réjouissant !» Au terme de l'édition 2019 d’Expo Bulle, qui s’est déroulée samedi à Espace Gruyère, le gérant Olivier Ruprecht s’est montré satisfait de la participation. «Cette année, le niveau était très haut. En 2018, les holstein étaient exceptionnelles. Samedi, les red holstein ont également impressionné. Il est rare d’apprécier autant de qualité en Suisse.» Comment l’explique-t-il? «Les meilleurs éleveurs du pays étaient au rendez-vous, car Expo Bulle faisait office de présélection pour les championnats d’Europe. Il fallait figurer en haut du classement pour avoir une chance de participer à ce futur événement.» Au niveau des résultats, Christian Menoud (Romanens) et Brook ont impressionné en remportant le premier prix red holstein. Tchoupette, de l’élevage Currat-Papaux, aux Ecasseys, a, elle, remporté le prix de championne nationale juniors holstein. D’autres éleveurs de la région se sont également illustrés (voir ci-contre). Des tribunes pleines, un niveau «exceptionnel»: l’édition 2019 s’est avérée être une réussite. De quoi repartir avec sérénité pour 2020. «Le prochain rendez-vous sera particulier, car le Congrès mondial de la holstein sera organisé en même temps à Montreux. De nombreux participants vont venir à Bulle. Il s’agira d’une édition très internationale.» VAC


LE PALMARÈS

Holstein
Championne nationale:
Jolie (Ruedi Gasser et Hansjörg Räz, Saanen). Réserve: Esprit (M. von Känel, N. Sudan, G. Jones, P. Conroy, Agriber, Q. Serrabassa). Mention: Goya (Ferme La Waebera, Wollerau).

Championne nationale du pis: Esprit (M. von Känel, N. Sudan, G. Jones, P. Gonroy, Agriber, Q. Serrabassa). Réserve: Héline (Junker, Staub, Iffwil).

Championne nationale juniors: Tchoupette (Currat Papaux et Eric et Oscar Dupasquier, Les Ecasseys). Réserve: Salta (Bro Holstein, Wollerau).

Catégorie 1: Tchoupette (Currat Papaux et Eric et Oscar Dupasquier, Les Ecasseys); puis: 4. Laurichip (Claude Charrière, Epagny); 5. Liette (Bruno et Christian Charrière, Cerniat) – 16 classées.
Catégorie 2: O’katrysha (Kurt Willmann, Menznau); puis: 4. Triomphe (Piller, La Roche) – 14 classées.
Catégorie 3: Salta (Bro Holstein, Wollerau); puis: 3. Lusaka (Joe Demierre, La Joux); 4. Orange (ferme des Grands-Bois, Epagny); 5. Oklahoma (ferme des Grands-Bois, Epagny) – 16 classées.
Catégorie 4: 1. Sophia (Currat-Papaux, Les Ecasseys); puis: 5. Shana (Piller, La Roche) – 15 classées.
Catégorie 5: 1. Moïkana (Menoud, Môtiers); 2. Odessa (Sébastien Favre, Florence Gratwohl, Lorenz Bach, Les Moulins); puis: 5. Dynafit (Pharisa-Jaquet, Estavannens) – 14 classées.
Catégorie 6: 1. Saturne (Currat-Papaux, Les Ecasseys); puis: 4. Mesange (Oberson et Pasquier, Maules); 5. Inocente (Frédéric Suard, Siviriez) – 13 classées.
Catégorie 7: Goya (ferme La Waebera, Wollerau); 2. Verona (Sébastien Favre, Florence Gratwohl, Lorenz Bach, Les Moulins); puis: 4. Rahelia (Currat-Papaux, Les Ecasseys); 5. Babiole (Laurent et Jean-Philippe Jaquet, Estavannens) – 14 classées.
Catégorie 9: 1. Héline (Junker, Staub, Iffwil); 2. Gypsy (Christian et Bruno Charrière, Cerniat); puis: 5. Emeraude (Joe Demierre, La Joux) – 5 classées.

Red holstein
Championne nationale:
Brook (Christian Menoud, Romanens). Réserve: Nena (Marc et Erhard Junker, Iffwil). Mention: Flower (Erich Zingre et Hannes Rubin, Saanen).

Championne nationale du pis: Sidney (Junker et Stampfli, Iffwil). Réserve: Armenya (Frédéric Overney, Rueyres-Treyfayes).

Championne nationale juniors: Elegance (Gobeli Holstein, Ruedi Gasser, Hansjörg Räz, Saanen). Réserve: Alpenstern (Sébastien Favre, Florence Gratwohl, Les Moulins).

Catégorie 1: 1. Alpenstern (Sébastien Favre, Florence Gratwohl, Les Moulins); puis: 5. Scarlett (Frères Schrago, Middes) – 12 classées.
Catégorie 2: 1. Elegance (Gobeli Holstein, Saanen); 2. Surprise (ferme Kolly, Pont-la-Ville) – 13 classées.
Catégorie 3: Arctique (Frères Schrago, Middes); 2. Ankara (Claude Charrière, Epagny) – 11 classées.
Catégorie 4: 1. Nena (Marc et Erhard Junker, Iffwil); 2. Chicoutimi (Christian Menoud, Romanens); 3. Laylani (Christian Schuwey, Bellegarde) – 16 classées.
Catégorie 5: 1. Flower (Erich Zingre, Hannes Rubin, Saanen); puis: 5. Costy (ferme Kolly, Pont-la-Ville) – 13 classées. 
Catégorie 6: 1. Brook (Christian Menoud, Romanens); puis: 3. Rexana (Piller, La Roche); 4. Lovely (Gobet et Vallélian, La Tour-de-Trême) – 13 classées.
Catégorie 7: 1. Amanda (Christian Menoud, Romanens); puis: 4. Armenya (Frédéric Overney, Rueyres-Treyfayes) – 14 classées.
Catégorie 8: 1. Joy (Mathurin Spycher, Sonvilier); 2. Kerta (Nicolas Tinguely, La Roche); puis: 3. Magnolia (Pierre Suard, Progens) – 3 classées.

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