La saison se termine dimanche, l’avenir se décidera peu après

jeu, 07. mar. 2019
Même si les pistes sont encore en bon état, les installations de Charmey fermeront dimanche. CHLOÉ LAMBERT

PAR XAVIER SCHALLER

Les remontés mécaniques de Charmey fermeront dimanche. Un peu faute de neige, beaucoup faute de liquidités. Dans une situation difficile, la société exploitante ne peut pas prendre le risque de perdre de l’argent, en cas de faible affluence en fin de saison.

«Nous n’avons pas assez de réserves financières pour ouvrir et n’accueillir que des retraités et des skieurs avec un Magic Pass, indique Sébastien Jacquat, directeur des remontées mécaniques. Le risque est réel de perdre de l’argent et de “manger” notre bon mois de février» (voir bilan ci-dessous).

Soutien communal retenu

Avec les 250 000 francs alloués par la commune, lors de l’assemblée du 14 janvier, les choses seraient différentes. Mais la somme est bloquée, à la suite du recours de quatre citoyens. Pour rappel, ceux-ci contestent la validité de la décision, estimant que de nombreux Charmeysans auraient dû se récuser en raison de leurs liens avec les remontées mécaniques.

Impossible de connaître la situation financière exacte de Télécabine Charmey-Les Dents-Vertes en Gruyère SA, mais le terme de faillite circule. Etienne Genoud, président du conseil d’administration et vice-syndic de Val-de-Charmey, se refuse à tout commentaire. «Une task force a été mise en place. Elle communiquera le 15 mars. Rien ne sera dit d’ici là.»

Ce que confirme Patrice Borcard, préfet de la Gruyère et responsable de la task force. «Aucune décision n’a encore été prise. La société est dans les chiffres rouges. Des analyses sont en train d’être faites pour savoir s’il y a ou pas un surendettement.»

Comme pour toute société anonyme, le conseil d’administration ne peut laisser la situation financière se dégrader en connaissance de cause, rappelle Etienne Genoud. «S’ils sont au courant et laissent faire, les membres du conseil d’administration, qui agissent solidairement, peuvent être tenus responsables.» Lundi, la société a prévenu ses différents partenaires que les installations allaient stopper prématurément. Le Club sportif Le Mouret doit aussi trouver un plan B, lui qui devait organiser les championnats fribourgeois de ski à Charmey, les 16 et 17 mars (page 13).

La semaine prochaine sera décisive pour Charmey. Lundi, le rapport «Préalpes vision 2030» sera présenté. Ses conclusions serviront à définir les critères de soutien à l’investissement et au développement des remontées mécaniques du canton. Vendredi, la task force se prononcera sur la viabilité de celles de Charmey. ■


Du monde à skis malgré un hiver moyen

Les stations du Sud fribourgeois ont souffert d’un début d’hiver difficile, avant de connaître de belles affluences. A La Chia, on envisage de rejoindre le Magic Pass.

CHARMEY

«Nous avons ouvert cette année le 12 janvier, nous fermerons le 10 mars, ce qui représente 58 jours d’ouverture», détaille Sébastien Jacquat, directeur des remontées mécaniques de Charmey. En comparaison, la saison passée avait compté 87 jours, mais celle de 2016-2017 seulement 45, avec une fermeture le 12 mars.

«Actuellement, les pistes sont en bon état. Seule celle qui mène de l’arrêt intermédiaire de la télécabine à la station est fermée.» Mais depuis le week-end record d’il y a deux semaines, la fréquentation a chuté. «Les gens sont déjà en mode été. Et ce n’est pas comme s’il restait encore un mètre de neige en haut.»

Concernant le nombre de passages, le chiffre définitif pour cette saison n’est pas connu. Mais il devrait se situer entre 41 500 et 42 000, selon Sébastien Jacquat (50 700 en 2018 et 31 266 en 2017). Sans neige, le mois de décembre n’a apporté que quelque 2750 passagers, contre 15 000 en 2018. «En revanche, le mois de février a été meilleur cette année.» Il note aussi que les Magic Pass sont en nette augmentation. «Ils représentent presque 44% du total, contre 36,8% l’an passé.»

LA BERRA

Une fréquentation excellente pour un joli hiver, malgré un mois de décembre vierge. Avec 70 jours d’ouverture jusqu’à dimanche dernier contre 84 en moyenne ces cinq dernières années, Didier Kilchoer, directeur des remontées mécaniques, se réjouit de l’affluence (47 350 premiers passages) qu’a connue la station. «Ce n’est pas si loin des 50 000 de l’an dernier pour 97 jours d’ouverture.» Un engouement qui a créé des bouchons sur la route de La Berra certains week-ends de janvier et février. La destination a également attiré de nombreux randonneurs. «Au parking, on s’est pris une baffe.»

Et de pousser la réflexion: «Avec d’autres exploitants, nous nous sommes demandé s’il y avait un regain d’intérêt pour le ski dans le canton.» Ces derniers jours, les températures printanières ont causé du tort à certaines pistes, notamment du côté du gîte d’Allières. «Les pistes avec canons sont bonnes. Nous restons ouverts après la fin des vacances, mais nous n’allons sûrement pas poursuivre tout le mois de mars», indique Didier Kilchoer, qui estime que le chiffre d’affaires de la station sera légèrement inférieur à celui de l’an passé.

LES PACCOTS

«Ces dernières semaines, ça a été dur. Mais les dameurs ont fait du superboulot et nous avons pu garder l’entier du domaine ouvert pour les relâches vaudoises», lâche Fabien Morand. Le président de Monte-Pente Corbetta SA tire un bilan «un peu plus que satisfaisant» de la saison qui s’achève. «Nous n’avons ouvert que le 12 janvier et nous arriverons péniblement à 60 jours d’exploitation contre 77 en moyenne ces onze derniers exercices.» Au 5 mars, la station a enregistré 46 200 premiers passages dont 28% de détenteurs de Magic Pass.

Fabien Morand estime toutefois que Les Paccots recevront moins de recettes liées au Magic Pass que l’an dernier: «D’autres stations ont pu ouvrir à Noël, pas nous. La clé de répartition dépend du nombre de passages.» Les jours d’ouverture, les skieurs étaient au rendez-vous. Tandis qu’une bonne moitié des pistes ont pu ouvrir cette semaine, la station devrait rester ouverte jusqu’au 17 mars.

RATHVEL

La petite station veveysanne a pu lancer la saison le 13 janvier. «C’est un bilan moyen, mais supportable», estime Frédéric Sauteur, son président, qui accuse le coup après les grosses chaleurs de la fin février. Cet hiver s’inscrit dans la moyenne de ces dix dernières années. «En termes de fréquentation, c’était correct. Mais nous devons attirer davantage de monde en semaine.» Rathvel a enregistré 15 000 premiers passages et en était hier à son 55e jour d’exploitation. «Contre 93 l’an dernier.» Frédéric Sauteur retient l’effet bénéfique du Magic Pass, possédé par un bon tiers de la clientèle, ainsi que celui de la nouvelle carte à points en collaboration avec Les Paccots. Il espère poursuivre jusqu’au 17 mars.

LA CHIA

Depuis la mi-janvier, la station bulloise a pu ouvrir tous les week-ends, soit 12 jours. «C’est une petite année sans Noël», note Yves Grandjean, président du conseil d’administration de Monte-Pente Bulle SA. Malgré le nombre important de randonneurs à raquettes et à peaux de phoque, les skieurs se sont faits un peu moins nombreux. «Les gens oublient qu’il existe une station à cinq minutes de Bulle. A l’heure du développement durable, c’est dommage.» La station est en train d’évaluer la situation pour intégrer le Magic Pass l’an prochain. Cette année, elle a permis à ses détenteurs de profiter des pistes sans faire partie de l’offre. «Il faut analyser les investissements à faire pour un tourniquet et pour le logiciel de billetterie.» Et de conclure sur une note positive: «Suivant ce qu’il tombe ces jours, nous rouvrirons ce week-end.»

BELLEGARDE

«La saison n’est pas terminée! Les conditions sont encore très bonnes à Bellegarde», assure Jean-Claude Schuwey, président de Jaun-Gastlosen Bergbahnen. La station peu exposée a connu un bel hiver. «Nous avons ouvert les pistes desservies par les canons le 26 décembre et le télésiège dès le 10 janvier.» Jean-Claude Schuwey estime que l’exercice 2018- 2019 ressemblera à celui de l’an dernier. «L’année passée, nous avons ouvert davantage de jours, mais la météo était souvent mauvaise durant les week-ends, tandis que le beau temps était au rendez-vous cette saison.»

A la fin du mois de février, la station a enregistré une hausse de 20% d’utilisateurs du Magic Pass par rapport à l’hiver passé. «En tout, l’abonnement représente entre 10% à 15% de notre clientèle.» Ouverte durant ces vacances de carnaval, Bellegarde le restera officiellement jusqu’au 17 mars. «Si c’est encore bon, nous prolongerons d’un week-end.»

MOLÉSON

«Jusqu’ici, c’est la deuxième meilleure saison des dix dernières années», se réjouit Antoine Micheloud, directeur de Gruyères-Moléson-Vudalla SA. De novembre à fin février, la station a compté 10% de premiers passages en plus que l’an passé. «C’est la troisième année que les installations continuent de fonctionner les week-ends durant l’automne. En novembre, nous avons fait autant de chiffre qu’en décembre.» Les abonnés Magic Pass constituent, comme l’an passé, 30% de la clientèle.

Moléson a vécu un mois de février record. «Il est rare d’avoir de la neige et quatre beaux week-ends ensoleillés.» Les vacances de carnaval, en revanche, ne seront pas terribles. «L’enneigement n’est pas top, le soleil n’est pas là et les gens ont déjà bien skié.» Le domaine sera néanmoins ouvert jusqu’au 24 mars. «Si la météo est bonne, nous pourrions ouvrir un week-end de plus.» CP/XS

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