Comptes flamboyants et ambitions touristiques

jeu, 16. mai. 2019
Les comptes 2018 ont permis de faire des provisions substantielles. De quoi réjouir l’Exécutif de la ville. ARCH. - A. VULLIOUD

PAR YANN GUERCHANIK

Le 27 mai, le Législatif bullois se prononcera sur les comptes 2018. Présentés hier à la presse par le syndic Jacques Morand et le responsable des finances Raoul Girard, ils constituent le plat de résistance d’un menu copieux. Le tour des cinq objets principaux.

COMPTES 2018

«Satisfaction totale» pour le Conseil communal. Alors que le budget prévoyait un «léger déficit» de 750 000 francs, l’exercice 2018 boucle sur un bénéfice de 660 000 francs, soit une amélioration de 1,4 mio. (total de charges de 143,5 mio) Pourquoi cette embellie? «D’une part, nous maîtrisons les charges qui n’enregistrent que 0,01% d’augmentation», se félicite le grand argentier Raoul Girard. «D’autre part, il y a une amélioration de plus de 8% du côté des recettes.»

En résumé, les impôts conjoncturels sont en très forte hausse: + 4,6 mio de francs pour l’impôt sur les personnes morales, + 1,8 mio pour l’impôt sur les mutations et les gains immobiliers, + 500 000 fr. pour l’impôt sur les prestations en capital, + 400 000 fr. sur les successions et + 240 000 fr. pour ce qui est de la contribution immobilière. Seule ombre au tableau: une diminution de 380 000 fr. du côté des impôts sur les personnes physiques. C’est la tendance ces dernières années. Le constat vaut d’ailleurs à l’échelle cantonale. «C’est que le canton de Fribourg nécessite un développement économique, relève Raoul Girard. Nous n’enregistrons pas la même croissance que nos voisins.» Ville-centre, Bulle attire par ailleurs davantage de personnes à l’aide sociale. En 2006, la commune dépensait quelque 800 000 francs pour l’aide sociale contre 2,9 mio aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit, l’exercice 2018 permet à la ville de provisionner près de 7 mio de francs et au Conseil communal d’afficher un large sourire. «Une provision de 3,5 mio pour les charges à venir liées aux restructurations de la Caisse de pension de l’Etat de Fribourg et une autre de 3,2 mio de fr. pour notre propre caisse de pension.»

Le 27 mai, les conseillers généraux devront se prononcer sur ce montant de 3,2 mio qui servira à garantir le niveau des rentes alors que la caisse de la ville de Bulle passera d’un régime de primauté des prestations à un système de primauté des cotisations (La Gruyère du 16 mars).

Notons encore qu’à la fin 2005, à la première consolidation des comptes de Bulle et La Tour-de-Trême fusionnées, la commune affichait 90 mio de dette nette contre 89 mio en 2018. «La dette est sous contrôle», commente Raoul Girard qui le dit d’autant plus assurément que la population bulloise est passée entretemps de 15 770 à 22 700 habitants. Non seulement la dette par habitant a baissé (entre 18 et 30% selon le type de dette prise en compte), mais Bulle a aussi investi massivement ces treize dernières années tout en étoffant son fonctionnement.

ÉGALITÉ SALARIALE

«La ville de Bulle respectet-elle l’égalité salariale entre hommes et femmes?» La conseillère générale socialiste Kirthana Wickramasingam avait posé la question en mai 2018. «A conditions égales, les femmes gagnent 3,8% de moins que les hommes, répond aujourd’hui l’Exécutif.» Soit en dessous du seuil de tolérance de 5%, appliqué par le programme equal-salary ainsi que dans le cadre des marchés publics. Dans le cas bullois, seuls 23% de cette différence ne peut pas être expliquée par des facteurs objectifs.

A titre de comparaison, l’ensemble du secteur public (Confédération, cantons et communes), affiche une différence salariale de 16,7% en moyenne et 35% de cette différence ne peut pas être expliquée. «Nous sommes donc très contents du rôle que remplit la ville de Bulle en tant qu’employeur», note Raoul Girard.

Pour mesurer l’égalité salariale, la commune a employé le programme gratuit Logib. Au vu de ces «excellents» résultats, elle n’envisage pas d’obtenir la certification equal-salary, à laquelle se conforme notamment la ville de Fribourg.

A noter que quatre postes de cadre sur 26 postes sont occupés actuellement par des femmes. «La proportion est de 15,38%. Avec l’engagement d’une femme ingénieure, cheffe du Service mobilité et travaux, et la création d’un nouveau poste de cheffe de section, avec la nomination d’une femme, le taux passera à 22,22% en 2019.»

ARRÊT MOBUL

Le conseiller général socialiste Erwan Keravec demandait en mai 2018 une connexion Mobul avec le quartier des Granges ainsi qu’un concept de mobilité par quartier. L’Exécutif s’est livré à un examen. «On constate aujourd’hui que 89% de la population possède une bonne qualité de desserte, relève le syndic. Le solde représente 2400 habitants et 65% d’entre eux bénéficient d’une desserte jugée satisfaisante par les instances supérieures.»

Jacques Morand indique toutefois que le quartier des Granges et celui du Carry figurent comme des parents pauvres en matière de transports publics. «Un sondage réalisé aux Granges n’en démontre pas moins un faible intérêt de la part des habitants du quartier. Quand bien même l’intérêt justifierait la création d’une ligne à un 1 million de francs, on ne parviendrait pas à atteindre les 20% de niveau de recettes nécessaires pour bénéficier de l’aide du canton.»

Pour remédier à la situation malgré tout, un arrêt supplémentaire sera mis en place sur la ligne 2 Morlon-Vuadens, à la hauteur de la rue des Colombettes. «Ce qui permettra d’améliorer le niveau de desserte pour 300 personnes.»

VILLE VERTE

En décembre dernier, le Vert Nicolas Pasquier et le démocrate-chrétien Yann Hofmann ont proposé au Conseil communal de rejoindre le programme Villeverte Suisse, soutenu par l’Office fédéral de l’environnement.

L’Exécutif y est favorable et propose de consacrer un montant de 15 000 fr. la première année et de 5000 fr. annuels par la suite pour obtenir cette certification. Entre autres, pour promouvoir la biodiversité en milieu urbain et mettre en application des objectifs de développement durable.

«On fait déjà beaucoup de choses, insiste Jacques Morand. La section parcs et jardins s’occupe de 2510 arbres, de 140 000 m2 de gazon, de 45 000 m2 de prairie maigre, de 37 000 m2 de haies et de 1600 m2 de parterres fleuris.» ■


Un statut pour permettre aux magasins d’ouvrir davantage

«Des centaines de milliers de touristes traversent chaque année notre commune, mais ne s’y arrêtent presque jamais» déploraient Valérie Schmutz et Eric Gobet en mai 2018. Dans leur postulat, les deux conseillers généraux PLR encouragent la commune à élaborer «une vision ambitieuse», notamment en développant le potentiel du Musée gruérien, du château et d’Espace Gruyère. Mais aussi en demandant l’appellation «ville touristique» et ainsi permettre aux acteurs économiques «des horaires élargis».

Avant tout, le Conseil communal entend poursuivre le travail «autour des marchés folkloriques, du jeudi, du samedi matin, de Noël, de la bénichon afin d’évaluer, sur le moyen terme, leur apport». Mais il se dit également prêt «à se mettre autour de la table avec le Groupement des commerçants Bulle – La Tour-de-Trême pour définir les différentes modalités en vue de demander au Conseil d’Etat le statut de site touristique saisonnier». Forte d’un tel statut, la commune pourrait retarder la fermeture des commerces à 22 h du lundi au samedi et autoriser leur ouverture le dimanche de 6 h à 20 h.

«Rien n’est encore fait, prévient le vice-syndic Raoul Girard. Tous les commerçants n’ont pas forcément l’intérêt d’ouvrir le dimanche. C’est généralement un périmètre qu’il convient de définir. Il faut bien étudier la chose.» Et le syndic Jaques Morand d’insister: «Cela doit se faire en étroite collaboration avec les commerçants. Un tel statut ne sert à rien si, au final, ils préfèrent ne pas ouvrir. C’est le début d’un joli chantier qui pourrait changer le visage commercial de la ville.» Un chantier aussi crucial que délicat. Qu’on pense au développement commercial lié à la future gare et au vif débat que suscite toujours l’extension des horaires d’ouverture des magasins.

Enfin, «l’accessibilité et la mobilité des visiteurs» vont être considérées dans le cadre du projet d’agrandissement du Musée gruérien. D’autre part, la commune fait partie du groupe de travail qui réfléchit à l’affectation future du château, propriété du canton. Quant à Espace Gruyère, «un important travail y est déjà fait afin de le relier au centre-ville». Bulle compte notamment sur la voie verte, à partir de la gare. YG

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