Je pose mon oreille…
… sur l’herbe coupée. Je ne m’attendais pas à un tel voyage. C’est ce grésillement, quand j’appuie mon oreille, ce petit chant de l’herbe coupée séchée sur le pré qui ouvre la porte aux souvenirs de foins, de granges, de jeux d’enfants et à leurs variations infinies. On était ivres de joie dans cette matière incroyable. Les foins, c’étaient notre trampoline d’aujourd’hui avec les risques du métier: tomber dans les mangeoires, se prendre le manche d’une fourche en pleine figure, étouffer dans les galeries fabriquées avec des bottes de foin, se faire engueuler par le propriétaire des lieux qui découvrait que sa grange s’était transformée en un repaire de pirates en herbe.
Est-ce que les vaches qui ont mangé le foin de nos jeux ont senti cette délirante allégresse qui…