Les politiques sont en effervescence. Ici, car les élections approchent. Là, parce qu’elles se profilent. Selon un rituel immuable, les promesses pleuvent, les engagements fusent, les meilleures volontés s’expriment. A l’extrême, le niveau général des discours se situe à la hauteur des talonnières. Les décisions urgentes dont tel groupe pourrait pâtir dans les urnes sont remises à plus tard. L’affichage public des partis présente des visages sympathiques, sauf celui de l’UDC qui opte pour une obscénité graphique. En cette année, cependant, l’écologie s’invite dans tous les débats, chacun dit en épouser les vertus, mais le manque de conviction, sinon une certaine gêne, sont bien présents. A ce propos, n’a-t-on pas observé, lors de la séance à l’ONU sur le sujet, des représentants gagnés par une lassitude ostentatoire, à des signes d’ironie inhabituelle dans cette enceinte. Gageons que ceux-ci étaient moins médisants ou dus à la cécité face au problème climatique, comme aime à le dire Nicolas Hulot, plutôt que significatifs d’un sentiment d’impuissance. Mais n’accusons pas les politiques de tous les maux. Concevons que leur pouvoir est limité en regard de celui de groupes de pression. Là encore, retenons l’expérience de Nicolas Hulot, ancien ministre français dans le Gouvernement Macron, un Hulot vaincu dans sa détermination écologique par le lobby nucléaire et celui bien compromettant des chasseurs. En va-t-il différemment en Suisse? Que nenni! Prenons pour preuve la décision du Conseil des Etats d’imposer une taxe sur les billets d’avion. Elle porte la marque d’un «mitage» discret, à tout le moins, quant à la répartition du produit: la moitié distribuée à la population, puis… à l’économie, 50% versés au fonds sur le climat. La raison voudrait qu’il fût dans sa totalité attribué à l’écologie. Quoi qu’il en soit, selon la majorité au Conseil national issue des urnes, ce projet, dont il débattra, pourrait encore être davantage vidé de sa substance.
Il est certainement vain d’espérer une rupture dans le futur avec ces pratiques nocives ou croire que, dans ces conditions, on évitera le naufrage. Clovis Colliard Châtel-sur-Montsalvens