Je pose mon oreille…
… sur le brouillard. Et c’est étrangement lumineux. Silencieux. Lumineux. Je cligne des yeux. Je cligne des oreilles. C’est un silence plein. L’espace est tenu par la vapeur d’eau. C’est le bal des gouttelettes. Invisibles, visibles. Elles s’assemblent au gré des courants, se révèlent dans des filets de brumes qui vaquent à leur occupation favorite: cacher, entourer, délaisser, revenir, repartir. Le jeu des voiles. Qui me révélera sous peu le Moléson, grandiose dans sa position de gisant des neiges.
Pulvérisées ces idées reçues: moche le brouillard, déprimant, collé aux seules basques de la Broye. A l’abri sous le parapluie, je suis en Gruyère, dans un alpage de Vuadens, je monte la pente, là où mes bottes me portent. Je suis un chemin discret dans la forêt,…