Décès de Laurent Haymoz, un des acteurs principaux du renouveau

| lun, 04. fév. 2013
Le Riazois, président du club, est décédé d’un infarctus à Majorque alors qu’il faisait du vélo.

Le dirigeant. A la tête du club depuis 2010, il est un des principaux acteurs du redressement.
L’homme. Ceux qui le connaissaient voient en lui une personne moins dure qu’il ne l’a parfois laissé croire.

Laurent Haymoz n’a jamais tenu en place. Le week-end dernier, il se trouvait à Majorque pour aligner les kilomètres à vélo. Mais, dimanche, le Gruérien a été stoppé net, terrassé par un infarctus alors qu’il effectuait une sortie.
Un coup de tonnerre dans l’environnement du club, mais aussi dans tout le canton. Sur le forum de Fribourg-Gottéron, les messages de sympathie ont rapidement afflué.
Né le 10 août 1946, Laurent Haymoz avait 66 ans. Il était officiellement à la retraite depuis le 1er septembre 2008, après quarante et un ans passés dans la finance, dont une quinzaine à la Banque cantonale de Fribourg (BCF). Parti au bas de l’échelle, avec un CFC dans la poche, le Riazois terminera d’ailleurs sa carrière comme numéro 2 de l’établissement.
La retraite? Un terme à géométrie variable. Après un tour du monde en compagnie de son épouse, le voilà de retour aux affaires en juillet 2010 pour reprendre les rênes de Fribourg-Gottéron.
Mais pour trouver l’origine de son attachement au club, il faut remonter aux années 1980. Jeune homme, Laurent Haymoz a connu la patinoire des Augustins et l’ascension en LNA, avant de découvrir une décennie plus tard la magie de l’ère Bykov/Khomutov.
En 2000, encouragé par le directeur de la BCF Albert Michel, il entrait à la commission financière de Fribourg-Gottéron au côté de son ami, Daniel Baudin. Et en 2006, alors que le club, étranglé par les dettes, est au bord du gouffre, c’est le duo Baudin/Haymoz qui reprend la barre. Comme le confie le Riazois à La Gruyère en octobre 2010, il y avait à cette époque «un bordel invraisemblable».

Avec son ami Daniel Baudin
Avec le soutien inconditionnel de la Banque cantonale de Fribourg – on parle d’un montant de 2,5 millions de francs pour l’assainissement – le nouveau conseil d’administration redonne vie au club. Le début d’une nouvelle époque. Sur la glace aussi, tout change. Après avoir frisé la LNB en 2005, le dragon reprend son envol et regarde enfin vers le haut. En quelques années, le budget du club bondit de 6,5-7 millions de francs à 13 millions. Aujour­d’hui, Fribourg-Gottéron est en tête du championnat et se met à rêver du titre national. Ce serait une manière élégante de rendre hommage à titre posthume à son président.
Car en juillet 2010, quand Daniel Baudin se retire, c’est forcément son compère Laurent Haymoz qui reprend le flambeau. Homme de chiffres, pragmatique, le Gruérien ne tarde pas à imposer son style… Egalement directeur général, il crée le tollé en augmentant le prix des abonnements avant même d’entrer en fonction!  Mais, l’homme en est sûr, pour grandir et grimper dans la hiérarchie, Fribourg-Gottéron doit passer par là.

L’affaire Pelletier
Il y a des hauts et des bas au gré, bien sûr, des résultats sportifs. Au printemps 2011, par exemple, le club décide de se séparer de Serge Pelletier. Les coups pleuvent sur la tête de Laurent Haymoz. L’entraîneur canadien dit avoir signé un nouveau contrat de deux ans, tandis que le président assure qu’il ne s’agit que d’un an. Sans preuve à brandir, Pelletier rend les armes, tandis que Laurent Haymoz s’affirme comme l’homme fort de Saint-Léonard. Il confie l’équipe à Hans Kossmann qui, comme lui, a fait l’essentiel de sa carrière comme numéro 2. Un choix accueilli avec scepticisme, mais qui s’avère gagnant. En coulisses, le Gruérien redonne des bases solides au club.
«Je suis dur, c’est vrai, mais juste. Si je n’ai pas un problème par jour à régler, je suis malheureux», avait-il coutume de dire. Laurent Haymoz ne cherchait pas à plaire à tout le monde, même si les critiques l’affectaient probablement plus qu’il ne le laissait paraître.
Laurent Haymoz laisse derrière lui son épouse et deux enfants. A tous ceux qui l’ont connu et apprécié, La Gruyère dit sa sympathie émue.

 

«Pas un président facile à remplacer»

Réactions. Quel dirigeant était-il? Etait-il aussi intransigeant qu’il le laissait paraître? «Dans une fonction comme il avait à la banque ou à Fribourg-Gottéron, il est nécessaire de savoir où l’on va, de ne pas se laisser submerger par les émotions. Parfois, il faut être dur», convient Raphaël Berger, directeur général du club. L’ancien défenseur de Gottéron reconnaît que Laurent Haymoz lui a beaucoup appris. Les deux hommes se connaissent depuis sept ans et travaillent main dans la main depuis plus de trois ans.
Raphaël Berger a d’ailleurs remplacé Laurent Haymoz comme directeur général. «Il avait une grande force de travail et la volonté d’être concret, poursuit Berger. Quand il promettait quelque chose, il s’y tenait. Il a restructuré le club. Depuis l’arrivée du nouveau conseil d’administration, en 2006, on regarde l’avenir plus serei­nement.»
Pour Daniel Baudin, président du conseil d’administration de 2006 à 2010, Laurent Haymoz n’était pas forcément celui qu’il laissait voir. «Son côté dur, c’était pour la façade. Ceux qui le connaissaient bien savent qu’il avait beaucoup de cœur. ll était très famille, très lié à ses amis.»
Daniel Baudin encaisse le coup: «J’ai avant tout perdu un ami que je connais très bien. A l’époque, il travaillait à la banque et moi pour la fiduciaire. Tout ce qu’on a fait pour Fribourg-Gottéron, on l’a fait ensemble. Mais notre amitié dépasse largement l’aventure Gottéron.» Daniel Baudin et Laurent Haymoz ont toujours été inséparables: en 2000, ils entrent main dans la main dans la commission financière du club. Tout comme ils intègrent d’un même élan le conseil d’administration en 2006, au moment du sauvetage du club: Baudin comme président et Haymoz comme responsable des finances. «On a toujours fait les choses ensemble. Sans lui, je n’y allais pas et sans moi, il n’y allait pas non plus.» Daniel Baudin n’en revient pas que cet ami si «fit» se soit éteint. «Il me charriait toujours sur mon poids, en me disant que, si je ne faisais rien, j’aurais des problèmes. Et c’est son cœur qui n’a plus voulu. Preuve que personne n’est à l’abri.»
Conseillère d’Etat en charge de l’instruction publique, de la culture et des sports, Isabelle Chassot revient sur les qualités de Laurent Haymoz. «J’ai d’abord eu affaire à lui quand il travaillait à la Banque cantonale de Fribourg. C’était quelqu’un d’agréable et de toujours très bien préparé. Il laissait peu de chose au hasard.»
Isabelle Chassot est elle-même fan de l’équipe. «Le Conseil d’Etat a été très peiné et très choqué en apprenant cette nouvelle. Nous disons notre profond chagrin à sa famille et nous lui adressons nos sincères condoléances.» Elle revient sur le travail qu’il a effectué pour le club: «Nous sommes convaincus qu’il a mis en place des structures solides et durables. Ce ne sera pas un président facile à remplacer.»
A ce sujet, le club ne se prononce pas quant à un éventuel successeur. Il précise qu’un conseil d’administration aura lieu aujourd’hui.
 

Jérôme Gachet

Commentaires

En plus de la joie de vivre qu’il communiquait, de sa gentillesse et de sa disponibilité, Laurent était un actif pour qui toute entreprise nécessitait de se donner à fond mais avec réflexion et intelligence. Tu nous manqueras longtemps, Laurent. Nos pensées pour Dora et ses enfants. marcel et ouane

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