Leur dernière saison aux Mossettes

| sam, 11. avr. 2015
Les tenanciers de La Pinte des Mossettes Virginie Tinembart et Georgy Blanchet
Les tenanciers Virginie Tinembart et Georgy Blanchet viennent d’entamer leur cinquième saison à La Pinte des Mossettes. Et sera la dernière. Ils entendent se lancer dans un nouveau projet: une cuisine plus abordable dans un établissement plus proche de la ville.

Par Yann Guerchanik

«On arrête le 8 novembre. Nous souhaitons nous rapprocher de Bulle ou de Fribourg, confie Pierre-Joël Blanchet, dit Georgy, qui tient la Pinte des Mossettes en couple avec la cuisinière Virginie Tinembart. Quelques propositions nous ont été faites, mais nous sommes difficiles. Parce qu’on veut tout à la fois!» Et ce que les tenanciers désirent par-dessus tout, c’est la possibilité d’ouvrir toute l’année.


«Il faut extrêmement bien travailler pour vivre d’une affaire qui ne tourne que six mois par an», explique Georgy Blanchet. Une situation précaire. «En juillet et en août derniers, nous avons enregistré une baisse de 30%.» La faute à une météo exécrable, mais pas seulement. «Les gens se déplacent de moins en moins, notamment pour des questions de consommation d’alcool.»


Est-ce à dire que la table réputée loin à la ronde semble de plus en plus lointaine? C’est qu’il faut monter à Cerniat et parcourir encore six bons kilomètres dans la vallée du Javroz pour parvenir jusqu’à la Pinte des Mossettes. A mesure que l’offre s’étoffe dans les centres urbains, les bonnes auberges excentrées doivent redoubler d’efforts pour attirer les clients.


Georgy Blanchet avance encore un autre élément d’explication: «Les habitudes ont changé. Les gens recherchent une cuisine plus simple et, surtout, plus abordable. Quand bien même ils dépenseraient autant dans n’importe quel bistrot pour deux entrées, un plat et un dessert, il y a une certaine barrière psychologique.»
 

Sale temps pour les gastros
Le même son de cloche a retenti à Charmey, il y a deux mois à peine, lorsque l’Hôtel Le Sapin a renoncé à son restaurant gastronomique (La Gruyère du 12 février). L’établissement s’est même délesté d’une étoile Michelin pour privilégier une cuisine plus abordable. La demande faisait tout simplement défaut pour faire tourner un tel restaurant dans la région, confiait alors le directeur Sébastien Bonvin.


La tendance est générale selon Georgy Blanchet. Ancien maître d’hôtel à la Colombière de Lully (GE) et ancien commercial chez Lucas – le plus ancien marchand de poissons de Genève – il connaît tous les grands noms de la cuisine: «Mis à part quelques-uns, tous les gastros souffrent plus ou moins.»


Reste que l’institution de Cerniat, érigée par Judith Baumann dans les années 1990, affiche toujours un succès tant critique que public. Arrivés en 2011, les nouveaux tenanciers ont su se constituer «une belle clientèle» et décrocher un 15 sur 20 au Gault et Millau. «Si nous avons très bien travaillé la première année, nous ne voulions pas prendre le risque d’embaucher six personnes en cuisine et quatre en salle. On a commencé petit et il y a eu quelques déceptions. Mais aujourd’hui, nous sommes rodés.»


Suffisamment pour se lancer dans un projet qui serait «entièrement» le leur. «Judith a passé vingt ans à la Pinte des Mossettes. Pour ma femme, cela n’a pas été facile de s’approprier un établissement qu’elle n’avait pas créé.» Couronnée de prestige, l’auberge des hauts de La Valsainte est animée par un état d’esprit que ses propriétaires genevois Isabel Guerdat et Philippe Wenger entendent bien perpétuer.


«Ce ne sera pas forcément évident de trouver des successeurs, explique ce dernier. Nous ne pouvons pas nous contenter des premiers tenanciers venus.» Les propriétaires planchent par ailleurs sur un développement de chambres d’hôtes.
 

Nouveaux menus
Quant à Virginie Tinembart et Georgy Blanchet, c’est d’un nouveau restaurant ou même d’une table d’hôtes dont ils rêvent. De celles qui ouvriraient même en hiver. «Nos clients bullois nous disent qu’il manque dans leur ville un établissement comme le nôtre», glisse Georgy Blanchet.


Le 3 avril, le couple n’en a pas moins dévoilé ses nouveaux menus avec enthousiasme. Gigot d’agneau de lait cuit au foin, gnocchi de ricotta au tussilage ou encore île flottante à la truffe de Fribourg donneront à cette dernière saison un goût d’apothéose.

 

Commentaires

Nous avons eu l'immense bonheur et faire partie des derniers convives... Où sont-ils?

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses