«Je n’ai pas de temps à perdre avec les gens pas motivés»

| jeu, 19. mai. 2016

Depuis qu’il a repris les rênes du FC La Tour/Le Pâquier l’été dernier, Patrick Da Silva est passé par tous les états d’âme. Mais, depuis ce printemps, l’équipe montre sa vraie valeur et devrait se maintenir sans problème en 2e ligue inter. A 32 ans, alors qu’il vient de prolonger du côté de la Ronclina, le Portugais d’origine retrace son parcours.

PAR JONAS RUFFIEUX

Pour cette interview, pas moins de 28 questions avaient été soigneusement préparées. De son statut d’entraîneur du FC La Tour/Le Pâquier à ses débuts footballistiques, en passant par sa personnalité et sa manière de voir les choses: Patrick Da Silva allait être bombardé. Au final, le décompte fut simple: après une première longue réponse, l’entraîneur avait traversé sans le savoir les 22 autres questions. Inspiré par l’évocation de sa passion, le coach a spontanément détaillé son parcours footballistique, d’un bout à l’autre du canton, et avec des fortunes diverses. Avec émotion, toujours, et une ambiance décontractée qu’il a tenu à instaurer.


Champion de Suisse M15
Le Portugais d’origine a vu le jour à Fribourg et découvert les joies du football dans les mouvements juniors de Villars-sur-Glâne, Marly, puis Fribourg. Sélectionné dans le Team AFF, il devint champion de Suisse des M15, avec comme coéquipiers Yannick Zaugg et Lucas Schneuwly, notamment. Fort de ce titre, l’ailier rejoint à 17 ans déjà la première équipe du FC Fribourg. «Je n’ai pas disputé une seule minute durant les six premiers mois. Puis, la première fois que j’ai été aligné d’entrée, c’était pour un match de Coupe face à Saint-Gall, alors champion de Suisse. Je me souviens que, dans les buts, c’était le gardien titulaire de l’équipe nationale...»
Son temps de jeu évolue et Patrick Da Silva connaît alors ses plus belles années sous la direction de Philippe Perret. «C’était l’époque où Bulle jouait en Challenge League. Je voulais me montrer.»


Sans club à 22 ans
Le téléphone se met à sonner et le jeune homme reçoit plusieurs propositions. Mais aucune émanant de Bouleyres. Il se tourne alors vers Payerne et la 2e  ligue inter. A la reprise printanière, alors que les résultats ne suivaient pas la courbe espérée, les joueurs sont invités à parler ouvertement avec l’entraîneur. Conséquence pour le futur Tourain: un licenciement. «Sans demander notre son de cloche, le comité s’est séparé de moi. La période des transferts terminée, je me suis retrouvé sans club. Une première.»
Bulle lui propose de s’entraîner avec la première équipe, avant de l’intégrer officiellement la saison suivante. «Mais le coach ne comptait pas sur moi et voulait me placer en 2e ligue inter. J’ai donc rejoint La Tour/Le Pâquier, qui venait de monter en 1re ligue. J’y ai vécu une saison exceptionnelle, dans un environnement excellent. En plus, nous gagnions tous les derbys contre Bulle et j’étais à chaque fois décisif», sourit-il.
La saison suivante est plus difficile. Après le départ de plusieurs cadres, le club est relégué. «Le coach Yves Bussard voulait me garder dans le but de remonter rapidement en 1re ligue, mais j’ai reçu un appel de Fribourg. Ce fut un choix compliqué. Mais j’ai décidé de boucler la boucle et de retourner dans mon club formateur. Même si j’étais triste de décevoir Bussard.»
L’arrivée à Saint-Léonard est plus ardue que prévu. Une blessure et aucune place pour lui sur le terrain obligent Patrick Da Silva à aller voir ailleurs, à Romont plus précisément. «J’étais dans une période difficile de ma vie. Sébastien Zambaz, le coach, m’a convaincu. Seulement, quand tu viens de ligue supérieure, les gens croient que tu vas forcément faire la différence. Je n’ai pas été le renfort attendu.»
L’année suivante est marquée par une blessure au tendon d’Achille et plusieurs mois d’arrêt. Au terme de la saison, il reçoit une offre de la réserve de Fribourg, pour aller coacher une équipe principalement portugaise, pour les six dernières rencontres. «Ils n’avaient obtenu aucun point et la relégation était inévitable. Nous avons tout perdu, sauf le dernier match. Bien que relégués, les joueurs m’ont porté sous la douche comme un héros», rigole-t-il.
Arrive une proposition de son frère: former une équipe de copains à Givisiez, en 4e ligue. «A 28 ans, j’étais entraîneur-joueur. C’est un équilibre émotionnel difficile à trouver. Mais j’ai retrouvé du plaisir et nous sommes montés en 3e ligue, où nous jouions le haut de classement. C’est à ce moment que les dirigeants de La Tour/Le Pâquier m’ont appelé sans que je demande rien.»
Si «l’accueil est très bon» en Gruyère, les doutes surviennent très tôt, avec un premier tour très en deçà du potentiel tourain. «Nous avons dû faire face à une hécatombe de blessés. Nous étions sous la barre, j’entendais les critiques des gens.»


Contrat prolongé
Pour Da Silva, la clé du succès passe par la cohésion. Bénéficiant du soutien des dirigeants, le coach tente de souder le groupe en organisant une sortie d’équipe à Prague pendant la pause hivernale. Un détail qui fait la différence aujourd’hui. «On a gagné en crédibilité. Je suis convaincu que la qualité d’un homme ressort seulement si le groupe est fort. On a créé un noyau intéressant.» Les résultats suivent et La Tour/Le Pâquier est en passe d’assurer son maintien en 2e ligue inter, après avoir vécu de longs mois sous la barre. L’entraîneur vient d’ailleurs de prolonger son contrat à la Ronclina pour une saison supplémentaire.
Patrick Da Silva se décrit comme une personne franche, qui aime la proximité avec les gens. Très exigeant, il n’a «pas de temps à perdre avec ceux qui ne sont pas motivés, qui ne sortent pas de leur zone de confort». Patrick Da Silva est un homme de défis. Ça tombe bien, entraîneur de foot en est un au quotidien.

 

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Sans sifflet ni crampons
Patrick Da Silva se définit comme ayant trois axes: la famille, le monde professionnel et le football. De lui, on ne connaît que la troisième partie. Comment se définit-il en dehors des pelouses? «Je suis un homme joyeux, qui aime la vie. J’ai des valeurs ancrées, je sais d’où je viens. J’essaie de donner beaucoup d’amour, j’aime les gens. Entier, je dirai les choses comme je les ressens.»


Une passion pour le Sporting de Lisbonne
S’il avoue sa passion pour le foot et le Sporting Club de Lisbonne, l’agent général dans une assurance-maladie se dit multisportif. «J’aime Fribourg-Gottéron, par exemple. Je regarde aussi beaucoup le tennis, le cyclisme, etc. Je me réjouis des JO cet été. Ma femme un peu moins, peut-être… » rigole celui qui se mariera religieusement prochainement au Portugal. L’habitant de Givisiez sourit en évoquant son «autre hobby», sa famille. «C’est une ressource phénoménale. Mon fils me fait craquer.» L’avenir, il l’espère comme le présent. «Pourvu que moi et ma famille gardions la santé. En fait, j’adore ce que je fais, je ne veux rien changer. Si ce n’est me lancer dans de nouveaux défis. J’aime sortir de ma zone de confort.» JR

Commentaires

Bravo,et bon courage.

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