PAR KARINE ALLEMANN
L’Association suisse de football compte 135000 juniors. Alors, quand deux formations du Team la Gruyère se qualifient pour les finales suisses du championnat inter (ou juniors Coca-Cola League), on mesure l’exploit, tellement le chemin est long et difficile pour avoir l’honneur d’affronter les meilleurs.
Et, dimanche, en terres zurichoises, les jeunes footballeurs gruériens ont fait mieux que de la figuration. Si les inter A ont été éliminés au terme de la journée de samedi (une victoire, deux défaites), les inter B se sont classés 4es.
Pour Jacques Thalmann, responsable sportif des juniors du FC Bulle, qui gère les équipes du Team la Gruyère, ces résultats qualifiés d’historiques ne doivent rien au hasard. Et l’explication est multiple. «D’une part, nous avons eu la chance de compter sur des entraîneurs de qualité (n.d.l.r.: Hervé Bochud pour les inter B, Jérôme Dupasquier et Cédric Klaus pour les inter A). Malheureusement pour nous, Hervé va d’ailleurs reprendre Farvagny.»
Pour le dirigeant bullois, la nouvelle politique de formation pratiquée à Bouleyres a aussi joué son rôle. «Il y a une grosse émulation. Désormais, les jeunes voient que des portes s’ouvrent en première équipe. Des inter A ont déjà évolué en 1re ligue, et des inter B en ont fait de même en inter A. Ça se bouscule vers le haut. Enfin, les équipes ont pu profiter d’un bon encadrement mis en place par Frédéric Ayer, notamment avec des entraînements spécifiques.» (les entraîneurs des deux équipes étant démissionnaires, ils seront remplacés la saison à venir par Gaettano Schiliro pour l’équipe A et David Cabero pour les B).
Forcément, de tels résultats rejaillissent de manière positive sur le FC Bulle, résolument tourné vers la formation depuis sa reconstruction. «C’est une belle valorisation du travail effectué», acquiesce Jacques Thalmann. De quoi renforcer encore l’idée de collaboration avec les clubs alentours. «Quand on forme ces jeunes, on le fait en collaboration avec les autres. Ce printemps, Mathieu Parisod a pu évoluer avec La Tour/Le Pâquier alors qu’il est encore en âge junior. Dès cet été, plusieurs inter A devraient d’ailleurs aller jouer avec La Tour, Gumefens/Sorens et Romont.»
Pour rappel, le FC Bulle consacre un budget de 175000 francs à sa section juniors, qui compte quasiment 380 jeunes. Alors, quand les dirigeants bullois ont découvert les installations de Schwamendingen, dans la banlieue zurichoise, ils ont eu de quoi se pâmer de jalousie… «La ville de Zurich a investi 55 millions sur le site, qui comprend quinze terrains de foot, dont cinq synthétiques!» s’enthousiasme Jacques Thalmann.
Au fait, où en est l’idée d’un aménagement de Bouleyres avec la construction de deux terrains synthétiques sur les emplacements 3 et 4? «Elle fait son chemin, assure le responsable du FC Bulle. Il y a eu une interpellation du Conseil général envers le Conseil communal. Je crois que, maintenant, il est acquis qu’il faut séparer le projet de Centre sportif régional et celui de Bouleyres. Car, rien que pour le foot et l’athlétisme, si nous ne devions utiliser que le futur Centre régional, les deux clubs monopoliseraient les installations!»
Des nouveaux terrains, vite!
L’été dernier, le FC Bulle avait dû mettre des enfants sur liste d’attente tellement les possibilités d’entraînement manquaient. Un comble, à une époque où médecins et politiques s’associent pour encourager la pratique du sport chez les jeunes. «Lors de notre dernière rencontre avec les conseillers communaux bullois, ils nous ont dit qu’on ne pouvait pas refuser l’accès au foot à des enfants. Car c’est le sport le plus populaire et le moins cher qui soit. Ils nous ont donc promis de tout mettre en œuvre pour nous permettre d’accueillir tout le monde dans un futur proche.» Et quelle peut être la durée du «futur proche»? La question fait sourire Jacques Thalmann: «On verra bien si tout le monde a la même notion de temps…»
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Hervé Bochud: «Je suis très fier d’eux»
A la tête de l’équipe inter B, l’ancien joueur professionnel Hervé Bochud vivait sa première expérience d’entraîneur. «Mes joueurs ont réalisé une saison exceptionnelle. Déjà, personne ne nous attendait à la tête de notre groupe. Ensuite, lors des finales, nous n’avons jamais perdu sur le terrain, puisque nous nous sommes inclinés deux fois sur penaltys. Je suis très fier d’eux, par rapport à tout le travail qu’ils ont fourni.»
Samedi dernier à Schwamendingen, l’équipe a démarré par un match nul 0-0 face à Baden, une victoire 3-1 face à Rapid Lugano, puis un résultat nul 1-1 face à Oerlikon synonyme de qualification pour la demi-finale. Le lendemain, c’est aux penaltys qu’ils se sont inclinés face à Meyrin, avant de perdre la 3e place, aux tirs au but, face à Baden. «L’équipe a vraiment disputé de belles finales, souligne Hervé Bochud. Avec les penaltys, on ne maîtrise pas tout. Il y a beaucoup d’émotion.»
Sans forcément l’annoncer en fanfare, l’entraîneur avait placé la barre très haut cette saison. «J’ai toujours essayé de leur faire dépasser leurs limites. En tout cas, les limites qu’ils se fixaient dans leur tête. Mais on l’a fait avec humilité. Ils se sont rendu compte qu’on peut toujours aller plus haut qu’on ne le croit.»
Les deux dernières semaines notamment, l’équipe a bien préparé son rendez-vous zurichois. «Nous sommes même allés à Fribourg pour nous entraîner sur le terrain synthétique, histoire de nous habituer. On travaille depuis le 24 janvier. La saison a été longue, mais les joueurs ont été récompensés de leurs efforts.»
Domicilié à Bienne et employé par le syndicat des joueurs, l’ancien professionnel a donc entamé tambour battant une nouvelle carrière. «On ne sait jamais à l’avance si on est fait pour ça, ou non. En tout cas, j’ai vécu cette première expérience avec plaisir et passion. Ce qui est le plus important, puisque c’est de la passion qu’on doit transmettre aux joueurs.»
Le Franco-Suisse débute dès cet été une nouvelle aventure avec Farvagny, en 2e ligue. «Un challenge différent, mais tout aussi intéressant.» KA
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