PAR KARINE ALLEMANN
Défait mercredi à Attalens dans un bien triste match, le FC Broc doit s’imposer ce samedi face à Léchelles (18 h) pour rester dans le coup. Privée de quatre joueurs, l’équipe aura besoin de son bel état d’esprit pour faire tomber l’ogre broyard. Alors que le club a tout mis en place pour organiser une belle fête pour ces deuxièmes finales consécutives de 3e ligue, on a réuni les cinq piliers de l’équipe, que l’on s’est amusé à identifier à des superhéros de comics. Tous s’accordent à relever l’esprit de village qui règne au club, l’importance de leur public «de feu, mais intransigeant parfois», le comité dynamique et les nombreux bénévoles. «C’est toute une communauté que l’on retrouve autour du terain. En faire partie est une belle satisfaction», souligne Grégoire Pasquier. Le premier à se présenter.
Grégoire Pasquier, l’infranchissable homme de pierre
Dur sur l’homme, impressionnant dans le duel et d’une mentalité acharnée de gagneur, Grégoire Pasquier (28 ans) est le défenseur type. Dans l’équipe, on le surnomme l’Allemand. «Je suis arrivé à Broc il y a huit ans et je rentrais d’un séjour linguistique en Allemagne. Ma rigueur collait assez bien au surnom. En fait, mon caractère correspond totalement à mon poste sur le terrain. Si je devais jouer devant, je n’aurais pas la folie des attaquants.»
Bientôt papa, le latéral domicilié au Pâquier est fier de la saison en cours. «En championnat, on a perdu deux matches sur 22, avec un goalaverage incroyable et une superbe ambiance d’équipe. Jusqu’à mercredi soir, c’était un conte de fées…»
L’Ironman Mathieu Murith, cerveau et poumon de l’équipe
Chaque équipe a besoin d’une plaque tournante. Infatigable récupérateur de ballons et dépositaire du jeu brocois, Mathieu Murith est un «chocolatier» pure souche, même s’il est désormais domicilié à Bulle. Le laborant en chimie de bientôt 26 ans travaille au centre de recherche Nestlé. Ses coéquipiers conviennent que le personnage d’Ironman – spécialiste de technologie et des super pouvoirs qu’il ne doit qu’à son ingéniosité – lui convient plutôt bien. Après six ans en inter et une saison à Gumefens/Sorens, le milieu porte les couleurs brocoises depuis sept ans.
«Il faut dire ce qui est. Mathieu a tout: rapidité, technique, vivacité… En plus, il joue simple et juste», apprécie Julien Horner, tandis que les autres acquiescent. Au moment d’évoquer les éventuels défauts de Mathieu Murith, le silence s’installe… «Il court comme sur des œufs! trouve enfin Horner. C’est quand même étonnant de voir un mec avec autant de présence physique qui court sur la pointe des pieds…»
Sa plus grande fierté? «Le titre de champion de 2e ligue avec Gumfens/Sorens, répond Mathieu Murith. Et puis, lors de ma première saison à Broc, on ne comptait que cinq points à Noël. Les “starlettes” de l’équipe sont parties et on a réussi un magnifique deuxième tour.»
Julien Horner, vif comme l’éclair dans son couloir
«Ma tâche sur le terrain? Courir comme un blaireau (rires)!» Après un «passé» d’attaquant, Julien Horner occupe désormais le couloir droit. «Je dois aller chercher les ballons en profondeur, amener de la vitesse et des centres, et piquer vers le but quand il y a de la place.» L’expression «vif comme l’éclair» le prédestinait à jouer Buzz l’éclair dans ce comics brocois.
Un défaut? «Son acharnement à dire qu’il est nul», note tout de suite Mathieu Murith. Et Julien Horner de reprendre: «Ce que je ne peux pas faire sur un terrain, c’est simuler. D’une part parce que je trouve ça nul, et aussi parce que je ne sais pas le faire. La preuve: les deux fois où je me suis laissé tomber, j’ai pris un carton pour simulation…»
Sa pire bourde? «Le nombre incalculable de buts vides que j’ai manqué. De quoi être hanté bien quelques semaines!»
L’ingénieur en énergie électrique de 25 ans – «solidement célibataire» – s’est blessé à la cuisse mercredi. Il est incertain pour la suite. Excepté une parenthèse à Gumefens/Sorens où il a gagné le titre de champion de 2e ligue et un arrêt de 18 mois après une blessure, ce pur Brocois a toujours évolué aux Marches.
Jérémy Schouwey, quand Superman met le feu
«Ce que Jérémy ne sait pas faire? Temporiser. C’est un mot qu’il ne connaît pas», rigole Mathieu Murith. Le plus jeune des cinq piliers (20 ans) a pour mission de mettre le feu et d’apporter de la vitesse. «Et puis, c’est notre meilleur buteur!», apprécie Horner. Jérémy Schouwey a en effet inscrit 16 buts cette saison. Tous s’accordent à dire que Superman lui convient plutôt bien.
Sa plus grande fierté? «Jouer les finales devant beaucoup de monde, répond l’étudiant en pédagogie. J’ai pu marquer un joli but lors du premier match et le célébrer devant notre public.» Ce qu’il ne pourra pas faire ce soir, Jérémy Schouwey ayant été expulsé mercredi à Attalens. «C’est la première expulsion de toute ma carrière. Et dire que je n’avais même pas fait faute. Mais je n’aurais pas dû applaudir l’arbitre quand il m’a mis le carton…»
Yannick Bürgisser, tentaculaire homme à tout faire
Yannick Bürgisser a longtemps été un joueur offensif. «Et puis, j’ai moins marqué. Alors on m’a reculé. Depuis, je n’arrête pas de reculer!» Associé à Lionel Pasquier dans l’axe, il forme la meilleure charnière centrale de 3e ligue. «Il ne va jamais abandonner le match. Et il est très complémentaire avec Lionel», présente son meilleur ami Mathieu Murith. Julien Horner abonde: «Dur sur l’homme, avec ses longs bras il est tentaculaire.» De quoi l’associer à l’homme araignée, qui prend tout le monde dans ses filets.
Sa plus grande fierté? «Mon triplé lors d’un match face à Haute-Gruyère, notre ennemi juré, savoure Bürgisser. Ça ne s’oublie pas.» Son défaut? «Il est très impulsif, souligne Grégoire Pasquier. Par le passé, il s’est pris beaucoup de cartons jaunes et rouges. Mais il s’est bien assagi.»
Arrivé «incognito» à Broc il y a sept ans, l’employé de commerce de presque 26 ans s’y sent comme chez lui. «J’ai très vite été intégré. Et puis, je sors avec une fille du village. Je suis quasiment brocois! Je fais partie du comité depuis deux ans. C’est le club que j’aime, pour le meilleur et pour le pire. On y prend le foot au sérieux, mais en appréciant tout ce qui va autour.»
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Quand un match part en vrille
Finales de promotion. Drôle et triste spectacle constaté mercredi soir lors de l’acte II des finales de 3e ligue. Le match Attalens-Broc est parti en vrille alors même que la rencontre se déroulait de manière plutôt fair-play entre les deux formations. Malheureusement, l’arbitrage inconstant et émotionnel de M. Di Cico a fait déraper une situation qu’il n’a à aucun moment contrôlée. Résultat: trois expulsés côté brocois, un pour Attalens. Mais, surtout, l’impression que ces deux belles équipes de foot auraient mérité un arbitrage à leur niveau.
Et ce, d’autant plus que l’enjeu était de taille entre deux prétendants à la promotion. Mais si Broc s’est créé les deux plus belles occasions en début de match par Dias et Schouwey, c’est Attalens qui a ouvert la marque par Cando (16e, 1-0). La suite? Un match techniquement très intéressant, deux beaux sauvetages du gardien brésilien d’Attalens Nascimento et une égalisation de Dias qui relançait totalement les affaires brocoises (75e, 1-1). Mais les errements de l’arbitre – notamment au moment de désigner le remplaçant brocois qu’il avait expulsé – n’ont pas calmé les esprits autour du terrain. Et Attalens a beaucoup mieux géré cette fin de match, Mwamba classant l’affaire en marquant deux fois (83e et 93e).
Mais on n’allait pas en rester là, avec un nouveau carton rouge adressé au gardien Benoît Rumo au moment des salutations, pour avoir interpellé l’arbitre sur un penalty non sifflé en fin de match. «Sur le terrain, on n’a rien compris, soupire Julien Horner. C’est devenu fou, alors qu’il n’y avait aucun problème entre les joueurs. Reste maintenant à gagner les trois prochains matches. Avec le banc qu’on a, on en est capables.»
De son côté, l’entraîneur veveysan Heriberto Fernandez appréciait: «On a eu un peu plus de chances que Broc, mais on a beaucoup travaillé pour aller chercher cette victoire.» Fort des trois points obtenus, Attalens reçoit l’invaincu Ueberstorf, ce samedi à 20 h. KA
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