Ils évaluent en Amérique les filles de leurs futurs taureaux

| mar, 19. juin. 2012
Swissgenetics évalue chaque année 25 taureaux holstein dont il commercialise la semence. La moitié de ces géniteurs sont suisses, l’autre est importée principalement des Etats-Unis et du Canada.

PAR CHRISTOPHE DUTOIT


Tout le monde le sait, les éleveurs suisses de vaches holstein importent, depuis de nombreuses années, de la semence de taureaux en provenance d’Amérique du Nord. En revanche, ce que l’on ne sait pas forcément, c’est que les experts suisses de la génétique se rendent sur place chaque année pour juger de la qualité de la descendance des futurs géniteurs de nos troupeaux.
Président de la Fédération suisse d’élevage holstein, Dominique Savary vient de passer une quinzaine de jours aux Etats-Unis et au Canada pour ces évaluations annuelles. «La moitié de nos semences proviennent de taureaux suisses et nous importons l’autre moitié de l’étranger, principalement d’Amérique du Nord et, pour une petite part, d’Italie», explique l’éleveur de Sâles, également président de la commission génétique de la fédération.
Avec l’aide d’un autre Gruérien (du moins d’adoption), Markus Hitz, le sire analyst (analyste de la race) de la commission génétique, il a rendu visite aux descendances de onze taureaux que l’entreprise Swissgenetics – partenaire de la fédération – pourrait ensuite commercialiser en Suisse.
«On essaie d’évaluer entre huit et dix filles de chaque taureau, explique Dominique Savary. Pour chacune, on fait sa description linéaire, on note ses forces, ses faiblesses et on prépare un dossier photographique. Car les éleveurs suisses apprécient de voir d’autres images que celles des professionnels, qu’on soupçonne parfois d’être retouchées.»
Ainsi, de Buffalo (Etat de New York) au Québec, en passant par Madison (Wisconsin), Fresno (Californie) et Vancouver (Colombie britannique), le duo a apprécié les qualités de quelque 150 vaches durant ce voyage. «On écrit souvent les rapports dans la voiture, dans les halls d’aéroport, pour qu’ils soient prêts lors de notre retour en Suisse, raconte Dominique Savary. Puis on va devant la commission génétique avec ces dossiers et on choisit quel taureau proposer aux éleveurs.»


Contact direct
Une bonne partie du travail se prépare à l’avance, en Suisse. «On dégrossit les fichiers à chaque publication des évaluations génétiques, qui ont lieu trois fois par année. Puis on décide quel taureau on va évaluer.
En effet, voir les vaches de ses yeux est primordial pour se rendre compte de leurs qualités. «C’est aussi très important d’avoir un contact direct avec nos partenaires, de pouvoir patsèyer (discuter, marchander) avec eux.» En effet, il existe sur le marché quelques taureaux que les éleveurs du monde entier aimeraient avoir. «Parfois, ils nous proposent de nous fournir 20 doses tous les deux mois. Mais, nous, il nous en faudrait 500! Du coup, le fait d’avoir de bons contacts humains peut les convaincre», dévoile le Gruérien.


Vaches «bien balancées»
«Les éleveurs suisses recherchent des vaches bien balancées, complètes. Ils veulent qu’elles produisent du bon lait, sans problème sanitaire, mais sans faire de concessions sur la morphologie. En ce sens, notre vision est proche de celle de l’Amérique du Nord», explique le président suisse.
A la suite de ces travaux, Swissgenetics met à son catalogue 5 à 6 nouveaux taureaux étrangers dans son offre standard. «Cela représente une commande de 3000 à 5000 doses avant même de commencer la commercialisation (le prix de vente s’échelonne entre 50 et 120 francs par dose). Pour certains taureaux, on a eu vendu jusqu’à 20000 doses. Sinon, les autres semences sont livrées sur réservation, avec des lots de 200 doses.»
Ces enquêtes de terrain, les pieds dans le paccot, permettent aux deux spécialistes d’entretenir de bonnes relations avec le pays le plus à la pointe en matière d’élevage holstein. «On discute également beaucoup avec les éleveurs, notamment de génomique», affirme Dominique Savary. Ce qui n’empêche pas, parfois, de très agréables rencontres. «En général, on ne voit les taureaux que derrière une vitre, avoue le Sâlois. Mais j’ai eu la chance de rencontrer quand même quelques stars mondiales. J’ai même pu toucher de mes mains Starbuck (le taureau légendaire, géniteur de plus de 200000 filles dans le monde)!»
En parallèle aux évaluations de descendance, les deux experts holstein ont également profité de leur voyage pour suivre les avancées du programme des mères à taureaux. «Nous ne pouvons pas importer en Suisse des animaux vivants. Mais nous faisons venir une vingtaine d’embryons par année, dans l’espoir de voir naître en Suisse 4 à 5 mâles de très grande qualité.»
 

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