PAR VALENTIN CASTELLA
Sandra Stocker défend les couleurs de l’équipe de Suisse de volleyball depuis 2004. Et c’est à Fribourg, «à la maison», que la Gruérienne de 24 ans participera à sa première compétition officielle en Suisse. Travaillant à 50% et sociétaire du club de Neuchâtel avec lequel elle a participé à la finale du championnat cette saison, la Bulloise, en compagnie de ses coéquipières, y retrouvera la France, la Bulgarie et la Turquie dans le cadre de l’European League. Trois formations que l’équipe nationale a déjà affrontées il y a deux semaines en Bulgarie et le week-end dernier en Turquie. Petit Poucet de cette compétition et battues lors des six rencontres précédentes face à ces derniers adversaires, les Suissesses espèrent démontrer, de vendredi à dimanche à la salle Saint-Léonard, qu’elles ont bien leur place à ce niveau.
Sandra Stocker, que représente cette compétition européenne à Fribourg?
Cela fait de nombreuses années que nous demandons à pouvoir participer à des championnats officiels. Auparavant, nous retrouvions les autres nations que lors de matches amicaux. Maintenant, nous jouons des rencontres qui comptent réellement, et ce sera une première en Suisse pour l’équipe féminine. Ce rendez-vous est donc très important pour nous. De plus, il se déroulera à Fribourg, chez moi. Cela fait plusieurs années que je n’ai plus évolué dans la région et je me réjouis au plus haut point de retrouver les gens qui me supportent depuis de nombreuses années.
Quelles seront les ambitions de la formation helvétique?
Nous participons à cette compétition afin de préparer les championnats d’Europe 2013 qui se dérouleront à Zurich. Cette European League nous permet donc d’acquérir de l’expérience supplémentaire. Maintenant, l’équipe est constituée de nombreuses jeunes joueuses et elle n’a pas encore les moyens de concurrencer ses adversaires. Nous l’avons démontré en Bulgarie: nous sommes capables de gagner un set (n.d.l.r.: défaite 3-1 contre la France). Mais nous manquons encore d’expérience pour tenir le rythme tout le match. Comme nous n’avons pas l’habitude de disputer des rencontres de ce niveau, la nervosité nous empêche de confirmer sur la durée.
L’équipe nationale est encore en construction avant les prochains championnats d’Europe?
Oui. Malheureusement, nous ne pouvons pas compter sur un cadre très élargi, comme c’est le cas en Turquie par exemple. Une blessure ou un arrêt peut rapidement avoir une conséquence. Nous devons alors reconstruire quelque chose de nouveau à chaque fois. Mais nous sommes en train de beaucoup travailler pour arriver en pleine forme en 2013. Et les rencontres que nous disputons actuellement nous permettent de progresser encore davantage.
Ces prochains championnats d’Europe sont-ils l’événement à ne pas manquer?
Nous ne sommes jamais parvenues à nous qualifier. Les organiser était le seul moyen de pouvoir y participer. Ce sera certainement la seule occasion de prendre part à une compétition aussi relevée. Nous avons une chance extraordinaire.
Quels seront vos objectifs, dès vendredi à Fribourg?
Nous allons tout faire pour développer un beau volley et démontrer que nous progressons à chaque sortie. Gagner un set face à l’un des trois adversaires serait déjà une très belle performance. Remporter un match serait encore plus beau. Mais ce serait un immense exploit. J’espère aussi que ces rencontres permettront au volley de se faire encore davantage connaître dans le canton et en Suisse romande. Ce sport n’est pas vraiment médiatisé et nous ne sommes jamais contre un peu de pub.
Quel est votre rôle dans cette équipe?
Cela fait maintenant huit ans que je joue en équipe nationale et je fais partie des quatre ou cinq plus anciennes. J’essaie alors de motiver les plus jeunes joueuses, de les pousser en avant. Car on sent bien qu’elles sont très nerveuses à l’idée de jouer à ce niveau, dans un cadre inconnu. Un match reste un match, mais tout l’encadrement est différent lorsque vous évoluez au niveau européen. Au début, ce changement de catégorie perturbe.
Comment expliquez-vous que quatre Fribourgeoises figurent dans la formation qui sera alignée à Saint-Léonard?
Plusieurs personnes m’ont posé la question et j’avoue que je n’ai pas vraiment de réponse, car nous sommes toutes parties très jeunes dans d’autres clubs. Peut-être est-ce le hasard des générations.
Au niveau personnel, êtes-vous en forme à quelques heures de jouer votre première rencontre face à la France?
Je n’ai pas joué autant que souhaité cette saison à Neuchâtel en raison de la forte concurrence. J’ai donc essayé de rattraper mon retard lors des deux premiers rendez-vous, en Bulgarie et en Turquie. Mais rien ne remplace la compétition. Mal-gré tout, je me sens bien et je compte donner le maximum devant le public fribourgeois.
Et quels sont vos objectifs la saison prochaine?
Je vais rester à Neuchâtel, où les ambitions seront de participer à nouveau à la finale du championnat de Suisse. Si tout va bien, je devrais accumuler davantage de temps de jeu que cette année. Cela me permettra alors d’arriver en pleine forme aux championnats d’Europe.
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Vendredi soir face à la France
En marge de la préparation des championnats d’Europe 2013 organisés à Zurich, l’équipe nationale féminine dispute cette année l’European League sous la forme de quatre rendez-vous. Chaque formation de la poule B organise un événement. Les deux premiers se sont disputés en Bulgarie et en Turquie (six défaites en six rencontres pour la Suisse).
C’est ce week-end au tour de la Suisse et de la salle Saint-Léonard d’accueillir la Bulgarie, la Turquie et la France. Président du comité d’organisation, le Gruérien Gilles Seydoux présente l’événement. «L’European League est considérée comme la deuxième division continentale. La meilleure équipe des deux groupes intégrera ensuite la première division. Ce week-end, nous accueillerons de belles équipes. La Turquie figure au 10e rang mondial et participera aux jeux Olympiques. La France est 40e, la Bulgarie 43e.»
Pas encore classée, la Suisse n’a que peu d’espoir de succès. Qu’importe, cet événement sera à marquer d’une pierre blanche pour le volley féminin: «C’est en effet la première fois que l’équipe nationale évoluera en compétition européenne sur ses terres», reprend Gilles Seydoux.
Demain dès 17 h 30
Vendredi à la salle Saint-Léonard, transformée pour l’occasion, la première rencontre est agendée à 17 h 30 (Bulgarie-Turquie). L’équipe nationale y disputera son premier match dans l’enchaînement face à la France (20 h). Samedi, Sandra Stocker et ses coéquipières retrouveront la Turquie (17 h 30), avant d’affronter la Bulgarie dimanche à 17 h 30. Organisée sous la houlette de Swiss volley région Fribourg, cette manifestation devrait attirer beaucoup de spectateurs. En effet, près de 1500 spectateurs sont attendus chaque journée: «Ce chiffre est optimiste, mais nous espérons séduire passablement de personnes pas concernées par le volley, mais curieuses de voir des rencontres de haut niveau.»
Autre objectif des organisateurs: que le canton retrouve une certaine aura dans le paysage helvétique: «Cela fait maintenant plusieurs années que la finale de la Coupe de Suisse ne se dispute plus à Fribourg. Cet événement sera peut-être l’occasion de séduire à nouveau la fédération suisse», conclut Gilles Seydoux. vac
European League à la salle Saint-Léonard de Fribourg, vendredi, samedi dès 17 h 30, dimanche dès 15 h
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