PAR DOMINIQUE MEYLAN
Plus de 12000 signatures ont été déposées jeudi à la Chancellerie d’Etat. Le référendum contre la modification de la Loi sur l’énergie a largement convaincu. Ses promoteurs, un groupe de copropriétaires de Villars-sur-Glâne, s’insurgent contre l’obligation de remplacer tous les chauffages électriques dans le canton d’ici à 2025.
Ce n’était pourtant pas gagné d’avance. L’annonce de référendum avait été déposée le 2 avril. Le temps de s’organiser et il restait un mois et demi au comité référendaire pour convaincre 6000 personnes. L’exercice s’est encore corsé avec la volonté de ne pas descendre dans la rue. «Tous les membres du comité ont activé leurs contacts et relations, tablant sur l’effet boule de neige», explique Jean-Daniel Savoy, président de ce comité. Avec un total de 12356, le résultat dépasse les attentes. «C’est un message clair adressé aux autorités politiques, souligne Jean-Daniel Savoy. La réaction est très forte, ce n’est pas un référendum au rabais.»
Beat Vonlanthen confiant
Le conseiller d’Etat en charge de l’Economie et de l’emploi, Beat Vonlanthen, ne prend pas le sujet à la légère. «La mobilisation est vraiment importante.» Il voit ce référendum comme une chance d’expliquer aux Fribourgeois les orientations prises en matière d’économies d’énergie. «Je suis assez confiant, confie Beat Vonlanthen. Nous pouvons faire valoir des chiffres qui relativisent les peurs des signataires.»
Le comité référendaire estime que changer tous les chauffages serait un gaspillage. «Nous ne pouvons pas accepter des mesures si contraignantes, mais attendons des propositions incitatives», explique Jean-Daniel Savoy. La question est avant tout financière. «Certains retraités devront payer 100000 francs pour remplacer leur chauffage, avance Marcel Genoud, l’un des membres du comité. Mais ils ne pourront pas emprunter. Ils seront obligés de vendre leur bien à perte.»
Pour Beat Vonlanthen, les coûts sont surévalués. Le conseiller d’Etat rappelle qu’un article de la loi prévoit des exceptions, si le changement d’une installation n’est pas supportable financièrement ou s’il est impossible techniquement.
Solliciter la justice
Ce qui révolte particulièrement le comité référendaire, c’est que l’Etat a incité les propriétaires, après le choc pétrolier de 1972, à s’équiper en chauffages électriques et qu’il les oblige aujourd’hui à y renoncer. Si le référendum était refusé, un recours au Tribunal fédéral serait envisagé. Quant à Beat Vonlanthen, il souligne que la construction de nouveaux chauffages électriques est interdite depuis 1990. Ces installations arriveraient de toute façon en fin de vie.
Le référendum porte sur l’ensemble de la révision de la loi sur l’énergie. Pour ne pas repousser son éventuelle entrée en vigueur, Beat Vonlanthen va faire pression pour une votation en novembre déjà. Le comité référendaire n’a pas encore organisé sa campagne. «On va se battre», promet Jean-Daniel Savoy. Le Grand Conseil avait approuvé à l’unanimité cette modification de la Loi sur l’énergie. Les partis sont donc réticents à soutenir le référendum. Jean-Daniel Savoy espère malgré tout trouver quelques appuis.
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