PAR THIBAUD GUISAN

«Un matin, on a retrouvé la grande aiguille tombée sur le porche de l’église. On a été bien surpris. Il a fallu réagir au plus vite pour remettre tout en état.» Voilà donc pourquoi l’église de La Roche n’a plus d’aiguilles, sur trois de ses quatre faces.
L’incident, qui n’a heureusement pas fait de blessés, s’est produit il y a bientôt deux semaines. Le spécialiste Daniel Ecoffey, dépêché immédiatement sur place, a posé son diagnostic: un axe de l’horloge de la face sud (regardant vers Bulle) était complètement rouillé. «De l’eau a dû couler dedans, avance le mécanicien de Broc. Un axe ne faisait plus que 2 à 3 mm de diamètre au lieu de 15 mm. Avec le fort vent, la grande aiguille a dû sortir de son armature.»
Une aiguille de près de 2 m
En acier, l’aiguille en question mesure 1,95 m et pèse une bonne quinzaine de kilos. La chute de cette «épée» décorée de cuivre a même cassé quelques tuiles du porche. «En des années d’activité, je n’ai jamais été confronté à une situation pareille dans la région», assure Daniel Ecoffey.
Par mesure de sécurité, le patron de l’entreprise Jean Ecoffey et Fils SA a aussi enlevé les aiguilles des versants ouest (direction Pont-la-Ville) et est (face à la route cantonale). «C’était nécessaire pour vérifier l’état des axes des cadrans. Il s’est révélé qu’ils étaient aussi attaqués par la rouille. En revanche, l’horloge nord (face à Fribourg) est en bon état. Elle est fixée dans le volet et elle est peut-être moins exposée aux courants et à la pluie. Il n’était pas nécessaire d’intervenir.»
Pour le reste, les pièces endommagées ont été transférées aux soins intensifs dans l’atelier de Daniel Ecoffey. «J’ai refait les axes. Ils étaient en fer. Je les ai remplacés par un mélange d’acier-inox. Le système devait dater des années 1940. Mais j’ai encore de la peine à comprendre pourquoi il y avait autant de rouille. Le dispositif avait pourtant été entretenu.»
Légèrement tordue par sa chute, l’aiguille a été redressée. «Mais elle a été assez peu pliée. Il n’a pas été difficile de lui redonner sa forme d’origine. Heureusement, elle n’est pas tombée du côté de la décoration en cuivre», relève le mécanicien.

L’étonnement du village
Du coup, l’église de La Roche, amputée de six de ses huit aiguilles, a pratiquement perdu la notion du temps. «J’ai entendu beaucoup de remarques au village, glisse la présidente de la paroisse de La Roche Adèle Brodard. On m’a aussi appelée pour savoir ce qu’il se passait. De mémoire, c’était la première fois qu’on vivait quelque chose de pareil.»
L’étonnement a été partagé par des automobilistes et cyclistes de passage, surpris de ne pas pouvoir lire l’heure en levant la tête vers le clocher.
De retour cette semaine
Que les têtes en l’air et les villageois se rassurent: les aiguilles devraient retrouver leur clocher cette semaine. Les réparations – estimées à quelques milliers de francs – sont quasi terminées. «J’ai commandé un camion-
nacelle pour lundi, informe Daniel Ecoffey. Si la météo est favorable, tout sera rentré dans l’ordre.»