PAR VALENTIN CASTELLA
Dans une semaine exactement, Ludovic Chammartin atteindra le sommet de sa carrière. Toutes ces heures d’entraînement, ces combats remportés, ces déceptions, ces blessures feront désormais partie du passé. Samedi, Ludovic se présentera sur le tatami olympic londonien, là où il rêve de se retrouver depuis quatre ans maintenant. Un rêve qui a pris forme en mai dernier, lorsqu’il a appris sa qualification officielle, et qui s’est concrétisé il y a deux semaines, lorsqu’il a reçu son matériel olympique.
Car une participation aux Jeux induit toute une organisation. A l’instar des 102 athlètes helvétiques qui participeront à ces joutes britanniques, le judoka de Treyvaux a tout planifié. De son arrivée à Londres à son échauffement le samedi en début de matinée, en passant par l’attribution de son matériel: tout est prêt, ou presque.
Equipé de la tête aux pieds
Les Jeux ont officieusement commencé il y a deux semaines pour Ludovic Chammartin, lors de la remise du matériel: «Nous avons reçu un nombre incroyable de choses, sourit-il. Je ne m’attendais pas à m’en aller avec tout ça, car je n’ai pratiquement aucune affaire personnelle à emporter. Swiss Olympic nous a donné une quantité de T-shirts, de polos et de pulls, quatre paires de souliers, des sous-vêtements, des lunettes de soleil. Dans mon sac, il y a même du dentrifice, une brosse à dents, un parfum, un rasoir et une trousse de premiers secours. Tout nous a été offert. C’était assez drôle de recevoir tout ça (n.d.l.r.: au total, il y a pour près de 2500 francs de matériel).» Seul petit problème pour le Romontois: les vêtements. «Lors de la remise du matériel, Swiss Olympic s’est trompé. J’ai bien reçu la bonne taille, mais la version féminine. Lors de l’essayage à la maison, je me suis retrouvé avec un T-shirt au col en V beaucoup trop court (rires). Mais tout va bientôt rentrer dans l’ordre.»
Jeudi, Ludovic Chammartin préparait progressivement sa valise. Quelques petites heures de relâche avant de reprendre l’entraînement hebdomadaire. Cette semaine, le judoka de Treyvaux s’est entraîné à Fribourg. Un retour aux sources après avoir effectué des stages au Brésil, en Slovénie, en République tchèque, en Espagne et à Brugg. Enfin, dimanche et lundi, il retrouvera son dojo de Romont pour les dernières séances préolympiques. «Actuellement, nous préférons miser sur la qualité plutôt que la quantité, reprend-il. Avec mon entraîneur, notre objectif est de nous améliorer encore sur le plan tactique et d’affiner nos stratégies.»
«Plutôt serein»
Et comment se sent-il physiquement? «Tout va parfaitement bien en ce moment. Je me sens en pleine forme, à 90% de mes capacités. Je devrais être au top le jour de la compétition.» Cette échéance, Ludovic Chammartin semble l’appréhender sans trembler. «Je suis plutôt serein, c’est vrai. Je ne ressens pas encore trop de pression, malgré le fait que je vais participer à la plus grande des manifestations sportives.»
Afin de ne pas se faire surprendre, Ludovic Chammartin va s’en aller à Londres mardi. «J’aurai ainsi quatre jours pour prendre mes marques. Aujourd’hui déjà, je tente de m’acclimater à distance. Le jour de la compétition, je devrai me lever à 6 h du matin. Et, d’habitude, je dors à cette heure-là. Alors, depuis quelques jours, je mets le réveil et je vais faire un petit tour. Je ne serai ainsi pas décalé le jour J.»
Mardi prochain, Ludovic Chammartin gagnera sa chambre en compagnie des autres athlètes helvétiques. Mais pas question pour lui de profiter de l’ambiance du village olympique. Pas avant le 28 juillet en tout cas. «Le premier jour, je vais m’entraîner de manière intensive. Puis, mercredi et jeudi, je vais certainement aller courir pour perdre les quelques grammes que j’aurai en trop. Ce seront des entraînements plus individuels. Ensuite, vendredi, pour être totalement dans la compétition, je vais m’échauffer comme lors d’un tournoi et effectuer quelques simulations de combat.»
Battre une tête de série
Ce jour-là, il connaîtra alors son premier adversaire (le tirage au sort a lieu jeudi matin). «Le scénario idéal serait que je tombe face à un adversaire à ma portée. Ensuite, au 2e tour, je devrais logiquement affronter une tête de série. Mais tout est possible en judo et je compte bien saisir ma chance. Je suis en forme et je pense pouvoir me hisser jusqu’en quart de finale. Ce serait une belle performance.» Seule ombre au tableau: le Romontois n’est pas tête de série et pourrait être confronté à un cador de sa catégorie dès son entrée en lice: «Les trois derniers tournois où le champion du monde en titre Sobirov était présent, je me suis retrouvé face à lui. Il faut avouer que je n’ai parfois pas beaucoup de chance lors des tirages (rires).»
S’il ne ressent pas encore de pression, Ludovic Chammartin trépigne déjà d’impatience de fouler le tatami olympique. «C’est simple: j’y pense tout le temps. Je me fais des films, je m’imagine déjà combattre. Je visionne ce que je dois faire face à tel ou tel adversaire.» Et le Romontois imagine-t-il aussi que son rêve peut s’écrouler en moins de dix secondes? «Oui, bien sûr. Cela fait partie du judo et j’ai l’habitude de gérer ce genre de situation. Mais j’avoue que les films que je me fais se terminent toujours bien», conclut-il en souriant.
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«Ludo est devenu plus pro»
Ran Grünenfelder connaît parfaitement Ludovic Chammartin. A 27 ans, cet entraîneur du cadre national a d’abord rencontré le Glânois sur les tatamis, en tant qu’adversaire. Depuis quatre ans maintenant, il est devenu son coach. Interview avant le grand départ à Londres.
Ran Grünenfelder, comment percevez-vous Ludovic Chammartin une semaine avant le grand rendez-vous?
Il se sent bien. Après plusieurs stages à l’étranger, il est revenu à la maison. C’était important pour lui de retrouver ses repères avant de partir. D’ailleurs, nous avons toujours essayé de ne rien modifier dans sa préparation, même si les jeux Olympiques restent une compétition à part. Cela fait quatre ans que nous conservons nos habitudes et il était primordial de ne rien changer.
La venue imminente des jeux Olympiques a-t-elle eu des conséquences pour Ludovic?
Depuis qu’il a assuré sa qualification, j’ai l’impression qu’il est beaucoup plus concentré sur son travail. Il est devenu plus pro en soignant tous les petits détails.
Il vous reste une semaine avant l’entrée en scène à Londres. Comment allez-vous gérer ces quelques jours?
Maintenant, notre travail consiste à enchaîner les séances de qualité aux dépens de la quantité, afin qu’il arrive en pleine forme lors de son premier combat. Cela ne sert à rien maintenant de trop forcer et qu’il arrive fatigué à Londres.
Et jusqu’où peut-il aller?
Tout va très vite dans le judo et il est difficile de fixer un objectif précis. Mais je reste persuadé qu’il a le niveau et le potentiel pour terminer parmi les sept meilleurs judokas de sa catégorie. Le fait qu’il puisse peut-être rencontrer un très bon adversaire d’entrée ne changera pas grand-chose. Car, dans son cas, chaque combat doit être perçu comme une finale.
Ce sera une grande première pour Ludovic. Est-il susceptible de manquer son entrée en lice en raison du stress?
Non, car il peut maintenant se reposer sur une solide expérience internationale. Et il n’a jamais craqué sous la pression. De plus, il est toujours très relâché avant chaque compétition. vac
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