La colonie romontoise prête à s’enflammer

| sam, 28. jui. 2012
Ludovic Chammartin foule ce samedi le tatami olympique. Une trentaine de supporters ont fait le déplacement pour le soutenir. Rencontre avec cette petite colonie aux abords de la Maison de la Suisse, à Londres.

PAR VALENTIN CASTELLA

Londres et ses 7,5 millions d’habitants, sa tour, ses châteaux, ses ponts décorés aux couleurs olympiques... Depuis hier, la capitale britannique est devenue celle du monde. Les rues sont habillées par une foule provenant de tous les horizons… Même de la Glâne!
Car, désormais, les métros et les célèbres bus rouges à deux étages sont empruntés par une colonie aux T-shirts noirs décorés d’une photo de Ludovic Chammartin. Ce sont les fidèles compagnons de route du Romontois, qui combat ce samedi face au Sud-Coréen Gwang-Hyeon Choi.
Dans l’immense ferveur qui anime les rues londoniennes, le poids léger glânois se retrouvera pourtant seul face à son destin. Seul, mais soutenu par toute une région et une trentaine de supporters qui ont fait le déplacement. Il le dit lui-même: sans aide, rien n’aurait été possible. Car une participation aux Jeux ne s’acquiert pas en une seule saison. C’est au prix d’immenses sacrifices que Ludovic Chammartin est parvenu à devenir le judoka qu’il est désormais.
Parmi les supporters présents aujourd’hui à Londres figurent d’ailleurs plusieurs complices qui ont eu une incidence directe sur le destin du judoka. Leur présence dans les gradins de la salle ExCeL sonnera comme une finalité, un immense sentiment du devoir accompli.
Lorsque sa maman Arlette a emmené le petit Ludo pour la première fois au dojo de Romont, l’entraîneur Joël Grandjean était présent: «Il avait 7 ans et il était très petit, bien plus léger que tous ses adversaires. Mais on voyait qu’il était bourré de talent.»


Pittet et Hirano en mentors
Bien protégé et encadré par la politique des «petits pas» chère au JC Romont, Ludovic Chammartin s’est fait un nom en Suisse avant de tenter sa chance au niveau international. Ses mentors de l’époque étaient alors deux judokas: Yoshiyuki Hirano et Sébastien Pittet. Ce dernier a été le premier du club à s’investir totalement pour son sport. Il lui a ouvert les portes et donné quelques clés pour s’illustrer hors des frontières.
D’ailleurs, Ludovic Chammartin le surnomme «Sempaï» (qui signifie celui qui a commencé avant vous en japonais). «Lors des nombreux entraînements en commun, Ludo était mon kohai (n.d.l.r.: le jeune élève), sourit Sébastien Pittet. Au début, je lui apprenais des gestes techniques. Mais il avait une telle facilité que la situation s’est rapidement inversée (rires).»


«C’est incroyable»
Durant cette période de l’adolescence, le Romontois a également pu compter sur la rigueur de Yoshiyuki Hirano. «Nous nous entraînions tout le temps, se souvient le Japonais. Le matin avant qu’il aille travailler, à midi, le soir. A cette époque, jamais je n’aurais imaginé que je le verrais participer aux Jeux. C’est incroyable.»
Malgré son talent, sa quête de reconnaissance internationale ne s’est pas faite sans mal, surtout sur le plan financier. «Ça a toujours été un souci pour lui, confie son ami et camarade de club Emmanuel Bussard. Il était parfois très démoralisé.»
Pour le soutenir, Joël Grandjean a alors offert ses services: «Il y a quatre ans, je me suis engagé à lui trouver des sponsors pour qu’il puisse totalement s’investir dans le judo. Cela n’a pas été évident de couvrir un budget de 60000 francs. Mais nous avons réussi.» Cette année, le boulanger a même créé un pain spécial en sa faveur: «Chaque vente lui rapportait un franc. Au final, il a reçu 3000 francs. Ce n’est peut-être pas grand-chose. Mais, dans son cas, c’est déjà beaucoup.»


«Peu sûr de lui»
Très sensible selon sa maman, Ludovic Chammartin a parfois pensé abandonner. Notamment après sa non-qualification pour les JO de Pékin, en 2008. «Il est très peu sûr de lui, reprend Emmanuel Bussard. Il doute souvent quand il ne réussit pas un bon résultat.» C’est d’ailleurs durant cette période de doute que Joël Grandjean lui avait garanti qu’il allait s’occuper de tout, que le judoka n’aurait qu’à se concentrer sur les Jeux de Londres. Ludovic Chammartin avait alors changé d’avis pour continuer l’aventure.
Bien lui en a pris. Aujourd’hui, il va enfin récolter les fruits de son travail et récompenser ainsi tous ses fidèles compagnons, qui semblent tellement heureux de voir leur protégé participer à la plus grande compétition du monde. «Je me souviens de sa première médaille d’or, sourit sa maman Arlette. Il avait 7 ans et il avait gagné un concours interne à Romont. J’étais tellement fière de lui. Penser maintenant qu’il est aux Jeux est quelque chose de complètement fou.»

 

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Un gros poisson coréen pour Ludo
Ludovic Chammartin (27 ans) espérait hériter d’un adversaire à sa portée ce samedi lors du premier tour du tableau de la catégorie des –60 kg. La chance n’a pas vraiment souri au judoka de Romont, jeudi, lors du tirage au sort. Il sera confronté au Sud-Coréen Gwang-Hyeon Choi. Agé de 26 ans, cet adversaire a été sacré deux fois champion d’Asie, en 2011 et en 2012. A son palmarès, il faut ajouter trois succès en Coupe du monde (en 2009 à Budapest, en Corée en 2010 et en 2012 à Prague), un titre de champion du monde militaire à Rio (2011) et une cinquième place aux derniers championnats, en août 2011 à Paris. Ce sera la deuxième fois que les deux athlètes se retrouveront face à face. En 2009 à Budapest, le Sud-Coréen s’était imposé. vac

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