Les Mondiaux en attendant les Jeux?

| jeu, 05. jui. 2012
Nicolas Roth défend dès mercredi sa médaille de bronze
Fraîchement champion de Suisse par équipes, le Veveysan Nicolas Roth, 20 ans, va tenter de défendre sa médaille de bronze aux championnats du monde U23. Etudiant à l’EPFL, le jeune homme rêve des jeux Olympiques de Rio, dans quatre ans.

PAR FRANÇOIS PHARISA

«Les 500 derniers mètres d’une course, l’intensité est telle qu’on  est transporté dans un autre monde. Comme si un tunnel se formait, tout devient flou, tout est rouge. Et quand l’effort atteint son paroxysme, on entend péniblement le bip sur la ligne d’arrivée. Alors, on s’écroule vers l’arrière, le regard perdu dans les nuages. Une euphorie indescriptible nous envahit. C’est comme une drogue.» Lors de chaque mise à l’eau de son bateau, Nicolas Roth, jeune rameur veveysan de 20 ans, tend à embrasser cette sensation d’abandon total.
C’est ce qu’il raconte sur la terrasse d’un café lucernois, entre deux séances d’entraînement à Saarnen, une semaine après son titre de champion de Suisse au Rotsee et quelques jours avant les championnats du monde U23 en Lituanie.Nicolas Roth prend son pied, rames en mains, depuis ses 12 ans. A la faveur des encouragements de son grand frère, déjà pratiquant, le jeune homme de Granges a rejoint le Club Aviron Vevey. «Dès mon premier contact avec une rame sur l’eau, j’ai été accro.» Quelques coups d’aviron plus tard, l’adolescent découvre la compétition sous les conseils avisés d’un ancien champion du monde (en 1978), Pierre Kovacs (lire ci-dessous).
En 2009, le Veveysan signe ses premiers faits d’armes, en remportant notamment le deux de couple – nom d’une des multiples catégories en aviron – aux côtés de Yannik Zeder lors de la Coupe de la jeunesse, compétition internationale mettant aux prises les rameurs les plus performants de 18 ans et moins. Le duo parvient également à devenir champion de Suisse junior (17-18 ans). La confirmation du potentiel du rameur n’a pas tardé. En 2011, aux championnats du monde U23 à Amsterdam, en quatre de couple poids léger, ses trois partenaires et lui réussissent l’exploit de grimper sur la troisième marche du podium. «Cette médaille a été le point culminant de ma jeune carrière», savoure le pensionnaire du Club Aviron Vevey.
Aux Mondiaux mercredi
Dans une semaine, lors de ces mêmes championnats du monde U23, à Trakai, petite cité médiévale du Sud-Est lituanien, le jeune compétiteur tentera de rééditer cette performance. La prudence reste toutefois de rigueur. «Nous ne savons pas trop quel rang viser. Plusieurs changements dans l’équipe ont perturbé notre saison. Il y a un mois, Valentin Gmelin a été forcé de se retirer pour remplacer au pied levé l’un des réservistes de l’équipe de Suisse, qui concourra aux prochains JO. Malgré tout, nous sommes parvenus à construire une base solide en très peu de temps.»
Sur l’embarcation, l’athlète occupe le siège arrière, celui du chef de nage. Un pied sur la pédale, reliée à la dérive, il dicte la cadence à suivre à l’équipage, un peu comme un chef viking imposait le rythme à ses rameurs sur son drakkar. La sueur de l’effort en plus… Car le bon tempo n’est obtenu que si la cohésion entre les membres est optimale. «La cohésion de l’équipe, c’est ce qui fait la différence. A la télévision, ça paraît simple, mais tous les mouvements doivent être synchronisés à la perfection. Chaque coup d’aviron est un art.» Quand l’équipage tire à la même corde, il devient possible de battre n’importe qui. Preuve est faite avec le titre de champion de Suisse, décroché dimanche dernier sur le Rotsee. «En finale, nous avons battu quatre Zurichois beaucoup plus massifs que nous.»
N’empêche, le détour par la case fitness, pas forcément la plus drôle, est indispensable. Mêlant efforts aérobiques et anaérobiques, l’aviron ne pardonne pas les défaillances physiques. Des exigences parfois délicates à satisfaire, quand on se trouve en première année de physique à l’Ecole polytechnique de Lausanne. «Cette saison, je n’ai pas pu m’entraîner autant que désiré, en raison des longues heures de révision. Mais, je ne regrette pas. J’ai opté pour des études poussées, car j’adore les défis.»
Les sacrifices sont aussi d’ordre pécuniaire. Inutile de préciser que, dans le monde de l’aviron, même au niveau professionnel, on ne «rame» pas sur l’or. L’image des clubs huppés avec leur belle résidence et leurs membres d’honneur, véhiculée par certaines marques vestimentaires et des films comme The social network, ne se prête pas au milieu de l’aviron de compétition. «Les déplacements sont à mes frais, alors que l’hébergement et la nourriture sont en partie pris en charge par la Fédération suisse et mon club», explique le Veveysan.
Aux Jeux de Rio en 2016?
Des études à l’Ecole polytechnique de Lausanne, plus de quinze heures d’entraînement par semaine, des camps de préparation à Saarnen tous les week-ends, d’importants sacrifices financiers… Ces in­vestissements paraissent énor­mes pour un jeune homme de 20 ans. Se rêverait-il en train de défiler parmi la délégation helvétique dans le stade Maracana, à Rio, en 2016? «C’est un choix de vie difficile à prendre. Les Jeux exigent quatre ans de préparation. Mais, si une bonne équipe, bien encadrée, se met en place, alors oui, pourquoi pas. Y participer est le rêve de tout sportif.»

 

 

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