PAR DOMINIQUE MEYLAN
Le futur parc technologique blueFACTORY éveille de nombreuses idées. Mais il est encore difficile d’imaginer les projets qui viendront se développer en son sein. Leur intitulé, comme ce «centre de formation dédié à la production biopharmaceutique», est souvent peu évocateur.
Pourtant, cette dernière idée répond à une demande des entreprises actives dans les biotechs, UCB Farchim en tête. Il s’agit de former des gens capables de travailler dans un environnement protégé. Manipuler des produits, comprendre les bons gestes, respecter certaines règles pour ne pas contaminer le résultat final, autant de principes essentiels qui ne sont pas enseignés dans les écoles d’ingénieurs.
Arnaud Schmutz, qui a déjà fondé la start-up Sourcin, dans le même domaine, a profité du parc technologique pour lancer ce projet. Il est heureux de l’accueil du canton et de la promotion économique. «Toutes les étoiles sont alignées. Nous avons un endroit, une volonté des autorités et un besoin de l’industrie.» Ce centre de formation fait partie des huit projets professionnels qui ont décroché une mention au terme d’un concours d’idées.
Formation sur le tas
La biotech est un domaine en plein développement et un défi pour les entreprises qui s’y lancent. «Actuellement, les fournisseurs de technologies offrent des solutions impliquant des appareils sophistiqués. Mais ils ne peuvent pas mettre un ingénieur derrière chaque machine.» Les sociétés s’arrangent pour former leur personnel. «Elles doivent retirer des experts de leurs fonctions attitrées pour former les nouveaux arrivants. Cela représente un gros investissement.»
Ce centre leur offrirait une formation clé en main. La formation serait en effet malléable. Suivant les sociétés, leurs particularités, la configuration de leurs installations, les cours pourraient être adaptés.
Selon Arnaud Schmutz, qui effectue actuellement une tournée des industries, il y aurait une véritable demande. Pour UCB, ce centre arriverait même trop tard. «Nous essayons de faire coller notre timing aux impératifs d’UCB, confie Arnaud Schmutz. Une ouverture en 2014 ne sera toutefois pas possible. Nous pourrions trouver une solution intermédiaire.»
Idéalement placé
Toutefois, c’est loin d’être le seul débouché. Arnaud Schmutz se félicite de la situation privilégiée du parc blueFACTORY, «à la croisée des chemins entre Bâle, Berne, Zurich et l’Arc lémanique». De par son bilinguisme, Fribourg se prête naturellement à accueillir un public suisse allemand. Mais pas uniquement. Carte à l’appui, Arnaud Schmutz montre l’emplacement de sociétés de biotech en Autriche, en Allemagne et dans l’est de la France, susceptibles d’envoyer leurs employés pour quelques jours de formation à Fribourg.
Les hautes écoles font également partie du public cible. «Les jeunes ingénieurs n’ont jamais mis les mains sur la bête», décrit Arnaud Schmutz. Ouvriers, techniciens ou chercheurs, la palette des élèves potentiels est large.
Le centre offrirait une réplique d’un site de production. L’apprentissage se ferait en conditions réelles. «Aujourd’hui, il n’existe pas d’endroit où tout cela est réuni», estime Arnaud Schmutz.
Travailler à la dimension 1/1 demande de l’espace. Parmi les pistes, le bâtiment d’embouteillage de l’ancienne usine Cardinal pourrait être transformé. «Il y a 6000 m2. On les remplirait assez facilement», estime Arnaud Schmutz.
La seconde option serait la construction d’un nouveau centre dans le périmètre de Cardinal. Ces deux possibilités doivent être chiffrées. Arnaud Schmutz effectue actuellement une étude de faisabilité, accompagnée d’un business plan.
Trouver un financement
Il est difficile d’estimer le coût de ce centre. Un établissement similaire, construit près de Dublin en Irlande, a coûté 59 millions d’euros. L’objectif est de trouver un partenariat public-privé. L’Etat, au travers du parc technologique, les industries et les fournisseurs de technologie seraient appelés à financer la structure. L’argent constitue d’ailleurs le principal obstacle actuellement: sans financement, le centre ne pourra jamais voir le jour.
Il devrait offrir entre 15 et 20 emplois permanents. Des formateurs existent dans ce domaine pointu. «Il sera également important de travailler avec les industries pour qu’elles mettent des experts à disposition», souligne Arnaud Schmutz.
L’entrepreneur de 54 ans s’est entouré de spécialistes. Il est accompagné d’Erich Hochuli, un jeune retraité, qui a posé les bases de la biotechnologie pour Roche, à Bâle. Et de Ian Marison, un ancien professeur de l’EPFL, président intérimaire d’un centre similaire à Dublin.
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Des projets variés
Ce centre de formation dédié à la production biopharmaceutique est loin d’être le seul projet qui pourrait être développé au sein du parc technologique blueFACTORY. L’Université et l’Hôpital fribourgeois se sont associés pour proposer un centre d’intégration en santé humaine. Le CISH permettra à des entreprises de sous-traiter des expériences qui nécessitent un matériel onéreux. On n’est pas si éloigné de la réplique du site de production biotech voulue par Arnaud Schmutz. Ce dernier juge des synergies possibles entre les deux projets. Les autres idées englobent des domaines variés, qui vont de la technologie des matières plastiques à des mesures en continu du bilan carbone. Pour l’heure, la seule certitude sur l’avenir du parc est l’arrivée de ses premiers locataires en septembre. L’association Fri Up, située actuellement dans les bâtiments des chocolats Villars, déménagera avec les sociétés qu’elle soutient. Parmi elles, Sourcin, dont le fondateur Arnaud Schmutz espère s’installer durablement dans l’ancienne usine Cardinal. DM
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