PAR TIAGO PIRES

La baguette frappe le pupitre, le silence plane. Les premières notes émises par les instruments transforment le réfectoire des Dents vertes, à Charmey, en une salle d’orchestre. Pascal Schafer, directeur artistique du camp organisé par les Jeunesses musicales suisses, donne le ton aux 73 musiciens, âgés de huit à seize ans. Invité par Laura Ponti, secrétaire générale de l’association, le Fribourgeois de trente ans doit préparer ces jeunes pousses en vue des quatre concerts qui seront donnés dans la région.

Qu’est-ce qui vous a poussé à reprendre la direction de ce stage?
Ayant fréquenté la même école à Bienne que Laura Ponti, elle m’a contacté pour me demander si j’étais intéressé à assurer ce poste. Je ne pouvais pas laisser passer cette occasion, c’est une chance de travailler avec des enfants dans un camp. De plus, comme les enfants viennent des quatre coins de la Suisse, mais aussi de France et du Brésil, cela donne une bonne occasion de pratiquer différentes langues.

Quels objectifs voulez-vous atteindre avec ces enfants?
Il faut qu’ils aient du plaisir, et qu’ils se lâchent. Ensuite, je souhaite que chacun progresse à son rythme et que ce camp leur soit bénéfique. Il faut qu’ils comprennent qu’ils ne jouent pas seulement pour eux, mais pour le groupe. Ils doivent être bons individuellement et meilleurs dans le collectif. Et mon job est de trouver cet équilibre.

Rencontrez-vous des difficultés avec eux?
Les enfants sont plus difficiles que les adultes. On doit cadrer leur énergie. De plus, il faut avoir plus de patience. Les adultes connaissent leur partition, tandis que les enfants ne sont pas encore au point. Il faut donc prendre plus de temps. Par contre, un enfant ne masque pas ses sentiments. On voit s’il est content ou non. Mais, à l’heure actuelle, tout se passe bien, je suis très content. Ils sont motivés, viennent à l’heure et on sent qu’ils ont envie d’apprendre.

Franchement, douze jours pour former un orchestre d’enfants, ça ne vous met pas un peu la pression?
Bien sûr! Comme je suis responsable du concert, je dois faire mon possible pour que les enfants jouent correctement. En plus, douze jours c’est relativement peu. Alors oui, je sens une certaine pression. Mais c’est une bonne sensation parce qu’elle me pousse en avant. Par contre, il faut faire attention de ne pas trop subir la pression. Parce que si on se met au pupitre et que les enfants voient que vous êtes nerveux, ils vont le ressentir et vont aussi avoir peur.

Les principales qualités que doit avoir un chef d’orchestre?
Il est évident qu’un chef d’orchestre doit connaître les aspects techniques. Mais le plus important, pour moi, est qu’il soit sociable. Il faut qu’il sache écouter et être en contact avec ses musiciens. Il doit savoir quand c’est le moment de faire une pause, ou quand il peut leur en demander plus. Un chef doit avoir une bonne vision de l’orchestre pour ne pas en demander trop non plus. Il doit vraiment être en lien avec ses musiciens.

Que voulez-vous transmettre aux musiciens en herbe?
Le plaisir de la musique, tout simplement. Je veux qu’ils apprennent à jouer ensemble. Il ne faut pas qu’ils pensent en termes d’individualité, mais par rapport au groupe. Et, à la fin du camp, notre objectif est qu’ils fassent un bon concert.

Participer à un camp de musique l’été, ce n’est pas commun. Pourquoi le font-ils?
Les deux tiers des enfants ont déjà participé aux camps précédents. Ils s’y font des amis et l’ambiance est bonne. Pour eux, c’est une deuxième famille. A tel point qu’ils en oublient la première! Mais, au camp, il n’y a pas que la musique. Le reste du temps, il y a aussi des jeux et des activités extérieurs. Ils ont un programme chargé, mais varié. Ils n’ont pas le temps de s’ennuyer.

Jeune, vous avez aussi participé à ce genre de camp?
Bien sûr! J’ai participé à plusieurs d’entre eux dans ma région. J’y ai rencontré mon actuelle petite amie. Donc forcément, ça vous laisse de bons souvenirs!

Les concerts:
Mercredi 25 juillet, 15 h 30: Charmey, Home de la vallée de la Jogne (musique de chambre).
Jeudi 26 juillet, 20 h: Fribourg, église réformée.
Vendredi 27 juillet, 19 h: Lausanne, salle Paderewski.
Samedi 28 juillet, 14 h: Charmey, Centre sport et loisirs.