«Je remercie l’être humain qui est très inspirant»

| mar, 07. aoû. 2012
Tour à tour écrivain, homme de radio et juriste, l’humoriste Marc Boivin structure sa vie pour mener à bien ses différentes activités.


PAR DOMINIQUE MEYLAN


Son premier ouvrage à peine paru, Marc Boivin a déjà pratiquement bouclé le 2e tome de Liste de listes, une série d’aphorismes drôles, farfelus, poétiques, critiques, cruels ou philosophiques. Le premier opus, tiré à 1500 exemplaires, s’est extrêmement bien vendu. Cela ouvre une voie royale à une suite, qui devrait paraître cet automne.
A tout juste 40 ans, le Fribourgeois mène plusieurs vies. Dicodeur à la RTS, juge et président suppléant à la Cour des assurances sociales du Tribunal cantonal, le Fribourgeois gère ses différentes activités grâce à une organisation sans faille.


Toujours le même
Ses journées commencent au tribunal. Levé aux aurores, il occupe ses matinées à rédiger des arrêts de droit. L’humoriste se défend d’être différent dans cet univers. Il y retrouve la maîtrise de la langue. «Je me concentre sur la forme pour assurer le résultat. Si l’arrêt ne s’écrit pas de lui-même, c’est que la solution n’est pas bonne.»
«Plus on est structuré, moins on perd de temps.» Cette maxime dicte la suite de la journée. Marc Boivin s’offre une petite sieste, avant de s’atteler à l’écriture. Les domaines sont nombreux: interventions aux Dicodeurs, bande dessinée, sketch, sitcom ou maxime, il s’essaie à toutes les formes. Deux constantes se retrouvent: l’humour et la brièveté.  «Si on est un bon coureur de 100 mètres, je ne vois pas l’intérêt de faire du marathon.»
Le format court, Marc Boivin l’a beaucoup travaillé. «J’ai appris en écrivant pour Le petit Silvant illustré.» Deux personnages au bar prononcent quelques mots. A peine. Il faut que l’effet soit immédiat.
Son souci de la structure se retrouve dans l’écriture. Liste de listes est basé sur un modèle chinois. «J’ai choisi rapidement les titres», raconte Marc Boivin. Avant de suer sur les aphorismes. Et c’est là qu’intervient la créativité. L’humoriste se voit comme un artiste peintre: son travail consiste à travestir la réalité.
Si Marc Boivin, un brin perfectionniste et maniaque, organise minutieusement son travail, le résultat ne ressemble en rien à un texte sec et ennuyeux. Il se qualifie volontiers de bouffon, avec une tendance à être sage et poète. Il porte un regard cynique sur le monde. «Mais, je ne suis pas un type désespéré», précise-t-il.
Dans son livre, l’auteur peut rire d’une actrice en training ou d’une sportive en tenue de soirée, puis quelques pages plus loin, s’émouvoir d’une rose posée sur le cercueil d’une jeune femme de 28 ans. «C’est probablement la vraie dédicace de ce livre», reconnaît-il sans davantage s’étendre sur le sujet.
Il se qualifie lui-même de très classique. Il refuse de s’attaquer aux structures bien faites. Mais, une tour de Pise penchée par on ne sait quel artifice de construction constitue une cible rêvée.


Débuts à la radio
Si les journées de Marc Boivin sont dictées par la rigueur, sa carrière radiophonique s’est construite sur un concours de circonstances. Une amie lui permet de faire des essais à Radio Fribourg. Sa première interview est à son image. D’abord sérieuse, elle dévie presque aussitôt vers l’humour et la dérision.
Pendant quelques années, il anime l’émission Entrée libre avec Florian Barbey. «J’ai rencontré du monde, j’ai appris le combat du direct, cela a été une école super.» Marc Boivin est ensuite engagé à la RTS. Depuis bientôt dix ans, il participe régulièrement aux Dicodeurs. Une trentaine de ses aphorismes sont d’ailleurs repris de cette émission.
La radio a permis à Marc Boivin de toucher à son rêve de devenir humoriste. Elle lui permet aujourd’hui d’approcher le monde littéraire. Et cela lui plaît. «C’était mythique au Salon du livre», rapporte-t-il. A l’inauguration d’abord, le ministre de la culture Alain Berset, interrogé sur ce qu’il lisait, a répondu Liste de listes. Une belle reconnaissance, qui vient certes d’un ancien camarade de classe. Marc Boivin n’a pas hésité à offrir son œuvre à l’auteur à succès Douglas Kennedy. Il rit en s’imaginant sa place dans sa prestigieuse bibliothèque.
Marc Boivin s’essaie aujourd’hui à la bande dessinée, en tandem avec Olivier Zappelli pour l’aspect graphique. A nouveau, l’humour est son moteur. «Le support est différent, mais l’écriture est la même.» Il s’agit d’historiettes qui voguent entre le confondant et le fulgurant. «Je remercie l’être humain qui est très inspirant.»
En 2012, il a également écrit une série de scénettes pour le théâtre. Langage féministe ou amour surprotecteur de Mme Hitler pour son fils, l’humoriste a peu de limites. «Je me mets une barrière et elle est importante: mon talent.» Pour Marc Boivin, rire de tout exige de la finesse.
 

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