«C’est plutôt dans la tête que ça se passe»

| sam, 20. oct. 2012
Anthon et Joan Yenni ont porté les couleurs du FC Bulle toute leur vie. Défenseur ou demi-défensif, c’est par leur engagement que les joueurs de 20 ans ont gagné leur place. Les deux frères sont de parfaits jumeaux.

PAR KARINE ALLEMANN


Dans le foot, Anthon et Joan Yenni n’ont jamais eu de rêves complètement fous ni d’ambitions démesurées. Mais, piliers d’une belle génération de juniors du FC Bulle, comme leurs coéquipiers Frank Bochud ou Ndriqim Haziri, les voilà propulsés membres à part entière de la première équipe de Bouleyres. Le premier est un numéro 6 récupérateur, le deuxième un latéral droit. Signe particulier: les deux frères sont des jumeaux parfaitement identiques (deuxième signe particulier: leur ressemblance frappante avec l’acteur américain Ryan Gosling).
«Pendant toutes nos années en inter, notre entraîneur Jacques Thalmann nous demandait d’être les moteurs de l’équipe», raconte Joan. «Ça ne me dérange pas de prendre des responsabilités, poursuit Anthon. C’est aussi pour ça que j’aime bien mon poste. Il me permet de participer à la construction du jeu. Bon… Je ne crois pas que nous pourrions évoluer tellement plus haut sur le terrain. Joan et moi, nous ne sommes pas assez techniques pour ça.»
Les jumeaux Yenni, 20 ans, ont donc d’autres qualités. «Si on peut jouer à ce niveau, c’est plutôt dans la tête que ça se passe, complète Joan. Sur le terrain, on n’a pas peur de donner de notre personne. Patrice Bertherin disait qu’on mettait la tête où lui ne mettrait pas le pied.»
Alignés pour la première fois en actifs en 2e ligue inter, sous l’ère Christian Monney, les deux étudiants sont bien conscients qu’ils ont tout à apprendre. «Les anciens, on pourrait presque dire les dinosaures (rires), assument leur rôle de leaders. Ils parlent et nous dirigent. De notre côté, on doit prendre le rôle d’apprentis.»
Avec «le comique Haziri, la pipelette Silva, le roi des jeux de mots bidon Fasel et le chambreur Benslimane», l’ambiance est plutôt bonne dans l’équipe. Qui s’est fixé pour objectif la première moitié du classement. Pour l’heure, elle est 8e, à trois points de Guin. «Il nous manque parfois de la rigueur, note Anthon. On a perdu bêtement des points en baissant un peu vite les bras.»
Si leurs coéquipiers sont désormais capables de distinguer les deux frères – c’est un peu moins sûr pour l’entraîneur Paolo Martelli – leur ressemblance crée-t-elle des quiproquos? «Dernièrement, j’ai failli me prendre un carton jaune, sourit Joan. J’ai dû dire à l’arbitre que ce n’était pas moi qui avais commis la faute précédente, que c’était mon jumeau. Il nous regardait tous les deux avec des grands yeux… A la fin du match, il nous a conseillés d’avertir les arbitres avant chaque rencontre.»
Excepté pour utiliser la carte d’étudiant de l’un ou un bon de réduction de l’autre, les deux frères assurent ne pas profiter de leur ressemblance. «Sauf en troisième année du CO. Ils nous avaient séparés pour des questions de discipline. Alors, on s’amusait à changer de classe. Mais c’est assez banal pour des jumeaux.» Et Joan de raconter: «Un jour, j’étais allé me faire couper les cheveux et à mon retour en classe le prof était sûr que ce n’était pas moi. Il tournait autour de mon bureau et me regardait en disant que j’étais Anthon. J’ai mis longtemps à le convaincre qu’il se trompait.»
S’ils décrivent leur relation comme fusionnelle, les deux frères apprécient aussi les moments «chacun pour soi». Ils pourraient même envisager de ne pas évoluer dans la même équipe un jour. «Ça pourrait être bien qu’on se mette une fois un tacle…» rigole Joan.
Ces prochains mois, les Yenni seront d’ailleurs séparés. Un bac en poche pour Joan, une maturité commerciale pour Anthon, les deux frères travaillent actuellement comme temporaires. Mais Anthon va commencer son école de recrues dans deux semaines, tandis que Joan préfère découvrir les joies du service civil. L’année prochaine, ce dernier espère commencer l’Université en sport alors que son frère souhaite reprendre des études en économie.


Infime différence
Les deux jeunes garçons vivent avec leur maman, à Bulle. Au fait, lequel est né en premier? «Moi, mais Joan aurait été formé en premier… Donc aucun de nous n’est vraiment l’aîné.» Une relation jumelle sur un mode égalitaire? Les deux frères l’assurent. Au moment de se décrire l’un et l’autre, ils utilisent les mêmes termes: «Calme, mais plutôt combatif». S’ils semblent totalement identiques de prime abord, au fil de la discussion, les différences de caractère se matérialisent sur le physique. Au moment de prendre la parole, c’est souvent Anthon qui se lance. Le regard, la posture sont un brin plus affirmés. D’ailleurs, en juniors, c’est toujours lui qui portait le brassard de capitaine.

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