Le chauffage à distance, efficace, mais un peu cher

| mar, 23. oct. 2012
Photo Mélanie Rouiller
Le chauffage à distance de Gruyère Energie entre dans sa 10e année d’existence. La grande majorité de ses utilisateurs se disent satisfaits. Seul bémol: des tarifs parfois jugés excessifs.

PAR FRANK-OLIVIER BAECHLER



Inauguré en 2003, le chauffage à distance de Gruyère Energie est entré dans sa dixième année d’existence. Son succès ne se dément pas: près de 400 bâtiments, situés sur les communes de Bulle et de Riaz, sont aujourd’hui raccordés à l’installation. Et, chaque année, une cinquantaine d’unités viennent s’ajouter au total.
Du côté des utilisateurs, la satisfaction semble de mise. «Dans 90% des cas, les échos sont positifs. Mes clients apprécient surtout les avantages du système en matière d’entretien. Plus de ramonage, de contrôle du brûleur ni de remplissage ou révision de la citerne à mazout», indique Francis Mooser, chauffagiste à Bulle.
«L’aspect environnemental compte également. De plus, de futures dispositions légales n’obligeront plus les propriétaires à renouveler ou modifier leur installation de chauffage. Tout se passe au niveau de Gruyère Energie», ajoute l’entrepreneur, fort d’une centaine de raccordements au chauffage à distance bullois.


Monopole mal vu
Son confrère Patrick Palumbo, patron d’Aquatech, tient un discours similaire. «La grande majorité de mes clients se déclarent satisfaits de leur raccordement. Mais quelques-uns d’entre eux ne voient pas d’un très bon œil ce monopole de la ville. Ils craignent une future augmentation des prix, sans autre choix possible.»
Le chef d’entreprise l’admet pourtant volontiers: «Le système fonctionne bien. Mais il faudra encore une dizaine d’années pour juger de sa fiabilité. Avec toutes ces conduites qui passent sous les routes, les frais d’entretien pourraient monter en flèche.»
Pour certains utilisateurs, l’aspect financier ne fait d’ailleurs pas partie des points forts du thermoréseau bullois. «Il ne faut pas attendre d’économies à ce niveau-là. D’autant que l’investissement initial, avec les coûts d’installation et la taxe de raccordement, est important», confirme Francis Mooser.


Factures en hausse
Laurent Remy, propriétaire d’une villa à la rue du Russalet, à Bulle, a même vu doubler sa facture annuelle de chauffage. «La rudesse du dernier hiver a sans doute joué un rôle, en plus d’un problème de vanne. Le relevé de ces derniers mois montre une amélioration, mais je suis encore loin des valeurs attendues. Pourtant, tout le monde vous dira que le chauffage à distance coûte à peu près la même chose que le mazout.»
Tout le monde, ou presque. Administrateur de Gruyère Immo, Jean-Bernard Droux a fait ses calculs. «Nous avons analysé les relevés de trois de nos immeubles, raccordés au réseau depuis trois à quatre ans. Seule la comparaison avec l’exercice 2007-2008 [n.d.l.r.: le prix du mazout a atteint un pic, en 2008] est favorable au chauffage à distance. Mais nous payons jusqu’à 15% de plus qu’en 2006-2007.»
Pour la régie, pas question toutefois de renoncer au raccordement programmé de ses immeubles. «En matière environnementale, il faut être dans le vent. Quant aux problèmes de dépannage et d’entretien, ils ont disparu. Le bilan reste positif.»
Et Jean-Bernard Droux de conclure: «Le système, louable et efficace, est juste un peu cher.»

 

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Réseau prévu pour durer
Quelques questions à Dominique Progin, chef de la division projets, chez Gruyère Energie, et son collègue Pierre Castella, chef de la division exploitation.

Si le chauffage à distance contente nombre d’utilisateurs, les tarifs font parfois grincer des dents. Sont-ils vraiment concurrentiels, par rapport au mazout?
Pierre Castella. Oui. Nos calculs démontrent que nous sommes concurrentiels dès que le prix du mazout dépasse les 85 fr. pour 100 litres.
Dominique Progin. Il n’est pas inutile de rappeler qu’en moyenne annuelle le prix du mazout est passé de 77 fr. en 2007 à 94 fr. en 2011, soit une augmentation de 22%. Et la tendance est à la hausse. Nos tarifs ont aussi l’avantage de ne pas fluctuer durant l’année. Il n’y a pas de spéculation possible.

Le réseau ne cesse de s’agrandir. Comment expliquer un tel succès?
PC. Nous proposons une énergie nouvelle, indigène et produite à base de bois, une solution qui touche la sensibilité environnementale de nos clients.
DP. A cela s’ajoutent des avantages pratiques, comme un entretien réduit au minimum. Quant à l’espace libéré par la chaudière, la citerne et les chauffe-eau électriques, il est appréciable.

Les limites du réseau sont-elles en passe d’être atteintes?
DP. Pas encore. Nous ne sommes qu’à la moitié de son développement tel que défini dans notre planification.
PC. Nous disposons, pour l’heure, de combustible en suffisance. Mais nous étudions aussi d’autres voies régionales en matière d’approvisionnement.

Qu’en est-il de la pérennité des 80 km de conduites installées?
DP. Les conduites, en acier, sont là pour huitante ans. La radiographie des soudures garantit leur étanchéité, alors que la désoxygénation de l’eau limite les risques de corrosion. De plus, nous disposons d’un système de détection des fuites en continu. FOB

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