PAR DOMINIQUE MEYLAN
Une telle alliance serait inédite: les trois principales associations économiques du canton se sont unies pour former un comité de soutien à la révision de la Loi sur l’énergie, soumise au vote le 25 novembre. Elles estiment le remplacement des chauffages électriques indispensable pour assurer l’approvisionnement énergétique du canton. Pour rester compétitives, les entreprises sont tributaires du courant, estiment les trois associations qui expliquent ainsi leur implication.
Les directeurs de la Chambre de commerce Fribourg (CCF), l’Union patronale du canton (UPCF) et la Fédération patronale et économique de Bulle (FPE) ont lancé leur campagne devant la presse hier, une campagne pour laquelle ils investiront 20000 francs. Leur but est de mobiliser les associations professionnelles, les patrons, les entreprises et les politiques. Des annonces dans les journaux, des débats, des conférences et un site internet (www.oui-loi-energie.ch) doivent leur permettre de diffuser leurs idées.
«L’ensemble des corps de métier sont touchés.» C’est ainsi que Christian Castella, directeur de la FPE, justifie l’union des trois associations faîtières. Quelque 70% des besoins en électricité du pays sont liés aux entreprises. L’abandon du nucléaire a passablement changé la donne. Pour assurer l’approvisionnement, des mesures sont indispensables. Les trois associations sont satisfaites des propositions du canton, contenues dans la révision de la Loi sur l’énergie. «Sans effort, il y aura un jour ou l’autre des problèmes», avertit Christian Castella. Selon lui, l’équation est simple: si l’électricité devient plus rare, elle sera plus chère, ce qui rendra les produits fribourgeois plus chers.
Des efforts de toutes parts
«La nouvelle loi permet d’économiser 30% d’énergie d’ici à 2030», souligne Alain Riedo, directeur de la CCF. Les propriétaires de chauffages électriques ne sont pas les seuls appelés à fournir un effort. Les entreprises aussi investissent pour l’isolation des bâtiments, remplacent des installations trop anciennes ou optimalisent leurs processus de production. «Nous ne tolérons pas que, pour des raisons individuelles et égoïstes, certains n’acceptent pas de faire des efforts», estime Alain Riedo.
Les trois associations critiquent vivement les méthodes employées par les référendaires. Pour Jean-Pierre Siggen, directeur de l’UPCF, ces derniers ont fait peur en utilisant des chiffres mensongers. «Nous apprécions la démocratie et le référendum en fait partie, mais nous ne pouvons rester impassibles devant le ramassis de mensonges communiqués par le comité référendaire.»
Comme dans de nombreuses campagnes, les chiffres diffèrent selon les opinions. Le comité de soutien s’est associé au Groupement suisse des pompes à chaleur. Cet organe a récemment lancé une opération, dans laquelle il propose à tous les propriétaires intéressés de bénéficier d’une offre, sans engagement, pour le remplacement de leur chauffage électrique. Une centaine de personnes auraient saisi l’occasion. Les offres iraient de 25000 à 65000 francs, sans compter les subventions et les déductions fiscales. Ces totaux sont bien inférieurs à ceux avancés par le camp adverse.
Le comité de soutien voit encore un dernier danger à un refus de la nouvelle Loi sur l’énergie. Les autorités fédérales vont probablement légiférer dans le domaine des chauffages électriques. Elles pourraient se montrer beaucoup plus sévères. «Alors que ce qui a été obtenu dans le canton est acceptable tant pour les entreprises que pour les privés», juge Alain Riedo, rappelant les nombreuses dérogations dont bénéficient les propriétaires.
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Dérogations en série
Le comité de soutien à la Loi sur l’énergie ne compte aucun parti politique. Les formations devraient se prononcer individuellement, avant d’éventuellement se regrouper. Le Parti vert’libéral (PVL) a toutefois pris les devants et diffusé un communiqué de presse. Il estime que le vote du 25 novembre est inutile, «parce que les dérogations à l’application de la Loi sur l’énergie répondent aux exigences des référendaires».
Si le remplacement d’un chauffage électrique n’est pas techniquement réalisable, économique supportable ou si le propriétaire peut invoquer de justes motifs, une dérogation sera accordée. Les retraités, en particulier, ne seront pas forcés d’investir. Le PVL invite le Conseil d’Etat à tenir ses promesses et à inscrire ces exceptions dans son règlement d’application. Avec cette nuance, le parti juge la nouvelle Loi sur l’énergie indispensable pour l’avenir du canton. DM
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