PAR JEROME GACHET
Aujourd’hui, vingt ans après son inauguration – le 6 novembre 1992 – on l’appelle encore la nouvelle gare. Son esthétisme fait l’unanimité, même s’il y a ceux qui pensent toujours qu’elle est trop belle, trop luxueuse et ceux qui estiment qu’il lui manque un étage…
Ce débat n’a plus sa raison d’être. On sait depuis la semaine passée que la gare ne sera plus la gare. Pressés par la Loi sur l’égalité pour les handicapés, les TPF doivent faire arriver leurs trains sur des quais droits. Un problème qui les oblige, d’ici à 2024, à les déplacer de 150 à 200 mètres en direction de Planchy, entraînant dans la foulée la construction d’une nouvelle gare. Coût à terme de l’opération: 40 millions de francs.
Même s’il est amputé de sa mission première – accueillir et guider les passagers – le bâtiment actuel gardera son importance, mais dans un autre rôle, assurent les TPF. Il sera intégré au nouveau quartier de la gare, également présenté dans les grandes lignes la semaine passée.
La métamorphose va commencer très prochainement. Selon nos sources, les TPF comptent en effet mettre à l’enquête la rénovation du hall d’entrée d’ici à la fin de cette année. Une information confirmée par Martial Messeiller, porte-parole des TPF: «Le point de départ de nos réflexions a été la fermeture, fin mai, du buffet de la gare. Nous en avons profité pour revoir le réaménagement de l’espace.»
Sur le plan commercial, le kiosque Naville reprendra l’espace alloué au buffet de la gare. Naville fera également office de restaurant. Quant à la place libérée par le kiosque, elle sera vraisemblablement occupée par un commerce de détail.
A l’étage, le restaurant n’est déjà plus qu’une vieille histoire. Un cabinet d’ophtalmologue vient d’ouvrir, tandis que des bureaux occuperont l’espace restant. Des solutions qui, grosso modo, devraient perdurer après l’inauguration de la nouvelle gare, vers 2020.
Pour ce qui est des passagers, en revanche, on travaille donc sur une durée limitée à dix ans. N’est-ce pas jeter l’argent par les fenêtres? «Non, coupe Martial Messeiller. Nous ne pouvions pas laisser les choses ainsi sur une période somme toute assez longue.»
4500 passagers par jour
Selon les TPF, le lancement du RER, il y a une année, a changé la donne. Le nombre de passagers transitant par la gare de Bulle est ainsi passé de 3600 à 4500 par jour. «Nous profitons de ces travaux pour revoir les guichets, mais aussi pour améliorer l’accès au quai No 1, celui du RER, très étriqué.» Concrètement, les deux escalators qui entourent l’escalier menant aux quais et à la gare routière, seront bétonnés.
Et puis il y aura un… ascenseur! Attendu depuis vingt ans, il fera l’aller-retour avec l’étage inférieur. Reste qu’il ne réglera pas tout. Car si, dans une année, une personne en chaise roulante pourra accéder à la gare routière sans assistance, elle ne pourra toujours pas rejoindre seule les quais des trains situés entre les deux, qui ne restent accessibles que par les escaliers.
Pour les personnes à mobilité réduite, il faudra donc patienter une petite décennie.
Ce lifting devisé à 2 millions de francs devrait être terminé d’ici à la fin de l’année 2013. En 2016, les TPF espèrent donner le premier coup de pioche aux travaux de déplacement des quais, puis à la construction de la nouvelle gare, même si elle s’annonce moins volumineuse que celle en place actuellement.
D’ailleurs, n’y avait-il pas moyen de redresser les quais actuels et de conserver la même gare? «Oui, mais ça coûterait encore plus cher», répond Martial Messeiller. Quarante millions: une somme astronomique lors-qu’on sait que, au début des années 1990, l’ensemble du complexe de la gare s’était élevé à un peu plus de 37 millions. A l’épo-que, les ex-GFM, rebaptisés TPF, n’avaient pas voulu adapter les infrastructures aux normes d’accessibilité en chaise roulante en raison du coût élevé, à savoir 12 millions de francs. Mais les données n’étaient pas les mêmes.
Drôle de destin que cette «nouvelle gare» qui, si elle n’est plus nouvelle et qu’elle ne sera bientôt plus une gare, sera encore longtemps appelée… la nouvelle gare.
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