En travaux, la collégiale révèle ses secrets enfouis

| jeu, 17. aoû. 2017

Fermée depuis avril, la collégiale de Romont fait peau neuve pour permettre la pause d’un nouveau système de chauffage. A cette occasion, la fouille de ses sous-sols dévoile des caveaux jusqu’alors inconnus. La fresque de Notre-Dame de Compassion a été restaurée. Une journée portes ouvertes est organisée le 26 août.

PAR FRANCOIS PHARISA

Son enveloppe extérieure a été rénovée en plusieurs étapes, entre 1976 et 2011. Depuis avril dernier, la collégiale de Romont bénéficie de la restauration de ses intérieurs. Un chantier impressionnant qui implique différents corps de métiers, du maçon à l’archéologue, en passant par l’architecte et l’historien de l’art, aux intérêts et calendrier parfois divergents. Un chantier fait de compromis entre le respect d’un monument classé d’importance nationale et le souci pratique des travaux de transformation. Le public pourra découvrir ces derniers le 26 août prochain, lors d’une journée portes ouvertes, organisée dans le cadre de la Foire de la bénichon. Ils étaient présentés hier à la presse.
Principale motivation de ces travaux, dont le coût atteint 2 millions de francs: la pause d’un nouveau système de chauffage. «Le système actuel, datant des années 1940, était désuet. L’air chaud était propulsé depuis des grilles situées dans une nef latérale pour l’ensemble de l’église», rappelle Benoît Chobaz, président de la paroisse. Conséquence, une bonne moitié du bâtiment «se transformait parfois en glacière». Les fidèles ne venaient plus pendant l’hiver.
 

Des bancs au chaud
Un système mixte a été privilégié. Un chauffage de base à eau chaude par convecteurs sera aménagé sous le plancher. «Il y en aura un sous chaque banc. Il fallait amener la chaleur là où on en avait besoin», précise Antoine Vianin, l’architecte responsable du projet. En outre, par grand froid ou avant les offices, un chauffage complémentaire à air chaud pourra également être activé.
Pour permettre l’installation des différents tuyaux, plusieurs tranchées ont été ouvertes dans les planchers et les allées de la nef centrale et des bas-côtés. Ce qui a demandé un important travail de coordination avec le Service archéologique du canton. «Le tracé des tranchées a été adapté au fil des découvertes archéologiques», relève Antoine Vianin.
Pour ce faire, des sondages avaient été réalisés en 2016 déjà. Les fouilles, les toutes premières effectuées sous la collégiale, ont, elles, commencé trois semaines avant le début des travaux. Elles ont mis au jour plusieurs caveaux, de nombreux cercueils, des bougeoirs et d’autres vestiges du passé.


Portes et cloches rénovées
En parallèle à la pause du chauffage, divers travaux subsidiaires sont menés: les portes d’entrée, dont la principale date de 1947, seront rénovées, tout comme les sas; l’ensemble des bancs seront restaurés, de même que les cloches; les sols dans le chœur, les chapelles du Portail et les fonts baptismaux seront changés par de la molasse; les voûtes dans les combles seront nettoyées et isolées; plusieurs œuvres d’art, en particulier la grande fresque du narthex, bénéficieront également d’une restauration.


Mobilier recensé
En outre, l’équipe du Service des biens culturels a réalisé un recensement de l’ensemble des œuvres et du patrimoine mobilier de la collégiale. «Ce chantier permettra une remise à niveau de nos connaissances et dégagera de nouvelles pistes de recherches pour les archéologues et les historiens de l’art», se réjouit Aloys Lauper, chef du Service des biens culturels.
Ce dernier tient à souligner le «caractère exemplaire» du chantier. Les choses ont été faites dans l’ordre et non dans l’urgence: les œuvres d’art et les objets de valeur ont été protégés ou mis à l’abri avant que les ouvriers n’investissent la collégiale.
La fin des travaux est prévue pour le 1er décembre prochain. «Nous ne ferons pas de vieux os ici», a rassuré Antoine Vianin en s’adressant aux représentants de la paroisse. ■


Romont, collégiale, journée portes ouvertes, samedi 26 août, de 9 h à 13 h

 

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Des ossements et un message

«Lors de travaux dans une église, il y a toujours la possibilité de tomber sur des cercueils et d’autres vestiges à sauvegarder.» A la collégiale, Rocco Tettamanti, du Service archéologique du canton de Fribourg, n’a pas été déçu. Les fouilles, les premières effectuées dans l’église romontoise, ont révélé la présence de plusieurs tombes.
«Dans la mesure où elles resteront en place, nous avons la chance qu’elles se trouvent toutes au-delà de 65 centimètres sous la surface, soit au-delà des couches touchées par les travaux d’installation du chauffage», explique l’archéologue. Trois caveaux, jusqu’alors inconnus, ont été découverts. Un premier au niveau du bas-côté sud et deux autres au nord. L’équipe archéologique a pu descendre dans l’un d’entre eux. Ils ont trouvé quatre cercueils, dont certains avec couvercle affaissé et squelette visible.
Notamment celui d’Ignace Lhoste, connu sous le nom de Père Nicolas. Un message reposant dans une bouteille, qui se trouvait dans sa tombe, nous renseigne sur sa vie. «Français arrivé en 1801 à Romont après avoir été chassé par la Révolution, il fut professeur pendant près de cinq décennies et s’occupa des archives de la ville, du clergé et du couvent de la Fille-Dieu», indique Benoît Chobaz, président de la paroisse. L’homme d’Eglise mourut en 1849.
 

Quelque 350 pièces de monnaie
Mais ce n’est pas tout. Le sous-sol de la collégiale renferme également un grand nombre d’ossements humains, non entreposés dans des cercueils. «Au total, il y en a trois caisses pleines», note Rocco Tettamanti. Ils pourraient être à l’avenir enterrés au cimetière de la ville. Des bougeoirs et quelque 350 pièces de monnaie ont aussi été trouvés. «L’étude de ces objets vient de commencer. Ils sont en train de nous livrer leurs premiers secrets. Les plus anciennes monnaies pourraient dater du XVe siècle.»
Le mystère reste en revanche intact concernant les poutres en bois, également mises au jour sous la nef centrale. D’après une datation dendrochronologique, elles remonteraient à 1497. «Servaient-elles de plancher à une première église? Ou formaient-elles des niveaux où déposer les cercueils?» s’interroge Rocco Tettamanti. FP

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