Trente-huit ans qu’il exécute roulements, flas et moulins

jeu, 28. juin. 2018
Demain, Frédéric Brasey remet sa couronne de laurier d’or en jeu, en catégorie tambour vétéran. CHLOÉ LAMBERT

PAR PRISKA RAUBER 

Jusqu’à demain, il est encore champion fédéral. «Oui, mais chez les vieux!» tempère Frédéric Brasey. Il n’empêche, vétéran ou pas, se voir couronner de laurier lors d’une fête fédérale de fifres et tambours reste un haut fait dans une carrière. Lors de la 26e édition à Frauenfeld en 2014, il a été sacré champion. Une bonne raison pour le faire parler, lui, de son instrument préféré, à l’honneur dès aujourd’hui et jusqu’à dimanche dans le cadre de la 27e Fête fédérale des tambours et fifres, à Bulle, où il remettra sa couronne en jeu aux côtés de 2799 autres musiciens.

Membre de la Bertholdia de Fribourg, Frédéric Brasey a 48 ans. Il joue du tambour depuis ses dix ans. Trente-huit ans, donc, qu’il manie les baguettes, qu’il exécute des roulements, des flas, des moulins. C’est un autre haut fait, quand on sait le nombre de musiciens qui abandonnent leur instrument au fil des ans, quand on sait la persévérance dont il faut faire preuve, en début d’apprentissage, pour parvenir à exécuter une marche.

Difficile à apprendre

 «C’est vrai, c’est un instrument difficile à apprendre, concède l’habitant du Mouret. Il faut compter en moyenne deux ou trois ans de pratique pour que ça donne quelque chose. Plus longtemps qu’un souffleur par exemple, qui pourra assez vite jouer une mélodie. Et l’apprentissage du tambour est assez ingrat, car très répétitif, jusqu’à ce qu’on ait acquis quelques principes.» Dans le jargon, les «principes» correspondent aux gammes.

Qu’on ne s’y trompe pas, nulle intention de décourager dans les propos de Frédéric Brasey, au contraire. Il constate, et salue particulièrement la technique des joueurs de la catégorie T1 (âgés de 20 à 42 ans). «L’élite, les vrais champions!» Il se réjouit de les retrouver demain. La fête fédérale, c’est aussi la convivialité, confie Frédéric Brasey.

«Le concours, c’est une partie de la fête, la partie stricte. L’autre partie, c’est le plaisir de revoir les autres, c’est l’amitié. On se connaît tous, le monde des fifres et tambours est un petit monde. Et il y a très peu de jalousie entre nous, je dois dire.» D’ailleurs, quand il évoque l’importance pour un musicien de participer à de tels concours – «c’est ce qui fait progresser» – il dit «le challenge, c’est de battre les copains». Il ne dit pas «de battre les concurrents».

 75e en 1990

Lui participera ce week-end à sa huitième fête fédérale. Elles ont lieu tous les quatre ans. Et le tambour de remonter le fil de ses participations et de sa progression. «Lors de ma première fête, en 1990 à Naters, je sortais de l’école de recrues. J’ai terminé 75e! En 1994 à Gossau, j’ai participé à ma première finale et terminé 12e. A Soleure en 1998, 11e. En 2002 à Sierre, j’ai loupé la finale. J’ai dû faire 22e. En 2006, à Bâle, 18e et en 2010, à Interlaken, j’ai participé à ma dernière finale en T1. J’ai terminé 14e.» Il passe dans la catégorie vétéran, TV1, en 2014 à Frauenfeld, et s’y voit couronné d’or.

 «C’est la concentration qui prime, quand on joue devant les juges. Et souvent, ce qui fait la différence, c’est la gestion de sa nervosité. Personnellement, je n’arrive pas toujours à la contrôler!» Avant un concours, il a besoin de jouer davantage. En plus des deux répétitions hebdomadaires avec sa clique (une par semaine, d’ordinaire), il a emmené son tambour bâlois et ses baguettes en forêt, presque tous les jours ces dernières semaines.

Demain à midi, il présentera deux morceaux de classe 1 (la plus exigeante): Zigüner, une marche d’Ivan Kym et Miraculix, une composition de Roman Lombriser. Il sera jugé sur trois critères: la technique (la propreté de ce qui est exécuté), le rythme (respect du tempo) et la dynamique (les nuances, comme en solfège). Samedi, il concourra avec sa section avant de profiter de ses copains jusqu’à dimanche, jour de proclamation des résultats. ■


Les concours sont ouverts au public

Tous les quatre ans, les joueurs de fifre, tambour et clairon du pays se mesurent, se dépassent, sont jugés, sont classés. Après Frauenfeld en 2014, c’est à Bulle que, dès demain, 2800 musiciens seront auditionnés par 120 juges.

Les concours individuels se dérouleront vendredi de 8 h à 17 h 45 dans une quarantaine de classes des écoles de la ville. Une nouvelle catégorie de concours verra le jour lors de cette fête fédérale 2018: le SoloDuo, qui permet à un fifre et un tambour de partager la scène. Il se tiendra de 9 h 45 à 18 h dans la cantine principale, sur la place du Marché et à l’ancien Institut Sainte-Croix. «L’accès aux salles est gratuit et le public y est attendu!» précise Emmanuelle Kaelin Murith, présidente du comité d’organisation.

Champions connus dimanche

Samedi, au tour des sections de se mesurer. Celles des tambours présenteront le fruit de leur préparation dans les salles des écoles, mais aussi des Tréteaux de Chalamala jusqu’à celles de Glion. Les sections de fifres striduleront, elles, de 7 h 50 à 12 h dans les locaux d’Ebullition et du château. Quant aux clairons, ils se produiront devant le jury de 9 h à 9 h 30 sous la cantine, tandis que l’Hôtel de Ville accueillera le concours de sections mixtes de 13 h 15 à 17 h. Les horaires et lieux précis des passages des musiciens sont disponibles au stand d’information ou sur le site internet. A noter encore que les musiciens participeront à un concours de marche, le samedi 30 juin, dès 14 h, dans la Grand-Rue.

Trente-cinq pour cent des meilleurs participants en concours individuels recevront, comme c’est l’usage, une couronne de laurier vert. Garnie de feuille d’or pour les catégories de 1er niveau et d’argent pour celles de 2e niveau. Quant aux champions, ils ne seront connus que le dimanche, lors de la cérémonie officielle, dès 9 h sur la place du Tilleul. PR

Programme et infos sur www.bulle2018.ch


Mieux vaut éviter la voiture

Le comité d’organisation incite les visiteurs à se rendre à Bulle en transports en commun. Des trains supplémentaires sont prévus le vendredi soir au départ de Bulle à 0 h 36 en direction de Romont et de Fribourg, ainsi que le samedi soir au départ de Bulle à 0 h 31, avec arrivée à Romont à 0 h 47 et arrêt dans les gares intermédiaires jusqu’à Fribourg.

«Si toutefois les gens devaient se déplacer en véhicule privé, nous les encourageons vivement à se conformer à la signalétique mise en place pour se rendre dans les parkings de Planchy», indique Sophie Murith, responsable de la communication. Un service de navette payant – 5 francs par personne dès 16 ans – sera à disposition. Il faut savoir que le parking sauvage sera puni d’une amende d’un montant minimal de 120 francs, précisent encore les organisateurs. A noter enfin que, pour les personnes à mobilité réduite, les accès à la place de fête et aux divers lieux qui l’entourent seront assurés. PR

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