Adieu novembre
J’aime novembre. Au matin, quand j’ouvre la fenêtre, le brouillard est là, léger, impénétrable, qui emplit la Basse-Gruyère. Vers midi, le miracle survient. En quelques minutes, le soleil perce, victorieux, et la ouate grise s’effiloche.
Novembre dépouille: les feuilles tombent. Novembre assombrit: les jours raccourcissent, les nuits s’allongent. Novembre consent à l’hiver qui est là. Chaque mois a ses couleurs de ciel et d’âme, et délivre son message discret. Novembre consent à la mort et le jour de la Toussaint nous a conduits vers ces lieux où reposent les morts. Nous avons levé les yeux vers les multitudes vivantes de l’au-delà. Ces morts, on les invitait jadis, en récitant le chapelet autour de la table de la cuisine, en cassant les noix ou en défaisant les…