Pas le bon combat

Editorial


Votation. Drôle de campagne que celle pour cette initiative dite des vaches à cornes, qui entend récompenser financièrement les agriculteurs qui n’écorneraient plus leurs bêtes. Au-delà du fait que l’on a eu tendance à faire des vaches des êtres très loquaces – ainsi désireraient-elles ceci et voudraient-elles cela – cette initiative s’est vu reprocher de ne pas être suffisamment sérieuse pour notre Constitution. Comme s’il y avait des bons et des mauvais objets de votation. Or, s’il existe bien des sujets plus importants que d’autres – et l’écornage n’est pas à ranger parmi ceux-ci – cette initiative n’en demeure pas moins légitime. Un paysan, citoyen des Grisons, s’est débrouillé pour récolter les 100 000 paraphes exigés. Et son texte ne contrevient pas à un quelconque engagement pris par la Suisse ou l’un de ses cantons. Donc, nous votons. Rien de plus normal.
Pour autant, consacrer une nouvelle subvention à l’agriculture pour une mesure qui ne lui viendra pas directement en aide – quand celle-ci est de plus en plus souvent taxée de trop onéreuse – ne semble pas des plus urgents. Avant la dignité animale passe le bien-être des agriculteurs, dont les produits ne sont pas vendus au juste prix et dont les exploitations sont chaque année moins nombreuses. Sans doute s’agit-il là de causes autrement plus capitales et pour lesquelles nous devrions vraiment prendre le taureau par les cornes. François Pharisa

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