Le chalet du Soldat règle le problème de ses eaux

mar, 09. jui. 2019

PAR CHRISTOPHE DUTOIT

Comme sur beaucoup d’alpages gruériens, les années se suivent et les problèmes d’eau se succèdent au chalet du Soldat, au pied des Sattels. En 2015, les fortes précipitations du printemps causent des glissements de terrain qui endommagent la conduite d’évacuation des eaux usées: 22 000 francs de réparation. L’année suivante, mêmes pluies, mêmes problèmes: 15 000 francs de dégâts.

«Dès lors, l’assurance a exclu ce genre de sinistre dans notre contrat, explique Daniel Roubaty, président de la Fondation du chalet du Soldat. La sécheresse de l’automne 2016 a pratiquement tari la source et nous avons été ravitaillés par un hélicoptère. Et, l’hiver suivant, les conduites d’alimentation ont gelé, sur un terrain qui n’était pas encore recouvert de neige. L’exploitation avait dû être repoussée à la mi-mai…» L’été dernier, il a encore fallu amener dixhuit mètres cubes d’eau pour assurer l’approvisionnement de l’auberge-hôtel. C’en était décidément trop!

Effets concrets du réchauffement

«On parle beaucoup du réchauffement climatique et nous en ressentons concrètement les effets en montagne, explique l’habitant de Villars-sur-Glâne. On voit que les périodes de sécheresse sont plus longues, les orages plus violents et les pluies plus fortes. L’année prochaine, nous allons fêter les 75 ans du chalet du Soldat, il fallait régler le problème!»

Depuis le 17 juin, les alentours de la bâtisse sont en chantier, sans compromettre l’exploitation ni de la restauration ni de l’hôtellerie. «Notre fosse septique et son évacuation vers le ruisseau du Petit-Mont n’étaient plus conformes aux normes, explique Gérard Barras, administrateur de la fondation. Nous allons la remplacer par une ministep pour 70 équivalents habitants. Le trou est creusé, le radier est coulé, nous n’attendons plus que sur le Super Puma pour transporter ces 2,7 tonnes sur place.»

Doubler le captage

Plus en amont du chalet, en direction du col du Loup (le sentier est légèrement dévié, mais reste ouvert), une Menzi creuse une fouille au-dessous du réservoir qui date de 1945. «Les canalisations en Eternit n’ont pas supporté le gel de 2017», détaille l’ancien directeur de JPF Construction, qui souffle, à demi-mot, que la défense incendie du bâtiment n’était plus vraiment assurée. «Nous allons les remplacer par des canalisations en PE renforcé, posées à 1,2 mètre de profondeur.»

En contrebas du chalet, le captage sera, lui aussi, amélioré: «Nous irons chercher l’eau deux mètres plus profond, affirme Gérard Barras. Notre hydrogéologue assure que nous doublerons ainsi sa capacité.» En temps normal, l’exploitation quotidienne du chalet du Soldat nécessite 3500 litres d’eau, filtrée aux ultraviolets, adoucie, passée au turbidimètre et donc potable. Durant les travaux, qui devraient s’achever avant l’hiver, un réservoir provisoire de 30 m3 est installé à l’arrière du bâtiment. De quoi voir venir.

Ces travaux d’ampleur sont estimés à 525 000 francs. «Nous allons contracter une hypothèque pour 80% de ce montant, explique Daniel Roubaty. Pour les 20% restants, nous avons entre autres sollicité la Loterie romande, l’Aide suisse aux montagnards, ainsi que l’Union fribourgeoise du tourisme, qui supportera, les premières années, l’intérêt de la dette.»

Trois mille nuitées en moyenne

A l’heure de la visite de presse sur le chantier, le président se veut taquin. «J’aurais tendance à oublier la subvention annuelle de l’Etat – 1500 francs – que nous lui ristournons sous la forme de diverses taxes… On n’arrête pas de dire que le chalet du Soldat fait partie du patrimoine fribourgeois! Tout le monde nous souhaite “bonne chance” pour la recherche des fonds nécessaires.»

Ces dernières années, l’aubergehôtel a accueilli en moyenne 3000 nuitées. «Avec nos 80 lits, nous sommes régulièrement complets les week-ends», se félicite le gardien Nicolas Gavillet, jamais arrêté pour entonner un Lyôba au cor des Alpes sur la terrasse. «Le dimanche, nous servons en général 160 couverts à midi et 120 le samedi.»

Après plusieurs investissements récents (fenêtres, volets, détecteurs de fumée, câble du téléphérique), la fondation vient encore d’assainir la décharge qui a récolté les déchets du chalet durant plusieurs décennies. ■

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