Message d'erreur

Le commentaire auquel vous répondez n'existe plus.

Les ouvriers de Cardinal pour une dernière représentation

| sam, 21. avr. 2012
Les souvenirs des employés Cardinal seront mis en scène du 12 au 30 juin dans les locaux de l’ancienne brasserie, à Fribourg.

PAR DOMINIQUE MEYLAN


Les bureaux sont vides. Ne reste que la trace des meubles sur la moquette et celle des tableaux sur les murs. On croirait presque entendre le téléphone sonner et les employés s’agiter. Les halles résonnent. Les odeurs ont disparu. Le vide a remplacé les machines. Ici et là, traînent un lavabo ou un vieil équipement électrique. Dans cet espace pourtant, on imagine facilement la vie de la brasserie.
Pendant trois semaines du 12 au 30 juin, l’ancienne usine Cardinal deviendra un théâtre. Pour préparer ce spectacle, une petite troupe a envahi jeudi les locaux. Menée par Isabelle-Loyse Gremaud, cette expédition a servi à fixer le décor de la pièce.
Les autorisations ont été longues à obtenir. La Promotion économique est parvenue finalement à faire pencher la balance. «Ils ont compris que c’était important pour le site, comme un rituel de passage», se réjouit Isabelle-Loyse Gremaud. L’entreprise Feldschlösschen s’est montrée beaucoup plus réticente. Prévu initialement en octobre au milieu des machines et dans les dernières effluves de bière (La Gruyère du 9 avril 2011), le spectacle a dû renoncer à une part de son décor. Mais il a peut-être gagné en symbolique.


Des halles qui résonnent 
La visite démarre dans le musée à la gloire de Cardinal. Derrière une porte jaune, c’est l’usine qui se découvre. Acteurs, scénographes, éclairagiste, photographe, metteurs en scène, chacun amène ses idées pour le spectacle. Isabelle-Loyse Gremaud, qui a lancé le projet, n’a pu venir que deux fois auparavant. «Il y a un mois, dans la halle d’embouteillage, il y avait encore de grands rails démontés. Vus d’en haut, on aurait dit qu’un enfant n’avait pas démonté son train électrique.» Première surprise: l’espace a été totalement vidé. L’écho est assourdissant.
Ce léger contretemps ne décourage personne. Les bonnes surprises se succèdent. «Cet endroit est génial», murmure un des artistes. Un bureau surélevé entièrement vitrifié offre un espace intéressant. Là, c’est un vieux robinet qui attire l’œil. Dans une autre pièce, le plafond bas, les piliers bleus et la pénombre suscitent une nouvelle ambiance. Cachés dans un garage, des camions Cardinal du début du XXe siècle, parfaitement entretenus, rappellent les beaux jours de la marque. Même un parasol, sur le parking, éveille l’imagination.


Une coupe et des affiches
Le désordre dans la halle de stockage réjouit les responsables du décor. «Tout ça va partir?» s’inquiète Isabelle-Loyse Gremaud.  Des bureaux, de vieilles chaises, des palettes, une coupe dorée, des casiers métalliques et surtout des affiches. Ces vestiges évoquent aussi bien Cardinal que sa triste fin à Fribourg.
Comme les artistes jeudi, les spectateurs vont déambuler dans les lieux. L’usine, complètement vide, provoque déjà une réaction forte. L’énergie devra être maintenue entre les scènes. Le spectacle commencera par quelques informations sur l’histoire de la bière, interprétées par plusieurs acteurs. Puis le public sera partagé. Un ouvrier, campé par un comédien, livrera son témoignage de manière presque intime.
Pour les cinq acteurs, les répétitions commencent début mai à Nuithonie. Le théâtre les accueille, en attendant la fin du déménagement de Feldschlösschen. Presque tous les artistes sont restés fidèles au spectacle, alors même que les autorisations peinaient à arriver. Début juin, les décors et l’éclairage seront installés. La musique sera orchestrée par Alain Monod des Young Gods. Le canton offre une aide au spectacle dont le budget s’élève à 200000 francs. D’autres soutiens peinent à arriver.

 

-------------

 

Basé sur des témoignages
«Mon père a travaillé à la brasserie en 1960, comme convoyeur (aide-chauffeur), il a été saisonnier huit mois. Y’a un truc que j’oublierai jamais, il me disait: “C’est bien d’aller travailler à la brasserie, les gens boiront toujours de la bière, tu seras jamais au chômage”.» Le choix du témoignage permet de coller au plus près de la réalité. Plus de vingt ouvriers ont été interrogés. Leurs souvenirs ont été compilés et travaillés pour arriver à un véritable spectacle.
Les représentations seront bilingues. Trois acteurs sont francophones et deux alémaniques. Chauffeur, brasseur, mécanicien, ouvrière à l’embouteillage, les personnages travaillent de leurs mains. La partie administrative n’est pas représentée. «Peut-être parce que j’ai commencé par aller à une réunion du syndicat, raconte Isabelle-Loyse Gremaud. On y croise davantage d’ouvriers.» Convaincre ces témoins n’a pas été compliqué. «La plupart ont accepté. Ce sont des gens qui se sont donnés corps et âme pour leur travail et leur entreprise.»


Mémoire vivante
Le spectacle n’est pas polémique. Il s’agit plutôt d’offrir à ces ouvriers une place dans la mémoire vivante de leur région. «Tirer la bière, ça c’est des bons souvenirs, raconte un des personnages. Parce qu’il y avait des petits échantillons à chaque tank, on appelle ça les zwickels, quoi, et nous on avait des clés pour ces petits robinets, parce que quand on les nettoyait on devait les ouvrir, ou alors pour prendre un échantillon…»
Jusqu’au ton du texte, le spectateur sera plongé dans la réalité de la brasserie. Le choix du théâtre documentaire, Isabelle-Loyse Gremaud l’assume. «Je trouve qu’il est important d’évoquer les préoccupations actuelles par la vraie parole des gens.»
Ces témoignages ne vont pas disparaître. Ils seront conservés par Histoires d’ici, l’association pour la collecte et la mise en valeur de la mémoire fribourgeoise. La revue Pro Fribourg va également s’y intéresser dans son prochain numéro. Le spectacle est prévu quinze fois. Si le succès est au rendez-vous, une semaine supplémentaire pourrait être programmée. DM

Commentaires

J' ai travailler 10ans chez Cardinal 5ans sous feld....et quitte Carlsberg..... J' invite les ouvriers à visiter la nouvelle Brasserie Boxer à Yverdon , j' ai toujours préférer les naissances aux enterrements... Merci Monsieur Blancpain j' ai passer dix fantastiques années , mais j' ai tourner la page et vous attend pour une bonne mousse fraîche amitiés Alain

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses