PAR SOPHIE ROULIN
«Adieu Erhard, tu nous as fait rêver d’en haut!» Déjà un an que, en première page, votre journal rendait cet hommage à celui dont il avait suivi les exploits et les péripéties. Erhard Loretan, l’homme aux quatorze 8000,
le «lutin des Gast», se tuait le 28 avril dernier, dans un accident de montagne, au Grünhorn, dans le Haut-Valais. Une messe d’anniversaire a lieu dimanche, à 9 h 30, en l’église Saint-Pierre-aux-Liens, à Bulle.
«Il a d’abord laissé un grand vide.» Le journaliste Jean-Philippe Rapp avait reçu plusieurs fois Erhard Loretan au fil des dix ans qu’a duré son émission Zig-Zag Café. «Si on me demande de citer trois personnes qui m’ont marqué, Erhard y figure toujours.» Et d’évoquer son regard, son rire – «énorme, mais qui cachait parfois le désespoir» – son courage. «Il manque sa voix aussi et sa façon de se mettre en colère lorsqu’on voulait trop commercialiser la montagne.»
Directeur du Festival du film alpin des Diablerets (FIFAD), Jean-Philippe Rapp l’a également côtoyé comme conférencier. «Erhard faisait toujours salle comble. Il fascinait les gens. Modeste et introverti, il avait une force de conviction extraordinaire.» Le Gruérien avait également officié comme président du jury du FIFAD. «Il était impeccable de rigueur.»
Un style en héritage
Le journaliste le décrit également comme «un homme qui avait un sens des valeurs exceptionnel». «Il avait une façon pure et belle d’aborder la montagne», relève Frédéric Roux. Alpiniste et guide de montagne valaisan, il avait accompagné Erhard Loretan lors de sa deuxième tentative dans la face nord du Jannu, en 2003. «Il avait une philosophie et ne s’en est jamais éloigné.» En Himalaya, elle se traduisait par des ascensions sans oxygène, sans porteurs d’altitude, sans aide extérieure.
«Avec lui, on a appris la simplicité, le minimalisme même. Il n’avait pas quinze sangles, des vis et d’autres trucs. Mais il était très efficace. Son style inspire les jeunes générations d’alpinistes. Ces gars qui vont très vite font partie de cet héritage.» D’après le guide valaisan, les himalayistes européens suivent également sa trace.
Riche de l’avoir connu
Autre élément qui impressionnait Frédéric Roux: la motivation d’Erhard Loretan. «Il était toujours debout avant nous, et infatigable.» Et la maman de l’alpiniste disparu de reprendre: «Je ne sais pas où il puisait toute cette énergie. Il était toujours plein de projets. Il nous transmettait une incroyable force de vivre.»
Au décès de son fils et dans les mois qui ont suivi, Renata Loretan a reçu beaucoup de courrier. «Des magnifiques lettres de gens qui l’ont connu. Encore une carte ce matin me disait à quel point la personne se sentait orpheline, mais aussi riche de l’avoir connu. Il a laissé beaucoup à ceux qui l’ont côtoyé.» Et d’évoquer son sourire. «Je n’arrive pas à réaliser que ça fait un an. La douleur est toujours aussi vive. Mais ces témoignages m’ont soutenue.»
Par certaines de ces lettres, Renata Loretan a appris que son fils parlait souvent d’elle. «Il a dit à certaines personnes son attachement pour moi, sa reconnaissance aussi. Erhard était peu bavard sur ses sujets avec moi. Ça m’a vraiment touchée qu’on me l’écrive.»
Commentaires
Patricia Meylan (non vérifié)
dim, 29 avr. 2012
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