Deux petits boutons fleuris. Au début, il n’y avait que ces deux petits boutons. Aujourd’hui, il y en a déjà plus de 50000 prêts à être exposés. Et Dieu seul sait combien encombrent l’atelier de couture installé à la Haute ferme du vert pays, à Estévenens. «Ces deux boutons en forme de fleur me restaient de ma grand-maman, se souvient Nicola Beaupain. Je les ai conservés au gré de mes nombreux déménagements. Je me disais que le jour où j’allais mourir, je ne voulais surtout pas qu’ils terminent à la déchetterie.»
Ces boutons sont à l’origine de la création du musée du bouton, qui ouvrira ses portes le premier samedi d’octobre dans la grange de la demeure de l’artiste native de Hollande. Et elle tient à être claire: «On ne trie pas les boutons de façon très muséale! On choisit des thèmes, des formes ou des couleurs. Ça reste une collection de bricoleuse.»
Quand elle dit «on», Nicola Beaupain parle des nombreuses petites mains qui l’aident depuis plusieurs mois déjà. Près d’une quinzaine de dames qui, tous les vendredis après-midi, se retrouvent pour nettoyer, compter, coudre et coller en papotant autour d’un thé. «Nous comptons les boutons que nous préparons pour les expositions, nous les cousons sur des tissus et nous les mettons sous cadre. Et toutes les petites mains sont les bienvenues!»
Et pour celles et ceux qui ne seraient pas très doués avec du fil et une aiguille, Nicola Beaupain, qui a suivi une école de couture à Amsterdam, se veut rassurante: «Ce n’est pas ennuyeux comme recoudre un bouton sur une veste, nous brodons plus que nous ne cousons.»
Des boutons à la mode
De l’aide, mais aussi du matériel: depuis qu’elle s’est lancé ce pari un peu fou, la septuagénaire reçoit quotidiennement du fil, des aiguilles, des dés à coudre, des tissus, des boîtes de nourriture pour chats qui servent pour le stockage, des boîtes à couture et bien sûr des boutons. «Nous les prenons, même ceux qui n’ont rien de spécial. Tous méritent une place. Les moins précieux sont collés sur un tapis volant… il faudra venir le voir.»
Nicola Beaupain s’est donné sept ans, jusqu’à ses 80 ans, pour trouver un musée qui reprenne tous ces boutons, qu’elle souhaite sauver de l’oubli ou de la destruction. «C’est un patrimoine qui a passé entre tant de mains de couturière. Ce musée, c’est une nostalgie joyeuse!» Et elle ne se contente pas des boutons. Elle récolte aussi les articles de mode des époques qu’ont traversées ces boutons. Des pages jaunies de magazines tels que L’Illustré ou encore L’Abeille orneront les murs pour donner un contexte: années 1920, années 1930 ou encore art nouveau se déclinent au travers de cet objet.
Boutons coquins
Certains d’entre eux n’ont pas forcément besoin d’explication: sous une vitre, les boutons de soutane se déclinent, laissant pointer quelques seins. Parmi ces petits trésors, Nicola Beaupain a aussi reçu des boutons anciens, du XVIe siècle, retrouvés lors de fouilles archéologiques dans un polder en Hollande. Pour les faire découvrir dans leurs moindres détails, Nicola Beaupain projette des visites guidées. «Je prépare aussi un catalogue de l’exposition et je songe déjà à faire un livre sur tous ces boutons.»
D’ici là, l’enseignante de yoga planche sur les diverses expositions. La première se déclinera sur le thème des fleurs. «Tous les six mois, la collection changera. La suivante mettra en avant la valse des formes: rondes, carrées, ovales, triangles et j’en passe. Puis viendra la valse des matières comme le tissu, la nacre, le bois ou encore la corne. Les visiteurs seront guidés et munis d’une loupe éclairante pour admirer ces chefs-d’œuvre.» Car, si petits qu’ils soient, ils sont bien plus nombreux qu’on ne le croit à avoir été minutieusement décorés.
Les hommes aussi
Et les boutons ne sont pas l’apanage des femmes. Dans ces petites boîtes entassées, des boutons attendent encore d’être comptés et mis en valeur. Parmi eux, des boutons très masculins. «Nous avons reçu des boutons de manchette, des boutons d’uniforme, des boutons de soutane et même des boucles de ceinture!»
Si anodin, mais aussi si précieux, le bouton recevra quelques lettres de noblesse sur les hauts d’Estévenens. «Il y a une philosophie à en tirer: le bouton est un petit objet indispensable qui sert à ouvrir et fermer, lier et délier, habiller et déshabiller…»
Commentaires
Gisela Pinheiro... (non vérifié)
sam, 03 nov. 2012
Jeannot (non vérifié)
sam, 15 sep. 2012
Pierrette Kirch... (non vérifié)
ven, 20 jui. 2012
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