L’anglais au menu de l’école primaire dès cet automne

| sam, 08. juin. 2013
Dès cet automne, 171 classes du canton se mettront à l’anglais dès la 7e Harmos. Sept classes du canton expérimentent cet apprentissage depuis deux ans. Reportage à Lugnorre.

PAR MICHELINE HAEGELI

Quatre classes pilote francophones du Moratois et trois classes germanophones de Gurmels testent depuis deux ans le matériel de l’apprentissage de l’anglais que leurs petits camarades de 5e année primaire recevront dès la prochaine rentrée scolaire. Les élèves de Micheline Singer, à Lugnorre, ont ouvert leur porte vendredi à la presse.
D’entrée de jeu, la bonne humeur et une certaine fierté sont percevables. Au journaliste un peu perdu dans les couloirs et qui demande son chemin, un élève lance «follow me». Répartis en deux degrés, 5e et 6e primaires, les élèves de Micheline Singer ne se laissent pas démonter par l’invasion médiatique et la présence de la conseillère d’Etat Isabelle Chassot.
Pendant que la 5e fait, en silence, des exercices dans un cahier, les plus grands travaillent à haute voix. Un chant d’abord où il est question d’un hamster sous une table et d’un «monster in my bed». Vient ensuite une petite séquence de conversation: l’intervention de chacun commence par «I like»: manifestement à Lugnorre on aime les hamburgers, les pommes frites, les yaourts et les bananes, mais pas seulement.
Au bout d’un moment, la répartition des tâches alterne. Les grands s’attellent à un exercice écrit, les plus jeunes peuvent chanter et parler en anglais. Le tout dans la plus grande décontraction, mais non sans discipline.


Enseignants encensés
L’ambiance détendue du cours, dans une jolie classe bénéficiant d’une superbe vue sur le lac de Morat, aurait tendance à faire oublier les discussions «homériques» – selon le mot d’Isabelle Chassot – ayant entouré en Suisse l’introduction de la deuxième langue étrangère dans le primaire ainsi que le gros travail que doivent accomplir les enseignants pour se lancer dans cette nouvelle branche. La conseillère d’Etat n’a pas tari d’éloges à leur égard et a souligné une «volonté manifeste de répondre à ce défi».
Dès cet automne, quelque 171 classes fribourgeoises, dont 125 francophones, suivront des cours d’anglais en 5e année primaire (7e Harmos) à raison de deux unités par semaine (deux fois 50 min.). L’introduction de l’anglais n’entraînera pas un alourdissement de l’horaire. Ce dernier est maintenu à 28 unités. Le Conseil d’Etat s’était réservé le droit de rajouter deux unités au cas où il s’avérait difficile de mener à bien le programme.
Mais aussi bien à Fribourg que dans les autres cantons romands qui passent à l’anglais dans le primaire, augmenter l’horaire de ces élèves d’un peu plus de dix ans a soulevé des réticences. La décision a été prise de rester à 28 unités. «C’est déjà important, près de 4,5 jours», a rappelé celle qui est aussi la présidente de la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP).
Sans oublier que deux unités de plus auraient entraîné un coût supplémentaire de près de 1,7 million par an. Le coût de l’introduction de ce nouvel enseignement n’est pas aisé à chiffrer: du côté du canton, il est question de l’engagement de quatre à cinq plein-temps pour le personnel d’appui et de formation. Le nouveau matériel didactique est quant à lui à la charge des communes.
 

Méthode douce
La volonté du canton de ne stresser ni les élèves ni les enseignants avec une nouvelle matière est clairement perceptible. La charge des enfants ne change pas: côté alémanique, deux heures, l’une d’enseignement biblique, l’autre de français sont biffées au profit de l’anglais. Pas de souci à se faire pour le français pratiqué par les jeunes alémaniques: la conseillère d’Etat et le responsable de l’enseignement obligatoire en langue allemande Reto Furter ont souligné que le pensum francophone des élèves alémaniques de primaire est surdoté par rapport à la réciproque côté francophone.
Le primaire francophone a choisi une méthode plus empirique de rabotage des pourcentages des divers enseignements au profit de l’anglais. «Les enseignants sont très contents qu’on leur reconnaisse cette compétence et qu’on leur laisse cette marge de manœuvre», a souligné Isabelle Chassot. L’important est qu’au bout du compte, les enfants atteignent les objectifs dans toutes les branches au bout de l’année scolaire.
Les enseignants aussi ont été ménagés. Pas question de leur imposer d’enseigner l’anglais. Une période de transition de trois à quatre ans est prévue. Des formations aussi bien linguistiques que didactiques sont agendées.
Depuis presque une année, 195 enseignants ont été ou sont en cours de formation (135 francophones et 60 germanophones). Il ne s’agit pas de spécialistes mais de maîtres et maîtresses généralistes ayant suivi les compléments linguistiques nécessaires. Un premier module didactique et méthodologique a été mis sur pied en été 2012 par le service de Formation continue de la Haute école pédagogique (HEP) et se poursuivra durant deux ans pour un total de 30 unités d’enseignement. Un second module démarrera cet été. En parallèle, des cours d’anglais ont été organisés afin de permettre aux futurs enseignants d’atteindre le niveau linguistique souhaité, soit le B2.
 

Vaud et Genève à la traîne
Pour mémoire, l’introduction d’une deuxième langue étrangère dès le primaire repose sur une décision prise par la CDIP en 2004. Elle a été formalisée par la suite tant dans le concordat Harmos que dans la Convention scolaire romande (pour la partie francophone du canton) ou dans l’accord Passepartout (pour la partie germanophone).
En accord avec cette politique, le canton de Fribourg a mis en œuvre le concept cantonal des langues adopté par le Grand Conseil en 2010 prévoyant, entre autres, l’introduction de l’anglais dès la 5e primaire. Cette nouveauté concerne tous les cantons romands, sauf ceux de Vaud et Genève qui ont demandé un délai supplémentaire d’adaptation.

Commentaires

c'est super d'enseigner les langues, et il y a tant encore à faire rentrer dans l'enseignement, car c'est là que les enfants apprennent le mieux et devraient en savoir un maximum avant de rentrer dans la vie active. M
Et le français ??????? Fribourg Genève Vaud Neuchâtel avant de vouloir les mettre à l'anglais ne vaut-il pas mieux qu'ils parlent français les jeunes???????

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