Il a vu la lumière de la mort

| mar, 01. oct. 2013
Déclaré cliniquement mort, Laurent Losey a alors vu cette lumière que toutes les personnes de la planète qui ont vécu une expérience de mort imminente (EMI) ont vue.

PAR PRISKA RAUBER

«Il n’y a aucun bruit, aucun son, et cette lumière très, très loin, comme un soleil sans rayon, jaune, très clair, transparent, qui brille et qui m’attire. C’est très lumineux, très puissant, très fort… Mais je n’ai pas mal aux yeux, ni la sensation d’avoir des problèmes pour voir.» Cette expérience, le Fribourgeois Laurent Losey l’a vécue alors que les médecins le déclaraient cliniquement mort. Le cerveau en bouilli et le cœur en arrêt, personne ne donnaient cher de sa peau lorsqu’en 1991, il fut victime d’un accident sur la route qui le menait chez lui. Vingt ans plus tard, il se souvient exactement de ce qu’il a vu et ressenti lorsqu’il a frôlé la mort. Soit de son expérience de mort imminente (EMI) – ou near death experience (NDE) pour l’acronyme anglais.
Longtemps considéré comme farfelu, le sujet est aujourd’hui une question étudiée par les scientifiques, débattue lors de colloques médicaux et observée par les anesthésistes-réanimateurs. De plus en plus de témoins en parlent, de moins en moins assimilés à des hurluberlus. Et comme Laurent Losey, ils sont nombreux. Une enquête menée aux Pays-Bas par le cardiologue Pim van Lommel, publiée en 2001 dans la revue médicale The Lancet, a montré que 18% des patients réanimés in extremis ont connu une EMI.
Mais elle divise toujours la communauté scientifique. La science s’occupant de faits mesurables, de phénomènes pouvant être testés et reproduits. Donc, soit le scientifique juge que l’EMI n’est pas réelle puisqu’on ne peut se baser que sur des témoignages, soit il considère que l’accumulation et la similitude des récits constituent une preuve. Ces similitudes, quels que soient les pays, les religions, le sexe, l’âge ou le milieu social des personnes l’ayant vécu, sont troublantes. Elles ne cadrent pas avec les cas d’hallucinations. «Les hallucinations sont de nature très variée, souvent liées à la religion et à la culture», souligne dans ses études le professeur en psychiatrie Bruce Greyson, de l’Université de Virginie, qui examine le phénomène depuis quarante ans. Il a été l’un des premiers chercheurs à recueillir des données empiriques sur des expériences de mort imminente, selon des méthodes scientifiques. L’Américain a ainsi grandement participé à la popularisation de l’EMI dans le monde.


En revenir changé
Les témoins racontent donc toujours cette lumière, la plénitude. L’absence de douleur. Souvent une sortie de son corps, la possibilité de se voir et de voir les autres, un tunnel, une aspiration et, surtout, ils n’ont plus peur de la mort et tous en reviennent changés, avec de nouvelles valeurs, centrées sur l’amour et l’altruisme. Ce qui fait dire à ce même Bruce Greyson que «les personnes qui racontent une NDE changent profondément en bien, tandis que celles qui traversent une période de délires et d’hallucinations développent des penchants paranoïaques. Et si c’était un songe, comment quelques secondes d’un rêve pourraient-elles bouleverser une vie entière?» Laurent Losey sait qu’il n’a pas halluciné, ni rêvé. Il n’a d’ailleurs rien d’un illuminé, mais plutôt tout d’un cartésien, ce gestionnaire hypothécaire. Et lui aussi est revenu changé de son voyage aux portes de la mort.
Après son arrêt cardiaque, il est branché, intubé et survit dans un «état préoccupant» grâce aux machines et aux médicaments. Il est dans le coma, il y restera dix jours. Son cerveau saigne. Son ascension vers la lumière continue. «Elle dégageait beaucoup de chaleur, un sentiment de paix, de tranquillité, raconte-t-il. Je ressentais la joie, le bonheur, c’était magnifique, beau, ça m’attirait. J’avais envie d’aller voir derrière la lumière.» Il y entend des voix. Elles lui disent de ne pas s’inquiéter, qu’il n’allait pas souffrir ni avoir de séquelles. Et puis, elles lui disent qu’il apprécierait deux fois plus la vie après et que, surtout, il devrait «en faire quelque chose qui a du sens». C’est ce qu’il a fait. Mais pas tout de suite.
Il a d’abord fallu réapprendre à parler, à affiner ses gestes, à s’asseoir et à se remettre sur pied, même si sa guérison fut fulgurante. «En une semaine j’étais debout, en deux je remarchais. A l’étonnement total du corps médical, qui ne peut d’ailleurs toujours pas expliquer ce qui s’est produit alors qu’il était certain que j’allais mourir, au mieux finir comme un légume!» Et puis il a fallu apprécier d’être en vie. Sur ce chemin, il n’y avait pas encore d’espace pour s’apercevoir des nouvelles capacités qu’il possédait depuis son EMI.


Nouvelles aptitudes
«De temps en temps, je me rendais compte que mes intuitions se concrétisaient. Je me disais que c’étaient des hasards. Je pensais à une personne et elle me téléphonait. Les machines que je touchais implosaient. Mais voilà, rien de bien extraordinaire en soi!» C’est la récurrence des événements et une rencontre qu’il n’a pas cherchée avec Sylvie Déthiollaz, docteur en biologie moléculaire passionnée par le sujet (elle a créé le centre d’étude et de recherche Noêsis à Genève), qui vont l’éclairer. Ainsi, cinq ans après son expérience, il a su la nommer. Su aussi qu’il avait développé depuis lors des aptitudes de magnétiseur, voire de télépathe. Un don – «je dirais plutôt une force qui aide» – qu’il met au service de ses proches, surtout. Sans rien demander en retour, «évidemment».
Mais il n’a rien à prouver, ni ne cherche à convaincre. Aujourd’hui, âgé de 40 ans, le Fribourgeois accepte son histoire, ses nouvelles capacités et sa mort avec sérénité. «Je sais que je serai bien.»

 

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La conscience hors du cerveau?
Une étude publiée le mois passé par des chercheurs du Michigan indique que l’expérience de mort imminente (EMI) rapportée par les personnes victimes d’un arrêt cardiaque serait due à un regain d’activité cérébrale. Le professeur de neurologie Jimo Borjigin et son équipe sont partis de l’idée que «si cette expérience résulte d’une activité cérébrale, elle devrait pouvoir être détectée chez les hommes comme chez les animaux».
Ils ont donc analysé l’électroencéphalogramme de neufs rats anesthésiés, mis en arrêt cardiaque. «Dans les trente secondes, tous les rats ont connu une augmentation de leur activité cérébrale qui correspond à un état d’éveil. Ces observations laissent penser que le cerveau est capable d’une activité électrique bien organisée aux premiers stades de la mort clinique.»
Des conclusions que d’autres chercheurs ont désavouées. Notamment parce que nul ne sait si les rats ont une conscience, et parce que, sans s’appuyer sur des indications tangibles, conclure que le regain d’activité cérébrale est la signature de l’EMI ne serait pas possible. Reste qu’on ne peut toujours pas prouver scientifiquement sa réalité.
Ces phénomènes remettent quoi qu’il en soit en question l’idée que le cerveau produit la conscience comme le foie produit la bile. La conscience pourrait en effet avoir une existence en dehors de lui. Dans son livre Conscience sans limites, le cardiologue Pim van Lomel (celui qui a, par son étude de grande ampleur, déterminé que 18% des patients réanimés in extremis ont connu une EMI), confie que «la survenue de perceptions, de pensée logique pendant une période de mort clinique nous posent des questions inédites et troublantes sur la notion actuelle de la conscience et de son rapport aux fonctions cérébrales. La conscience n’est peut-être pas strictement dépendante du cerveau.» Comment expliquer en effet que les témoins, dont le cerveau ne fonctionne pas, puissent raconter ce qu’ils ont vu et entendu lors de leur réanimation? Et que ce soit vérifiable ensuite par les personnes présentes?
Le Fribourgeois Laurent Losey a pu, lorsqu’il «flottait, voir les personnes présentes, et même comment elles étaient habillées, un chemisier avec des petits pois… C’était la vision réelle, sauf qu’il y avait peu de couleur.» Un autre exemple est le fameux cas de Pamela Reynolds, maintes fois évoqué dans les études, en raison des circonstances inhabituelles sous lesquelles elle s’est produite: Reynolds était sous surveillance médicale étroite pendant toute l’opération.
Opérée pour un anévrisme du cerveau en 1991, elle a été maintenue durant quarante-cinq minutes avec un électroencéphalogramme plat. Elle a ensuite raconté s’être éveillée hors de son corps et décrit, avec force détails, ce qui s’est passé dans la salle d’opération. Notamment l’outil utilisé pour la trépanation ou le fait qu’elle a entendu la femme chirurgien dire: «Ce vaisseau est trop petit. Il va falloir ouvrir l’autre côté.» Pamela Reynolds n’avait pas rencontré ce médecin auparavant et ne savait même pas qu’il s’agissait d’une femme. Son chirurgien Robert Spetzler n’a pu que tout confirmer.
Les études scientifiques des EMI conduisent aux limites des connaissances médicales et physiologiques actuelles. PR

Commentaires

Beaucoup de courage Monsieur Losey d'oser raconter sa magnifique histoire. Je ne doute pas une seconde de son témoignage et ceci en raison d'expériences personnelles. C'est un vrai privilège d'avoir pu vivre un tel ressenti, une élévation de la conscience humaine.
Dieu a toutes les puissances.
le cerveau a de multiples capacités! et bien peu, sont encore explorer! ainsi il est capable entre autre chose de s'auto guérir! donc rien n'est jamais perdu, lors d'accident graves! bravo belle description, la médecine devrait être plus humble devant cette réalité! et en profiter pour avancer dans ce sens! et non de toujours infliger des traitements chimiques qui ne servent a rien! belle journée a tous!S B
Un excellent article. Encore un grand MERCI !
Bel article, merci

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