«Les mauvaises audiences ont été une chance pour moi»

| sam, 22. oct. 2016

Le 3 mai dernier, Patrick Rouiller devenait la «nouvelle star». Désormais loin de la télévision et des paillettes, il prépare son premier album, tout en poursuivant son travail de mécanicien sur vélos. Rencontre.

PAR FRANCOIS PHARISA

Boucles et grand yeux noirs, Patrick Rouiller, vainqueur de la Nouvelle star, télécrochet de la chaîne C8, reçoit chez lui, à Mézières. Un trois-pièces parsemé de guitares et de cadeaux reçus par des fans, dans une ferme rénovée entourée de verdure. «Le cadre idéal pour composer», glisse le Glânois de 28 ans, qui revient sur l’après-Nouvelle star et évoque son premier album, en préparation. La tête bien sur les épaules.

Finalement, votre nom, c’est Patrick Rouiller ou c’est Paul Plexi?
Ah! La grande question… Je trouve important de dissocier le monde du travail et celui de l’artistique. Donc Patrick Rouiller dans le premier et Paul Plexi dans le second. Mon futur album sera signé Paul Plexi.

Ce printemps, vous étiez partout, dans tous les journaux. Depuis, l’euphorie médiatique est retombée. Pas trop dur?
Ça va. Ce n’était pas ma première expérience dans un télécrochet. J’avais déjà participé à plusieurs castings internationaux. Je savais donc très bien comment ça fonctionne. Sur le moment, forcément, c’est un peu grisant, mais grâce à ce recul, je savais qu’en rentrant à Mézières, l’euphorie retomberait. En Suisse, les gens ne vous mettent pas sur un piédestal. Sauf si tu t’appelles Roger et que tu as gagné 17 Grand Chelem. Et j’ai vu juste. C’est un peu le désert niveau sollicitations désormais.

Directement après la Nouvelle star, vous avez sorti un album des reprises de l’émission. A-t-il bien marché?
A ce que je sais, il n’a pas eu un gros impact, les ventes n’ont pas été très bonnes. C’est un peu normal, car il n’y avait pas eu beaucoup de promo et les titres interprétés étaient déjà disponibles sur YouTube… Ce projet ne m’emballait pas, mais je n’ai pas eu le choix, c’était exigé dans mon contrat.

Vous espériez pouvoir sortir votre album personnel pour les fêtes de fin d’année. Qu’en est-il?
Mon directeur artistique, chez Polydor, un label d’Universal, m’a bien fait comprendre que Noël était monopolisé par les gros vendeurs de disques. Impossible donc pour un jeune comme moi de faire ma place à ce moment-là.

Quand sortira-t-il?
L’objectif est février ou mars. Cela me permettrait de démarcher certains festivals d’été pour faire un peu de promo. A la fin novembre, j’ai une semaine de préproduction à Paris, dans les studios de Polydor, pour enregistrer mes maquettes. J’en saurai plus alors. Ça peut aller très vite, comme prendre quelques mois de plus, selon les discussions.

Quelle est votre marge de manœuvre dans la réalisation de cet album?
Cette année, la Nouvelle star a été très peu regardée. Je n’ai donc pas cette pression de sortir un album au plus vite et de surfer sur le succès de l’émission comme l’ont connue les précédents vainqueurs. La maison de disques sait que je ne possède pas une énorme fan base, qui attend à tout prix mon album. Je peux ainsi en faire un qui me plaise vraiment, qui me corresponde le plus possible. Ces mauvaises audiences ont été plutôt une chance pour moi.

N’y a-t-il pas tout de même des choix imposés en fonction de ce qui plaît au public actuellement?
Lors de mon premier rendez-vous avec le directeur général de Polydor, on en a parlé. Il m’a expliqué que les titres, en français, avec de l’électro et des beats derrière étaient la tendance du moment. Mais c’est aussi un concept qui commence déjà à être un peu usé. Je lui ai fait écouter quelques démos personnelles. Il les a trouvées bonnes, bien qu’un peu vieillottes. Depuis, sur cette base, j’ai réalisé plusieurs maquettes de chansons. Plus j’ai de la matière à fournir, plus je pourrai donner mon empreinte folk-rock à l’album. Alors j’avance de mon côté.

La maison de disques vous a un peu oublié…
J’ai eu cette impression au début. J’ai gagné le 3 mai. Et entre juin et août, je n’ai pas eu de contacts, ça m’inquiétait un peu. Mais il faut savoir qu’Universal a plusieurs labels, où chaque directeur artistique ne gère pas loin de cent artistes. Alors forcément, le mec a moins de temps à te consacrer. Il ne va pas passer une heure tous les jours sur ton cas. Il m’a fallu comprendre cette mécanique. Puis, l’automne arrivant, Polydor m’a convoqué pour cette semaine de préproduction. Je pourrai enregistrer mes maquettes. Le taf se fait. Mais, c’est certain que ce n’est pas parce que tu es signé avec un label que tu peux te reposer sur tes lauriers et attendre que les choses se passent.

Vous avez présenté quatre chansons en première partie de Thomas Dutronc, à la salle CO2. Le public en a fait bon accueil?
J’avais vraiment la pression, parce que c’était la première fois que j’arrivais sur scène avec des chansons que j’ai écrites et composées. J’appréhendais. J’attendais les feedbacks. Et j’en ai eu plein. Beaucoup de remarques positives et intéressantes. C’est rassurant. J’essaie toutefois de limiter ces événements, car je dois me concentrer sur la composition.

Vous avez choisi de chanter en français plutôt qu’en anglais contrairement à beaucoup de jeunes chanteurs…
Je me suis souvent posé la question: n’est-ce pas mieux de chanter en anglais? Qui plus est en Suisse, dans une période difficile sur le marché du disque… Mais après avoir composé en anglais, je me suis rendu compte que je ne parvenais pas à donner la même intensité d’interprétation qu’en français, ma langue maternelle. Beaucoup choisissent l’anglais par facilité. Composer en français, c’est tellement difficile. Il y a beaucoup plus de contraintes, c’est une langue moins malléable que l’anglais.

Vous continuez à travailler à mi-temps comme mécanicien sur vélos. Combien vous rapporte la musique?
J’ai touché une avance de ma maison de disques conformément à mon contrat. Une somme qui me permet de consacrer 50% de mon temps à la musique jusqu’au printemps prochain. Après, eh bien il faudra que l’album se vende, que je trouve un financement, ou alors que je recommence à bosser davantage.

Commentaires

Un talent incroyable .-) Ca serait bien de refaire un article pour diriger les lecteurs à l'aider sur crowdfunding bei wemakeit ,-) Merci

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