22 janvier 2013 à 03:23
Même s’ils sont prioritaires, les piétons devraient mieux veiller à leur sécurité. Dans cette optique, la police fribourgeoise prévoit de lancer un arsenal de mesures de prévention en 2013.
Par Dominique Meylan
La police fribourgeoise ne fait pas que sanctionner. Bien au contraire, elle accorde une grande importance aux campagnes de prévention. «Les usagers de la route sont des partenaires», a rappelé hier le commandant de la Police cantonale Pierre Schuwey, au moment d’annoncer l’arsenal de mesures de prévention prévu en 2013.
Les piétons font l’objet d’une attention particulière. Voir une personne se jeter sous ses roues sur une route enneigée, sans le moindre signe annonciateur, est le cauchemar de bien des automobilistes. Si ces derniers sont bien souvent jugés coupables, les piétons ont également un rôle à jouer.
La police souhaite réduire le nombre de victimes sur les passages cloutés. De début 2008 à octobre 2012, près de 170 personnes ont été blessées dans le canton. Une victime est même décédée.
Seuls à pouvoir agir
La police vise donc prioritairement les piétons. Vulnérables, ces derniers sont certes prioritaires. Mais ce droit ne devrait pas les inciter à traverser à n’importe quel prix. Autrement dit, les piétons sont souvent seuls à pouvoir éviter la collision. «La faute de l’un ne doit plus mener à un accident», souligne Pierre Schuwey.
Les enfants ne constituent pas la majorité des victimes, comme on pourrait le croire. Ce sont bien les adultes, souvent automobilistes à leurs heures, qui se font faucher. «Les enfants en sont capables! Pourquoi pas les adultes? s’interroge Gilbert Baeriswyl, chef de la police de circulation. Un piéton adulte doit pouvoir se mettre dans la peau d’un automobiliste. Il doit aussi porter une certaine responsabilité.»
Une vidéo, disponible sur le site internet de la police, rappelle le comportement adéquat à adopter sur les passages cloutés. Les forces de l’ordre ont choisi l’image d’un de leurs véhicules en course urgente. Feu bleu et sirène offrent également une priorité totale aux agents.
Cela ne les empêche pas de respecter certaines règles de sécurité. «Est-ce que le conducteur peut réagir? Veut-il réagir? réagira-t-il?» Si la réponse à ces trois questions est affirmative, la voiture de police peut s’engager. Si ce n’est pas le cas, elle s’arrête. Pour un piéton, les règles sont semblables.
La police ne prévoit pas d’action répressive. Elle dispensera des conseils à proximité des passages piétons et espère voir sa vidéo partagée sur les réseaux sociaux.
Campagne d’affichage
«Un jour sans victimes d’accident de la route»: cette seconde action de sensibilisation s’adresse plus spécifiquement aux automobilistes. Via une quarantaine d’affiches, placardées dans tout le canton, la police va comptabiliser le nombre de jours sans victime de la route. Elle lance par là même un défi aux automobilistes.
Les journées sans aucun accident sont rares dans le canton de Fribourg: 4 en 2011 et 8 de janvier à octobre 2012. Les journées sans victimes (blessés ou morts) sont un peu plus nombreuses: 78 en 2011 et 80 dans les dix premiers mois de 2012. La police espère bien arriver à un résultat plus élevé en 2013.
Ces campagnes ont été réalisées à l’interne par des collaborateurs des forces de l’ordre fribourgeoises. Un soutien de 40000 francs a été offert par l’OCN et le TCS. Le Service des ponts et chaussées s’occupera gratuitement de la mise en place des affiches.
Une prévention qui fonctionne
La police fribourgeoise est coutumière des campagnes de prévention. Selon Pierre Schuwey, ces actions ont contribué à la diminution des collisions graves sur les routes. L’an dernier, le canton a comptabilisé neuf accidents mortels. Pour la première fois depuis 1945, ce chiffre est inférieur à 10. A noter tout de même que l’un de ces accidents a été particulièrement dramatique: à Grolley, quatre jeunes gens ont perdu la vie. Les motards ont également payé un lourd tribut: sept d’entre eux sont décédés.