A voir, à toucher et à ressentir

7 mai 2013 à 04:29

Quelles animations réserve au juste la fête de cette semaine? Eclairage avec l’organisatrice Nadine Dafflon. Détails sur la procession de dimanche. Carte à l’appui, les différents lieux qui animeront la manifestation dès mercredi.

PAR YANN GUERCHANIK

On a tout entendu sur la Poya d’Estavannens qui se déroulera de mercredi à dimanche. Mais à part le spectacle-création (La Gruyère du 2 mai), un grand loto, des concerts, à boire et à manger, qu’est-ce qui animera au juste cette grande fête? Lors de la conférence de presse officielle il y a quelques semaines, le président de comité d’organisation Edgar Schorderet s’était contenté de laisser la surprise. La responsable des animations et du cortège Nadine Dafflon nous en dit un peu plus.


Les animaux. «J’ai voulu, entre autres, montrer des races qu’on ne rencontre pas dans chaque ferme ni dans chaque manifestation.» En cela, Nadine Dafflon poursuit la ligne tracée en 2000 par Raymond Gremaud, le président des deux dernières Poyas. Les chevaux de Mérens (le No 5 sur la carte) seront notamment à l’honneur. Sacs sur le dos et char attelé, l’animal sera présenté dans le cadre de son utilisation spécifique, la randonnée et le trekking. Un film et une expo photos attendent également le public dans une grange.
«Pas de Poya sans vaches!» Ces dernières viendront des champs alentours. Dans l’espace dédié à la fabrication du gruyère AOC et du vacherin fribourgeois AOC (No 12), on pourra assister à des traites accomplies à la machine ou à la main. A cet endroit, on trouvera encore des cochons: «Il n’y a pas de perte dans la fabrication du fromage. On voulait montrer comment, à la fin du processus, le petit-lait sert à les nourrir.»
Parmi les animaux qui font de plus en plus leur réapparition en montagne, les bourriquets auront aussi la part belle. Utilisés notamment pour la récolte des plantes et des herbes, ils seront présentés dans un enclos en situation de travail (No 1). Habitantes de l’alpage, les chèvres viendront aussi bêler à Estavannens (No 15). «Il s’agira de races rares, avec si possible le bouc et le cabri. Ces débroussailleuses, jouent un rôle en montagne.»
Les moutons constitueront une autre attraction (No 14). Au programme: tonte sur place et fabrication de masques en laine pour enfants. Au même endroit, on pourra encore assister aux prouesses des borders collies regroupant le troupeau. Pour compléter l’arche d’Estavannens, une basse-cour sera aménagée dans la zone pique-nique (no 13) «Des petits enclos permettront aux enfants de toucher les animaux.» Plus au nord dans le village (No 20), ils pourront également faire des tours à dos de mulet.


Activités pour enfants. «J’ai essayé de penser aux enfants le plus possible», relève Nadine Dafflon. Un bon nombre d’activités leur sont dédiées. Dans la zone pique-nique, on trouvera par exemple une ludothèque avec des jeux anciens. «Des jouets en bois, des jeux forains, des parcours en tracteur, de quoi s’amuser en groupe.» Près de l’immense cantine, un ancien bus GFM (No 29) les accueillera pour des grimages et des contes interprétés par Catherine Gay et Dominique Pasquier. Ces derniers conteront également à l’école et à l’église.


Montagne. Au village d’en bas, un poste sera dédié à l’Association suisse des accompagnateurs de montagne (No 10). Des membres proposeront des balades d’une heure au départ d’Estavannens. Intitulée «La poya et la vie à l’alpage en Gruyère»,  la promenade sera ponctuée de commentaires (inscriptions au 076 561 47 13).


Artisans. Ils ne seront pas moins de 28 à présenter leur savoir-faire: des dentellières aux fabricants de baquets à crème, en passant par les selliers, les couturières ou les fondeurs de cloches. Nadine Dafflon insiste sur un point: «Ils viennent tous gratuitement et ils ont joué le jeu de ne rien vendre. On ne voulait pas devenir une foire! Et puis, les gens sont plus à l’aise pour aborder un stand quand ils ne se sentent pas obligés d’acheter.» Qu’on se le dise, à Estavannens, on ne devrait pas trouver de barbies au milieu des tracteurs miniatures ni de strings edelweiss alignés à côté des dzaquillons.


Curiosités. Parmi les différentes démonstrations artisanales, quelques-unes s’avéreront particulièrement originales. Comme la pharmacie du berger (No 16). «Il s’agissait de montrer les vertus médicinales des plantes que l’on trouve chez nous.» Près de la pinte à fromage, les tavillonneurs (No 11) achèveront de rénover le vieux congrin du village (installation qui servait à soigner les sabots des bêtes).
Dans l’école, on a sorti les pupitres d’antan. Le public pourra assister à des cours de patois (No 18). On retrouvera les patoisants chez Irenée Pharisa, l’Ali Baba d’Estavannens (No 5). Dans sa caverne remplie d’objets traditionnels dignes d’un musée, le visiteur se verra prodiguer des explications mêlant le patois au français.


Dans un rond de sciure. (No 6), le visiteur pourra encore se mesurer aux lutteurs gruériens. A tout cela s’ajoutent l’animation théâtrale assurée par les Tréteaux de Chalamala et l’animation musicale garantie par 25 sociétés régionales de chœur et de fanfare et par des groupes folkloriques venus d’ailleurs. En résumé, les animations fourmilleront le vendredi après-midi et le samedi.


Cortège. Le dimanche, Estavannens changera de visage. Les artisans auront plié bagages pour la plupart tandis que certains prendront part au grand cortège de l’après-midi. Même chose pour les animaux, ils quitteront leur enclos pour défiler. Attelés, bâtés et harnachés, ils se présenteront en situation de travail à la montagne. Quelque 60 vaches prendront la tête de la procession qui propose de décliner le thème «Sacrées montagnes!» en quatre volets: «Durs labeurs», «Dangers», «Loisirs» et «Mystères».
Treize chars présenteront ainsi les multiples facettes de l’alpage. Les sociétés locales et les groupes invités ont composé les différents tableaux, de même que des classes de Cerniat et Treyvaux, en collaboration avec le peintre Jacques Cesa. Pour finir en apothéose, un concert sera donné par 100 joueurs de cor des Alpes non loin de la zone pique-nique.
Nadine Dafflon a pris soin de développer les différentes thématiques en lien avec la montagne et le monde paysan. Pour le sous-thème des «Loisirs», par exemple, il sera plutôt question de chasse et de ski que de snowboard et de parapente. Peu éblouie par les lumières de la ville, elle s’est efforcée avec son équipe de proposer des animations enracinées dans la tradition: «Défendons ces valeurs qui existent! Les paysans vivent sur ces principes. Bien sûr, il faut innover et c’est bien d’avoir un DJ célèbre, mais il ne faut pas oublier l’essentiel.»


Messe. Rappelons encore qu’avant le cortège du dimanche après-midi la messe ne représentera pas la moindre des animations de cette Poya 2013. Une cérémonie que les caméras de la RTS feront rayonner jusqu’au Tessin, en Belgique et en Irlande. Sur la chapelle du Dah, se succéderont Mgr Charles Morerod, l’abbé Claude Deschenaux et le père Dominique Fragnière pour une traditionnelle homélie en patois.