Loin d’être sur un nuage, ils ne peuvent plus se cacher

11 mars 2014 à 03:43

Les play-off de LNA débutent ce mardi. Finaliste la saison dernière, Fribourg-Gottéron affronte Ambri en quart de finale. Inconstante jusqu’ici, l’équipe d’Hans Kossmann doit apporter des certitudes.

PAR THBAUD GUISAN

Le sentiment est bizarre. Cinquante matches de saison régulière ont passé et on ne sait toujours pas trop que penser du potentiel de Fribourg-Gottéron. D’un côté, l’équipe d’Hans Kossmann a terminé 2e du classement. A priori, pas de raison de s’inquiéter. Le problème, c’est que les performances ont été tellement en dent-de-scie qu’elles n’ont pas levé les doutes.
Mais place aux quarts de finale des play-off. Dès ce soir face à Ambri-Piotta (20 h 15), Gottéron doit apporter des réponses et des certitudes. Loin d’être sur un nuage, les joueurs ne peuvent plus se cacher.

La dynamique
Après sa première place de l’an dernier, Gottéron a bouclé sa saison régulière au 2e rang. Mais rarement une saison régulière aura été aussi…irrégulière ou inconstante. Les Fribourgeois doivent surtout leur très bon classement final à un automne réussi.
Septembre (4 victoires-3 défaites), octobre (8-3) et novembre (7-2) ont été des mois fastes, avec notamment une belle série de quinze succès en dix-huit matches du 27 septembre au 19 novembre. Depuis le 22 novembre et un étrange match à Genève (défaite 5-3 après avoir mené 3-0 après deux tiers-temps), quelque chose a semblé se casser. L’année 2014 a vu Gottéron souffler le chaud et le froid. La preuve avec un bilan on ne peut plus équilibré: 16 matches, 8 victoires, 8 défaites, 51 buts marqués pour autant d’encaissés. «Les différences entre les équipes se sont encore réduites cette saison», résume l’entraîneur Hans Kossmann.

L’affiche
Ambri, c’est la surprise du championnat: l’équipe de Serge Pelletier participe aux play-off pour la première fois depuis sept ans. Le bilan de la saison régulière parle en faveur de Fribourg, vainqueur trois matches à un. «On part favoris, assume Hans Kossmann. Mais il nous a fallu sept matches pour éliminer Bien­ne l’an dernier…»
Ambri a surtout bril­lé en 2013, avec une série de 10 victoi­res en 11 matches du 5 octobre au 2 novembre. L’année 2014 a été plus compliquée: en quatorze matches, les Tessinois n’ont gagné qu’à cinq reprises. Loin d’être en pleine bourre, ils ont néanmoins réussi leur saison, grâce à une bonne solidité défensive (cinquième défense de la ligue). Les matches entre Fribourg et Ambri ont d’ailleurs été serrés (victoire 3-2 aux penaltys et 2-0 au Tessin; défaite 4-3, puis succès 3-0 à domicile).

Le style tessinois
Faut-il voir dans la série Fribourg-Ambri un remake du quart de finale 2013 contre Bienne? Ambri passe en effet pour laisser l’initiative à son adversaire. «Cette équipe joue un hockey davantage porté vers l’attaque, estime Hans Kossmann. Le jeu devrait donc être plus ouvert. Avec deux excellents gardiens (n.d.l.r.: Zurkichen et Schäfer qui se sont partagé les matches), Ambri n’est pas une équipe qui se regroupe à cinq entre sa ligne rouge et sa ligne bleue.
On verra deux équipes dotées d’un bon jeu de transition, deux équipes qui ont des attaquants capables de scorer, sans forcément faire dans la folie offensive. En play-off, il faut être patient. On ne gagne pas un match en un tiers-temps. C’est un processus qui demande beaucoup d’énergie.»
René Matte, l’entraîneur-assistant, a notamment pour mission de disséquer le jeu des adversaires. Son analyse du jeu léventin? «Ambri est solide en défense. C’est une équipe rapide en contre-attaque. Il faudra limiter les erreurs en entrée de zone.
Il faudra aussi avoir à l’œil leur quatuor d’étranger (n.d.l.r.: en particulier sur son meilleur compteur Giroux, auteur de 20 buts et 18 assists en 46 matches).»

Les atouts fribourgeois
Inconstant certes, Gottéron a quand même confirmé qu’il appartenait aux meilleurs clubs du pays, après son statut de vice-champion de Suisse 2013. «Je sens l’équipe prête, lance Hans Kossmann. Elle a de l’expérience et l’année dernière, nous étions proches du but.»
La grande force de Gottéron cette saison, c’est la profondeur de son contingent. Et la concurrence devra jouer à plein, autant au niveau des joueurs suisses qu’auprès des étrangers. L’équipe entame en effet ces séries finales avec six mercenaires (pour quatre places sur la glace): du jamais vu ces dernières saisons. En rejoignant l’équipe lors de la trêve olympique, Jurcina et Hagman pourront mettre sous pression Kwiatkowski, Mauldin, Pouliot et Miettinen. Surtout, avec Hagman (plus de 700 matches de NHL, double médaillé olympique), Gottéron a engagé un nouveau moteur. «C’est un pitbull, complimente Hans Kossmann. Il nous amène son énergie et son expérience, il est fort devant la cage et dans les bandes.»
Pour commencer, l’entraîneur a choisi de miser sur trois attaquants (Hagman, Mauldin, Pouliot) et un défenseur (Kwiatkowski). «Parce que c’est dans cette configuration qu’on a joué presque toute la saison.» Côté suisse, Abplanalp et Hasani (blessés) manqueront l’acte I.

Le chiffre qui fait peur
147. C’est le nombre impressionnant de buts encaissés par Fribourg lors de cette saison régulière. Nevième moins bonne défense, Gottéron présente l’arrière-garde la plus perméable de tous les qualifiés pour les play-off. En comparaison, l’équipe n’avait encaissé  que 123 goals la saison dernière et seulement 120 lors de l’exercice 2011-2012. Moins serein que la saison dernière, le gardien Conz n’est de loin pas le seul responsable.
De son côté, René Matte estime que le «territoire» fribourgeois doit être mieux gardé. «La défense, c’est l’implication de cinq joueurs sur la glace. Nous devons être encore meilleurs dans le back-checking (n.d.l.r.: le repli défensif dans le but de récupérer le puck, par exemple en levant la canne de l’adversaire ou en écartant l’attaquant du puck par une charge). On est capables d’être solide défensivement, mais en play-off, il va falloir trouver de la constance. Les matches ne se gagnent plus 6-5 ou 7-6.»

 

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«Ça va être une belle série»


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Quel sera la clé de cette série face à Ambri?
La patience et le réalisme offensif, comme dans toute série de play-off. Ambri n’est pas une équipe facile à manœuvrer. Mais ça va être une belle série. On sait que les équipes de haut de classement se font de plus en plus surprendre par les 7e ou 8e de la saison régulière. Ambri et ses joueurs ont leur fierté. Ils n’ont qu’une envie, c’est de sortir Fribourg. Il sera important de bien commencer à domicile et d’une manière générale de s’imposer à Fribourg.

En 2014, Gottéron a été très irrégulier. Ce n’est pas très rassurant avant les play-off où il s’agit d’enchaîner les victoires…
Il aurait été bien de terminer sur dix victoires d’affilée, mais personne ne l’a fait, à part Genève-Servette qui a terminé assez fort (n.d.l.r.: six victoires consécutives). Mais la dynamique est excellente. Nous avons eu le temps de nous préparer. La pause olympique a fait du bien. Les compteurs ont été remis à zéro. Nous avons eu une semaine de congé avant une semaine de travail très intense. Le camp effectué à Leysin avec deux matches amicaux a été bénéfique pour tout le groupe. En plus, on peut compter sur l’apport de nouveaux joueurs. Hagman, par exemple, amène beaucoup de vie dans le vestiaire. Et sur la glace, il a la débauche d’énergie et le patinage d’un gars de 18 ans avec la vision du jeu d’un routinier.


Pourquoi faut-il croire en ce Gottéron 2014?
Parce que l’attaque est notre point fort. Nous avons beaucoup de joueurs d’expérience, mais aussi des joueurs qui patinent vite dans les deux sens de la patinoire. Et, en plus, nous avons une très grande profondeur dans notre contingent. Par ailleurs, on peut s’appuyer sur un excellent gardien qui a toujours fait de bons play-off avec Fribourg.

Comment jugez-vous vos performances (4 buts et 18 assists en 34 matches)?
Je vis une saison très difficile. J’ai eu de la peine à me remettre d’une commotion cet automne. Ensuite, j’ai souffert d’une déchirure abdominale en début d’année. Dans ces conditions, c’est difficile de retrouver une stabilité et de la confiance. Mais je suis d’attaque et j’espère faire beaucoup mieux. TG

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