Loi sur le travail

Commentaire, édito

Florence Luy

Florence Luy

10 septembre 2013 à 10:33

Crainte non fondée
Pour.
Bienheureux pays qui peut convoquer son corps électoral pour un objet qui concerne – directement – si peu de monde. Il s’agit en effet simplement d’autoriser la vente des marchandises de détail entre 1 h et 5 h dans vingt-deux stations-service qui sont de toute manière déjà ouvertes à ces heures. En soi, cette modification de la Loi sur le travail a donc des effets très limités. Car cette fois, on ne vote pas sur l’ouverture des magasins. Mais alors pourquoi ce ramdam? Parce que les opposants estiment qu’en disant oui le 22 septembre, les citoyens suisses ouvriront un boulevard à l’exploitation des commerces de détail 24 h sur 24 et au travail du dimanche. Une faille qui ne pourrait alors plus être refermée. Cette crainte n’est pas fondée. Il existe dans ce pays un nombre impressionnant d’outils pour combattre une libéralisation outrancière du commerce de détail. Plusieurs partis et associations sont déjà prêts à dégainer. Et puis, on a constaté qu’en cas de vote les Suisses, en particulier les Fribourgeois, sont très attachés à la défense des travailleurs. Donc oui à une harmonisation des produits que l’on peut vendre entre 1 h et 5 h du matin. Jérôme Gachet

Pas un progrès
Contre.
La révision de la Loi sur le travail, sur laquelle le peuple se prononcera le 22 septembre, prévoit d’introduire la journée de travail de vingt-quatre heures pour les shops des stations-service. Certes, le scrutin ne vise ni une libéralisation des heures d'ouverture, ni une modification de la situation des travailleurs. Mais le risque existe bel et bien. Oui, le risque qu’une brèche s’ouvre, car tous les autres détaillants devraient logiquement demander, au nom de l’égalité de traitement, à pouvoir se battre à armes égales avec les exploitants de stations-service. La dérégulation des heures d’ouverture des magasins fait ainsi silencieusement son chemin… Il y a déjà longtemps que les Etats-Unis et le Canada ont pris conscience que le travail de nuit entraînait des risques pour la santé. En serait-il différent en Suisse? D’autant plus que, dans le secteur du commerce de détail, les conditions de travail sont déjà très souvent précaires. Souhaitons-nous que celles-ci soient encore plus contraignantes, avec des horaires irréguliers et prolongés? Cette révision de la loi ne représente assurément pas un progrès social. Et cette seule considération devrait peser plus lourd dans la balance qu’une saucisse à rôtir. Florence Luy